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Admettre que l'on puisse penser en dehors de tout ensemble paraît être le type même du jugement faux. Il n'est plus possible d'imaginer un individu isolé des ensembles humains que d'imaginer le néant.
Henri Laborit
L'ignorance ne vient pas seulement de la difficulté que certains hommes rencontrent à s'instruire. Elle vient aussi du fait que l'homme ne cherche le plus souvent à connaître que ce qui satisfait ses désirs.
Les dominants ont toujours utilisé l'imaginaire des dominés à leur profit.
Le tragique de la destinée humaine ne vient-il pas de ce que l'homme comprend qu'il en connaît assez pour savoir qu'il ne connaît rien de sa destinée, et qu'il n'en connaîtra jamais suffisamment pour savoir s'il y aura autre chose à connaître.
Pendant que l'on cherche à comprendre, le temps passe et la vie avec lui.
Une action humaine n'est jamais gratuite et quand on croit connaître les mécanismes fondamentaux des comportements humains, on peut toujours déceler un égoïsme biologique et trivial dans toute action en apparence désintéressée.
Il est plus facile de professer en paroles un humanisme de bon aloi, que de rendre service à son voisin de palier.
Nous agissons toujours sous la pression de la nécessité, mais celle-ci sait bien se cacher. Elle se cache dans l'ombre de notre ignorance. Notre ignorance de l'inconscient qui nous guide, celle de nos pulsions et de notre apprentissage social.
J'espérais que ce que je sais, ou crois savoir de l'homme me permettrait de mieux le situer dans cet univers tout nouveau et qui nous laisse pantelants d'admiration. - ... - Pendant que l'on cherche à comprendre, le temps passe et la vie avec lui.
Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l'oeuf fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n'a pas d'autre raison d'être, que d'être.
Confronté à une épreuve, l'homme ne dispose que de trois choix : 1) combattre ; 2) ne rien faire ; 3) fuir.
On peut se demander si, lorsque le travail humain répond au désir, c'est-à-dire à l'interrogation existentielle par la mise en jeu de l'imaginaire, il peut encore conserver son nom ?
On ne peut être heureux si l'on ne désire rien.
Si les civilisations anciennes ont donné aux vieillards une part si importante dans la cité, c'est que, jusqu'à une époque récente, l'environnement changeait avec lenteur. L'expérience plus longue qu'ils en avaient était plus significative.
Je sais bien que certains prétendent que le stalinisme a été prévu. Mais, alors, pourquoi n'a-t-il pas été évité ? Le danger de l'histoire, c'est de faire croire après coup à une causalité linéaire qui n'existe jamais.
Dire que Dieu n'existe pas, c'est déjà de la prétention, c'est prétendre connaître son absence.
L'Homme est un être de désir. Le travail ne peut qu'assouvir des besoins. Rares sont les privilégiés qui réussissent à satisfaire les seconds en répondant au premier. Ceux-là ne travaillent jamais.
Il est bon de noter combien la charge affective des mots : bien-être, joie, plaisir est différente. Le bien-être est acceptable, la joie est noble, le plaisir est suspect.
C'est quand on l'a perdue que l'on comprend ce qu'est la liberté. C'est vrai. Mais il n'y a pas que des prisons avec des barreaux, il y en a de beaucoup plus subtiles dont il est difficile de s'échapper parce qu'on ne sait pas qu'on y est enfermé.
Le bonheur ou le malheur, à partir du moment où l'on possède de quoi se nourrir, se couvrir, se loger, on les porte en soi.
En ce qui concerne la douleur, je ne puis me convaincre qu'elle élève, et les hommes que j'ai vus souffrir m'ont toujours paru enfermés dans leur douleur et non point ouverts sur des vues cosmiques. Si la douleur élève, je voudrais savoir vers quoi.
Beaucoup d'entre nous mourront ainsi sans jamais être nés à leur humanité, ayant confiné leurs systèmes associatifs à l'innovation marchande, en couvrant de mots la nudité simpliste de leur inconscient dominateur.
Tous les autoportraits, tous les mémoires ne sont que des impostures conscientes ou, plus tristement encore, inconscientes.
Même en écarquillant les yeux, l'Homme ne voit rien. Il tâtonne en trébuchant sur le route obscure de la vie, dont il ne sait ni d'où elle vient, ni où elle va. Il est aussi angoissé qu'un enfant enfermé dans le noir.
Ce n'est pas le fait de tailler le silex qui fut le fait humain, mais bien d'imaginer qu'en taillant le silex, l'efficacité du poing humain serait plus grande.
Ce n'est pas l'Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l'évolution. C'est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance.
J'ai reçu plus de choses par le livre que par la poignée de main. Le livre m'a fait connaître le meilleur d'eux-mêmes, ce qui les prolonge à travers l'Histoire, la trace qu'ils laissent derrière eux.
On parle du droit à la vie, mais jamais du droit à la non-existence. Est-ce que vous avez décidé de naître ? Non, sans doute, mais ensuite, débrouillez-vous, même si vous naissez au Sahel en période de famine.
Mais en vertu de quel principe biologique fondamental, le plus grand nombre serait-il préservé de l'erreur ?
Tout homme qui, ne serait-ce que parfois le soir en s'endormant, a tenté de pénétrer l'obscurité de son inconscient, sait qu'il a vécu pour lui-même.
Dès la naissance l'individu se trouve pris dans un cadre socioculturel dont le but essentiel est de lui créer des automatismes d'actions et de pensée indispensables au maintien de la structure hiérarchique de la société à laquelle il appartient.
Il y a eu plus de crimes perpétrés au nom de l'Amour qu'au nom de la haine, qui a pourtant plus mauvaise presse.
Jusque-là je n'avais fait qu'exprimer tant bien que mal la soupe de jugements de valeurs que la socio-culture avait laborieusement mise en place dans mon système nerveux.
L'anticipation n'est possible que grâce à la mémorisation.
Les marchands n'ont pas été chassés du temple, ils sont en train de l'envahir complètement et d'installer leurs boutiques et leurs panneaux publicitaires au plus profond de nos neurones si nous n'y prenons garde.
Le racisme est une théorie biologiquement sans fondement au stade où est parvenue l'espèce humaine, mais dont on comprend la généralisation par la nécessité, à tous les niveaux d'organisation, de la défense des structures périmées.