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Il n'y a pas, a-t-il dit un jour, de vie noble et supérieure, si l'on ne sait pas qu'il existe des diables et des démons et si on ne les combat pas constamment.
Hermann Hesse
Chacun donne ce qu'il a. Le guerrier donne sa force, le marchand sa marchandise, le maître sa doctrine, le paysan son riz, le pêcheur ses poissons.
Rien n'est plus dangereux pour l'individu, rien ne détruit plus sûrement son moral que de s'occuper constamment de lui-même et de son état, de remâcher son insatisfaction, son abandon et sa faiblesse.
Les hommes vraiment grands de l'histoire universelle ou bien ont médité, ou bien ont trouvé sans s'en rendre compte la voie qui aboutit où nous mène la méditation.
Or, pour le bourgeois, rien n'est plus précieux que le moi (un moi dont le degré de développement est en réalité rudimentaire).
Il est des choses que chaque honnête homme accomplit quotidiennement et qui leur sont défendues, et, par contre, d'autres leur sont permises qui sont défendues à la plupart des hommes. Chacun doit répondre de soi-même.
Le repentir seul ne sert à rien, on ne peut acheter la grâce par le repentir, on ne peut pas l'acheter du tout.
... ils savaient une infinité de choses - mais que valait tout ce savoir, quand on ignore la seule chose qui importe le plus au monde ?
Chacun doit trouver son rêve. Alors son chemin devient facile. Mais il n'est point de rêve éternel. A chacun de nos rêves en succède un autre, et l'on ne doit s'attacher à aucun d'eux.
Est-ce que chaque génération n'existe pas au moyen de l'interdit, du silence, du sarcasme, envers cela précisément que la génération précédente a cru le plus important ?
L'être humain ne dispose pas d'une grande capacité de penser ; même le plus intellectuel et le plus cultivé des hommes voit le monde et sa propre personne à travers un prisme de formules très naïves, simplificatrices, qui travestissent la réalité.
Tous les hommes ont, semble-t-il, un besoin inné et impérieux de concevoir leur moi comme une unité.
Il est mauvais que l'humanité s'efforce de raisonner trop et cherche à ordonner au moyen de la logique des choses inaccessibles au raisonnement.
La vie est-elle une souffrance ou une joie ? Peu importe ; il se peut que ce ne soit point là l'essentiel...
Sans la parole, sans l'écrit et les livres, l'histoire n'existe pas, pas plus que la notion d'humanité.
Vous devez apprendre à vivre, voilà ce qu'on veut. Vous devez concevoir l'humour de la vie.
... il était des doutes dont il suffisait de connaître l'existence ou la possibilité, pour en souffrir.
Sur les chemins sans risques on n'envoie que les faibles.
Tu ne le contrains à rien, tu ne le bats pas, tu ne le commandes pas, parce que tu sais que la tendresse est plus forte que la dureté, que l'eau est plus forte que le rocher, que l'amour est plus fort que la violence.
Non, être aimé ne donne pas le bonheur. Mais aimer, ça c'est le bonheur !
L'art n'était rien d'autre que la contemplation du monde pénétré par la grâce, éclairé du dedans. Révéler la présence de Dieu derrière chaque objet, telle était la fonction de l'art.
... l'art s'était efforcé de tout temps de donner un moyen d'expression à ce besoin inexprimé de divin qui est en nous.
Il y a toujours des êtres qui exigent de la vie de grandes choses et ne peuvent se faire à sa stupidité et à sa brutalité.
... tout ce que l'on possède est illégitime. Nous sommes tous des pécheurs, des criminels, du seul fait que nous vivons.
La suprême douleur et la suprême volupté s'expriment tout à fait de la même manière.
Chacun de nous n'est rien de plus qu'humain, rien de plus qu'un essai, une étape.
Il n'est rien au monde qui vous donne plus de noblesse et plus de bonheur qu'un amour immuable, sans paroles, sans passion.
La vieillesse ne devient médiocre que quand elle prend des airs de jeunesse.
Je crois que la lutte contre la mort, la volonté d'exister irraisonnée et tenace est l'impulsion qui fait vivre et agir tous les hommes remarquables.
Rien ne coûte plus à l'homme que de suivre le chemin qui mène à lui-même.
Ce n'est pas dans les discours ni dans le penser que réside sa grandeur ; mais dans ses actes, dans sa vie.
Nous avions parlé de ce que les créations de poètes étaient généralement plus vivantes et plus réelles que leurs propres créateurs.
... en amour, chacun, même le plus chanceux, commence nécessairement par une défaite.
Le bonheur, ce n'est pas d'être aimé. Chaque être humain a de l'amour pour lui-même, et pourtant, ils sont des milliers à vivre une existence de damnée. Non, être aimé ne donne pas le bonheur. Mais aimer, ça c'est le bonheur !
Mais dans ton avidité de savoir prends bien garde à l'épais fourré des opinions et à la dispute sur des mots. Les opinions ici importent peu, elles peuvent être belles ou vilaines, prudentes ou folles, tout le monde peut les épouser ou les réprouver.
C'est le joyau à la fois le plus précieux et le plus inutile, le plus aimé et le plus fragile de notre trésor.
C'était beau et assez séduisant que d'exercer un pouvoir sur des hommes et de briller devant autrui, mais c'était aussi une tentation diabolique et dangereuse.
L'éphémère possède un charme merveilleux, un charme d'une brûlante tristesse.
Je ne voulais qu'essayer de vivre ce qui spontanément voulait surgir de moi. Pourquoi était-ce si difficile ?
Toi, Vénérable, tu es peut-être en effet un chercheur ; mais le but que tu as devant les yeux et que tu essaies d'atteindre t'empêche justement de voir ce qui est tout proche de toi.
Et voilà pourquoi je commence à croire qu'il n'est pas de plus grand ennemi du vrai savoir que de vouloir savoir à tout prix, d'apprendre.
La douleur, les déceptions et les idées noires n'ont pas pour but de nous aigrir, mais de nous mûrir et de nous purifier.
Il n'y a pas d'autre dieu que celui qui est en vous.
L'amour n'est pas fait pour nous rendre heureux. Je crois qu'il est fait pour nous révéler dans quelle mesure nous avons la force de souffrir et de supporter.
C'était cela que le rêve et le chef-d'oeuvre suprême avaient en commun : le mystère.
Je ne sais rien au sujet des esprits. Je vis dans mes rêves, et cela tu l'as senti. Les autres hommes vivent aussi dans des rêves, mais ils ne leur sont pas personnels c'est là la différence.
La vraie création isole et exige des sacrifices incompatibles avec une vie agréable.
La musique repose sur l'harmonie entre le Ciel et la Terre, sur la coïncidence du trouble et du clair.
La schizophrénie est le fondement de tout art, de toute création de l'imagination.
Est-ce que tout ce qui dans le monde pesait sur nous ou nous était hostile ne disparaissait pas et ne surmontait pas dès qu'on avait vaincu le temps ; dès que par la pensée on pouvait faire abstraction du temps ?