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Il y a deux degrés d'orgueil : l'un où l'on s'approuve soi-même ; l'autre où l'on ne peut s'accepter. Celui-ci est probablement le plus raffiné.
Henri-Frédéric Amiel
La logique de l'erreur est plus parfaite que celle de la vérité : aussi les mauvaises doctrines sont-elles toujours plus fécondes que les bonnes.
Le monde est à la volonté bien plus qu'à la sagesse.
On se lasse d'être quarante ans dans sa propre compagnie ; on finit par se subir comme un ennui et se traîner comme un boulet.
La vie, c'est apprendre à surmonter les marées qui menacent de nous engloutir, surnager toujours.
On reconnaît l'amitié à ses effets, gardons-nous des fausses caresses, et discernons les faux amis.
L'an vieux est mort, vive l'an neuf. Puisse cette nouvelle année amener plus de bien que de mal pour le monde ; et m'aider à remplir mieux mes devoirs.
Ce n'est pas ce qu'il a, ni même ce qu'il fait, qui exprime directement la valeur d'un homme : c'est ce qu'il est.
Le désir de communiquer par l'âme est encore une exigence du coeur.
La plus légère économie de mauvaise humeur a son prix.
Le charme : ce qui dans les autres nous rend plus contents de nous-mêmes.
Gardez-vous de vos prétendus amis qui n'encouragent ni ne soutiennent.
Je suis, quand j'écris, dans la situation d'un enfantement interminable, d'un travail puerpéral qui se contrarierait obstinément lui-même, et ne garderait que la souffrance de l'accouchement sans s'accorder la délivrance finale.
Le grand ressort de la vie est dans le coeur. La joie est l'air vital de notre âme. La tristesse est un asthme compliqué d'atonie.
La foi est trop souvent le contraire de la bonne foi, et l'homme de foi ressemble alors, à s'y méprendre, à l'homme sans foi.
Qu'est-ce qu'un esprit cultivé ? C'est celui qui peut regarder d'un grand nombre de points de vue.
Les gens superficiels sont bien heureux : le liège ne se noie pas.
Faire aisément ce que d'autres trouvent difficile à réaliser, c'est le talent ; faire ce qui est impossible au talent, c'est le génie.
On devient charlatan sans le savoir, et comédien sans le vouloir.
L'admiration doit être réservée pour la grandeur sublime, non pour l'opiniâtreté maniaque.
On comprend les femmes comme la langue des oiseaux, d'intuition ou pas du tout. La peine, l'étude, l'effort ne servent de rien ici : c'est un don et une grâce. Pour comprendre ces énigmes vivantes, il faut les aimer.
La force la plus haute est celle d'équilibre.
La famille de bon exemple est celle où l'on s'entraide et s'entr'aime, où jeunes et vieux cheminent dans la bonne voie en se donnant la main. C'est un milieu salutaire où l'on s'épanouit doucement.
Aie en ton âme une place pour l'hôte que tu n'attends pas et un autel pour le dieu inconnu.
Donner du bonheur et faire du bien, voilà notre loi, notre ancre de salut, notre raison d'être, notre phare. Toutes les religions peuvent s'écrouler ; tant que celle-là subsiste, nous avons encore un idéal et il vaut la peine de vivre.
Le propre de l'amour, c'est la suppression de toutes les barrières, distances, distinctions, catégories introduites par l'usage, le langage et la convenance dans la conception de l'individu.
En littérature, qui dit imitation dit abdication. L'imitateur est un quidam qui rappelle quelqu'un, voilà tout. C'est la fiction d'un être et non un être ; la grammaire dirait : un pronom, et pas un nom.
Au fond, il n'y a qu'un objet d'études : les formes et les métamorphoses de l'esprit. Tous les autres objets reviennent à celui-là ; toutes les autres études ramènent à cette étude.
Du point de vue du bonheur, la question de la vie est insoluble, car ce sont nos plus hautes aspirations qui nous empêchent d'être heureux.
Les femmes aussi ne sont sensibles qu'à la communication orale, qu'à la poésie ou à la vérité devenues vivantes et transmises par une personnalité sympathique.
Un ami vaut vingt parents et une amie vaut trois amis.
Respecter dans chaque homme l'homme, sinon celui qu'il est, au moins celui qu'il pourrait être, qu'il devrait être.
Etre bon est plus humain qu'être juste. La suprême bonté doit embrasser non seulement la faiblesse de l'esprit ou du coeur, mais leur résistance ; patienter avec la sottise comme avec le vice, avec l'amour-propre comme avec le péché.
Le sommeil de la mémoire n'est pas sa mort ; les études oubliées sont des aptitudes rendormies.
Ainsi le coeur craint son bien, et il aime son mal. Il préfère l'amour qui fait souffrir, à l'indifférence qui laisse isolé.
Le coup d'oeil c'est la moitié la plus évidente du génie, si la patience, selon Buffon, est l'autre moitié.
D'ordinaire, la médiocrité règne : c'est son droit ; la supériorité se connaît et se suffit : c'est sa récompense.
Si nationalité, c'est contentement, Etat, c'est contrainte.
L'indifférence morale est la maladie des gens très cultivés.
Temporiser, c'est l'art de la défense ; saisir le moment, l'art de l'attaque.
Je vois donc toujours la même loi : la libération croissante de l'individu, l'ascension de l'être vers la vie, vers le bonheur, vers la justice, vers la sagesse.
Que vivre est difficile, ô mon coeur fatigué !
La femme seule peut devenir âme de notre âme comme elle est chair de notre chair.
La femme nue est belle une fois sur vingt, et trois ans sur soixante et dix. C'est-à-dire qu'il y a quatre cent soixante-dix à parier contre un qu'en photographiant une femme sans voile on fait une indécence, sans arriver à un effet esthétique.
Le doute sur l'amour finit par faire douter de tout.
Le monde est plein de faux amis, de fourbes et d'hypocrites au masque gracieux.
Il faut avoir foi en la vérité, et se faire un devoir de montrer cette foi par l'action. Il faut chercher le vrai et le répandre. Il faut aimer les hommes et les servir, sans espoir de justice et de gratitude.
L'honnête homme est celui qui ne se pique de rien.
Celui qui redoute trop d'être dupe ne pourra plus être magnanime.
Le véritable artiste est celui qui simplifie tout.