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L'homme est un bulbe formé de centaines de pellicules, une texture tissée de milliers de fils.
Hermann Hesse
Le contraire de toute vérité est aussi vrai que la vérité elle-même.
L'amour n'est pas là pour nous rendre heureux, mais pour nous montrer à quel point nous pouvons être durs au mal.
Pour l'homme, le monde des livres est le plus grand des mondes dont la nature ne lui a pas fait cadeau et qu'il a dû créer avec son propre génie.
Rien ne fut, rien ne sera ; tout est, tout a sa vie et appartient au présent.
Ton existence est un suicide.
Qu'est-ce donc que tu aurais voulu apprendre à l'aide des doctrines et des maîtres, qu'eux-mêmes, qui t'ont beaucoup appris, ne pouvaient cependant pas t'enseigner ?
Le travail le plus dur, ce n'est encore rien auprès de la mort. Mais on en vient à bout tout de même.
Les personnes gâtées par la fortune et le succès sont si faciles à tromper !
Etrange voyage dans la brume ! - O vie où nous sommes perdus. - Où nul jamais ne connaît l'autre, - Où tout est solitude.
Chaque homme n'est pas lui-même seulement. Il est aussi le point unique, particulier, toujours important, en lequel la vie de l'univers se condense d'une façon spéciale, qui ne se répète jamais.
La véritable lecture - celle qui participe pleinement de la culture, de l'élévation de l'esprit - ne peut-elle exister pour lui sans le respect de ce qu'on lit, la patiente volonté de comprendre, l'humilité de recevoir et d'écouter.
Seul me semblait encore précieux cet espoir : parvenir, par mon travail, ma contribution au souvenir de cette grande époque, à me purifier un peu moi-même et à me racheter, à renouer les liens avec l'Ordre et avec ce que j'avais vécu.
La sagesse qu'un sage cherche à communiquer à toujours un air de folie.
L'époque et le monde, l'argent et le pouvoir, appartiennent aux êtres médiocres et fades. Quant aux autres, aux êtres véritables, ils ne possèdent rien, si ce n'est la liberté de mourir. Il en fut ainsi de tout temps et il en sera ainsi pour toujours.
La seule chose qui importât était à présent de parcourir fidèlement et tout droit le chemin tracé, non de le comparer avec celui d'autrui.
Un homme du Moyen Age prendrait en horreur le ton de notre existence moderne, il le trouverait bien pire que cruel : exécrable et barbare.
Pour chacun de nous existent de multiples chemins, de multiples possibilités, celles de la naissance, de la transformation, du retour.
Chacun de nous tient ses souffrances pour les plus cruelles de toutes.
La vie n'obéit pas à une chaine de raisons claires et distinctes, comme c'est le cas pour la pensée.
L'amour ne doit pas prier, dit-elle, mais il ne doit pas exiger non plus. L'amour doit être assez puissant pour devenir une certitude. Alors, au lieu d'être attiré, il attire.
... un artiste qui fait oeuvre d'imagination évite les mathématiques pures et la logique non parce qu'il a décelé quelque chose en elles, ni parce qu'il trouve à redire, mais parce que d'instinct il est porté ailleurs.
Qu'est-ce que la beauté, qu'est-ce que l'harmonie pour celui qui est condamné à mort et qui court entre des murs qui s'écroulent, cherchant sa vie ?
Que tu deviennes professeur, savant, ou musicien, aie le respect du "sens", mais ne t'imagine pas qu'il s'enseigne.
L'éternité n'est qu'un instant, juste assez long pour faire une plaisanterie.
Vous avez à apprendre à rire. Pour atteindre l'humour supérieur, cessez d'abord de vous prendre trop au sérieux.
Seul l'humour (peut-être l'invention la plus spécifique et la plus géniale de l'humanité) accomplit l'impossible.
La plus douce des célébrités est celle qui ne recherche pas encore d'éclatants succès, qui ne peut encore susciter aucune envie ni isoler.
Il est peut-être difficile de se pendre, je n'en sais rien, moi ! Mais vivre est tellement plus difficile !
La tendresse est plus forte que la dureté, l'eau est plus forte que le rocher, l'amour est plus fort que la violence.
Tu ne sais rien de la sagesse tant que tu n'as pas fait l'épreuve des ténèbres, qui te retranchent d'un chacun, sans recours et sans bruit.
L'homme puissant périt par la puissance ; le cupide, par l'argent ; l'humble, par la servitude ; le jouisseur, par la volupté.
La puissance et l'argent, le temps et le monde appartiennent aux petits aux mesquins, et les autres, les êtres humains véritables, n'ont rien, rien que la mort.
La feuille de l'arbre résiste au vent mais finit par suivre la direction qu'il a choisie.
Lorsqu'on est libre, ce n'est pas difficile de choisir pour soi-même ce qu'il y a de meilleur dans la vie. Mais qui donc a le choix ?
La chance n'a rien à voir avec la raison ni avec la morale. Elle est d'essence magique, l'attribut d'un niveau précoce et juvénile de l'Humanité.
Lorsqu'un homme trouve une chose qui lui est nécessaire, ce n'est pas au hasard qu'il le doit, mais à lui-même. C'est son propre besoin, son propre désir qui la lui procure.
Le présent le plus cher à mon coeur est le trésor d'images que nous gardons en mémoire après une longue vie et vers lequel nous nous tournons avec un nouvel intérêt lorsque notre activité décroît.
Vous devez apprendre à rire ; voilà notre exigence. Vous devez saisir la part d'humour que recèle l'existence.
Tout humour un peu élevé commence par cesser de prendre au sérieux sa propre personne.
Le seul attribut réservé aux plus vieux est le pouvoir de manier avec plus de liberté, d'aisance, d'expérience et de bonté la faculté d'aimer.
La source de tout art et sans doute aussi de toute pensée est peut-être la crainte de la mort. Nous la craignons, nous frissonnons en présence de l'instabilité des choses, nous voyons avec tristesse les fleurs se faner, les feuilles tomber chaque année.
L'amour peut se mendier, s'acheter, se donner, se ramasser dans la rue, mais il ne se vole pas !
Le sérieux naît ... d'une surestimation du temps.
Chacun sait bien, dans un recoin de son âme, que le suicide représente une issue, mais que celle-ci n'est qu'une solution de fortune, un peu mesquine et illégitime. Au fond, ils est plus noble et beau d'être vaincu et abattu par la vie que par soi-même.
L'homme se distingue avant tout du reste de la nature par une couche glissante et gélatineuse de mensonge qui l'enveloppe et le protège.
Les choses se déforment facilement quand on regarde en arrière.
Mais il ne décide pas de se tuer car la foi qui lui reste lui dit qu'il doit boire jusqu'à la lie ce calice de douleur, que cette douleur cruelle ancrée dans son coeur sera seule la cause de sa mort.
La beauté et la suprême beauté sont périssables, elles aussi, dès qu'elles sont devenues histoire et phénomènes de cette terre.
J'ai été un chercheur, et le suis encore, mais je ne cherche plus dans les astres et dans les livres. Je commence à entendre ce qui bruit dans mon propre sang. Mon histoire n'est pas agréable à lire.