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Quelques-uns prennent pour de l'amitié ce qui est de la charité.
Henry de Montherlant
Nous mourons, quand il n'y a plus personne pour qui nous voulions vivre.
Tant de choses ne valent pas d'être dites. Et tant de gens ne valent pas que les autres choses leur soient dites. Cela fait beaucoup de silence.
Une seule affection qu'on a, vous justifierait de vivre, si vivre avait besoin d'être justifié.
C'est de toi maintenant que je dépends, car un livre dont on fera de nombreuses copies a plus de chances que quoi que ce soit de survivre.
Quand vous hésitez entre plusieurs voies, prenez toujours la plus douloureuse.
Les hommes ne peuvent s'entendre que sur des préjugés.
Quand j'avais seize ans - seize ans, vous entendez, - j'avais une petite copine de quatorze ans. Je l'aimais comme on aime pour la première fois.
La voix du sang n'est puissante que chez la mère. Pour l'homme, ses seuls vrais fils sont spirituels. Il faut qu'il estime.
La plupart des hommes recèlent en eux-mêmes leur propre caricature. Et cette caricature ressort un jour, à l'improviste, sous le coup de l'événement.
Il n'est guère de souffrance dont vous ne puissiez émousser la pointe, en imaginant combien elle pourrait être pire.
Après vingt ans d'intimité, on peut se trouver moins unis que si on ne s'était vus qu'une fois. La présence quotidienne, la confiance, les soucis partagés ne créent rien ; mieux, il arrive qu'ils séparent. L'habitude sépare.
Ce qu'il y a de difficile dans la charité, c'est qu'il faut continuer.
Il y a moins de bêtise dans la braguette de l'homme que dans son cerveau et dans son coeur.
Turenne, dans ses lettres, quand il s'agit d'une victoire, dit : "Nous l'avons remportée" et, lorsqu'il s'agit d'une défaite : "J'ai été battu."
Il n'y a rien dans un homme de plus solide que ses passions, c'est-à-dire de plus propre à ce qu'on s'appuie dessus, et à ce qu'il s'y appuie lui-même. Otez-lui ses petitesses et laissez-lui ses vices.
La sensation qu'une machine s'est mise en marche, que dès maintenant, il n'est plus possible d'arrêter.
Nul n'a appris de moi le tir, qui n'ait fini par faire de moi sa cible.
On est vieux du jour où on a besoin de sympathie. C'est un signe aussi sûr que les artères.
Il faut des haines à la société en vue des bouleversements dont elle progresse, comme la terre a besoin d'être labourée pour être fertile.
Il y a une pente de catholiques à croire et à vouloir faire croire que les incroyants sont malheureux.
Si tu te résous toi-même, le problème du monde est résolu.
La Bêtise ne consiste pas à n'avoir pas d'idées ; cela, c'est la Bêtise douce et bienheureuse des animaux, des coquillages et des dieux. La Bêtise humaine consiste à avoir beaucoup d'idées, mais des idées bêtes.
L'homme prend et rejette ; la femme se donne, et on ne reprend pas, ou on reprend mal, ce qu'on a une fois donné.
Il n'y a pas le pouvoir. Il y a l'abus de pouvoir, rien d'autre.
Un homme qui ne se fait pas valoir décourage ceux qui lui veulent du bien.
Le monde d'aujourd'hui est gouverné par des imbéciles, mais ce sont des imbéciles à idées, c'est-à-dire des imbéciles sanglants, car les idées sont toujours sanglantes...
L'ermite croit qu'il a trouvé Dieu parce qu'il a trouvé la solitude.
Les causes vaincues sont un abîme qui aspire et engouffre les coeurs généreux.
Le repliement sur soi-même n'est bon qu'aux natures singulières et fortes, et encore, à condition d'être relatif et entrecoupé. Les autres le payent cher. On ne s'enferme pas dans sa chambre impunément. On ne vit pas sur soi seul impunément.
Rester seul, délibérément, dans une société où chaque jour davantage votre intérêt évident est de vous agréger, c'est cette forme d'héroïsme que je vous convie ici à saluer.
On s'attache à de certaines choses sous prétexte de dévotion, alors que la dévotion consiste en un dénuement de tout : Dieu ne nous emplit qu'autant que nous sommes vides.
Vous excellez à distiller à la fois le suc et l'acide, à lécher et à mordre en même temps, comme les fauves.
J'admire dans une vie l'arrangement, comme dans le ciel l'économie des astres.
De toutes les cours, comme aspirés, les enfants refluaient vers le collège...
La politique est l'art de se servir des gens.
Le bonheur écrit à l'encre blanche sur des pages blanches.
Quand on vieillit, les colères deviennent des tristesses.
On peut avoir de l'indulgence pour la médiocrité qu'on pressent chez un enfant. Non pour celle qui s'étale dans un homme.
Il n'y a pas besoin de courage quand on est porté par une passion.
L'art de détacher de soi un être est infiniment plus difficile que l'art de se faire aimer.
La souffrance est l'oraison de ceux qui ne pensent ni ne prient.
On s'adapte à tout, à l'inconfort, au froid, à la continence, au risque quotidien ; mais non à l'ignorance du sort de ce qu'on aime.
Tant de gens affligés du dérangement amoureux ont la manie de se croire objet d'admiration et d'envie pour l'univers entier.
Il n'y a qu'une chose qui compte en ce monde : l'affection qu'on a pour un être ; pas celle qu'il vous porte, celle qu'on a.
La vie devient une chose délicieuse, aussitôt qu'on décide de ne plus la prendre au sérieux.
Ils attendent de lui quelque chose, et cessent donc d'être révoltés. On ne se révolte que contre cela dont on n'attend rien.
Le mariage sans divorce, le mariage chrétien, est, pour l'homme une monstruosité. La contre-nature même. Le génie de l'homme est de se lasser par l'habitude : on veut qu'il reste fidèle à une femme qui, à chaque mois, perd un peu plus d'attrait.
L'entêtement n'est pas si éloigné de l'aboulie : les êtres de volonté faible sont aussi lents à s'arrêter qu'ils ont été lents à se mettre en branle.
La jeune femme qui était assise à côté d'elle ; adossée dans son fauteuil, elle écoutait.