Images
Tu es pour moi trop peu toi-même.
Hermann Hesse
L'art suprême consistait en ceci : se laisser aller, consentir à sa propre chute.
Le centre de toute bonté et de toute joie est l'amour.
Govinda : ce qu'on appelle Délivrance et Vertu, même Sansara et Nirvana, ce ne sont que des mots. Il n'y a rien qui soit le Nirvana ; il n'y a que le mot "Nirvana".
Je crois qu'il n'est point d'homme sérieux, à moins qu'il n'ait complètement perdu la bonne voie, qui soit capable de s'ôter la vie, s'il a vu s'éteindre l'existence d'un être sain et bon.
Jamais on ne se sent aussi complètement ignoré de son prochain que lorsqu'il dort !
Les trop sages discours n'ont aucune sorte de valeur, aucune. En discourant ainsi, l'on ne parvient qu'à s'éloigner de soi-même. Or, s'éloigner de soi-même est un péché. L'on doit pouvoir se retirer en soi, comme une tortue dans sa carapace.
... les professeurs, en présence de certains talents éclatants, éprouvent de la répugnance et de l'horreur. Tout élève de ce genre fausse le sens entier et l'utilité de l'enseignement.
Il était assez âgé et assez perspicace pour savoir que les bonnes vieilles histoires ne sont jamais aussi belles et aussi amusantes que lorsqu'un novice croit les avoir vécues lui-même.
L'agréable sentiment d'avoir quelque chose à faire, un but à poursuivre.
L'escalier conduit, au premier étage, à un petit palier qui est incontestablement plus impeccable, plus net et plus astiqué que les autres. Cet endroit resplendit en effet d'une propreté surhumaine c'est un petit temple éclatant de l'ordre.
... cette heure crépusculaire où les formes s'effacent, où le contour des choses lutte contre les ténèbres qui le réduisent à néant.
La science, c'est l'art des distinctions. Ainsi, découvrir sur chaque homme les caractères qui le distinguent des autres, c'est apprendre à le connaître.
Il est bon d'avoir appris à ses dépends ce qu'on a besoin de savoir.
Ne pas vouloir mourir est la voie la plus sûre vers la mort éternelle, tandis que pouvoir mourir, dépouiller les voiles, abandonner éternellement le moi au changement mène à l'immortalité.
Les enchaînés voient s'ouvrir devant eux... un monde imaginaire mais souverain : l'humour.
Quand on est vieux, qu'on a accompli sa tâche, on a le droit de s'approcher de la mort en silence.
... la vie atteint sa plénitude à l'instant où les choses semblent avoir perdu leur signification.
C'est alors qu'un sentiment nouveau se fit jour en moi, un sentiment mauvais, un sentiment aigu : je me sentais supérieur à mon père.
L'homme de pouvoir est détruit par le pouvoir, l'homme d'argent par l'argent, l'homme servile par la servilité, l'homme de plaisir par le plaisir. Ainsi le Loup des steppes fut-il détruit par sa liberté.
Le ciel, comme le voit le prêtre, ça n'existe pas. Le ciel est bien plus beau, bien plus beau.
Vieillir dignement, avoir l'attitude ou la sagesse qui sied à chaque âge est un art difficile. Le plus souvent notre âme est en retard ou en avance sur notre corps.
Le charme de l'enfance avait complètement disparu chez moi. Je sentais que l'on ne pouvait m'aimer tel que j'étais, et me détestais moi-même.
Dans les écoles, on apprend des quantités de dates de batailles ridicules, des noms d'anciens rois tout aussi absurdes, on lit chaque jour des articles sur les impôts et sur la question des Balkans, mais, de l'homme, on ne sait rien !
Il n'y a qu'une seule Loi, qu'une seule voie pour se cultiver et s'élever par les Livres : le respect de ce qu'on lit, la patiente Volonté de comprendre, l'Humilité de recevoir et d'écouter.
Plus le comédien est grand, plus il sait réduire notre sottise à une formule comique terrifiante et inéluctable, et plus on est contraint de rire.
Rien, dit-il, ne permet plus facilement à deux êtres de devenir amis que de faire de la musique.
Les sens n'ont pas la moindre supériorité sur l'esprit, et l'inverse est également vrai. Ils forment un tout, ils se valent.
Pour atteindre une forme supérieure de l'humour, il faut commencer par ne plus prendre au sérieux sa propre personne.
La plupart des hommes ne veulent pas nager avant d'avoir appris à le faire.
Je connais bien le sentiment de tristesse qu'inspire la précarité de toute chose, je l'éprouve à chaque fois qu'une fleur se fane. Mais il s'agit là d'une tristesse sans désespoir.
Au fond, tout vrai lecteur est également bibliophile. Car qui sait accueillir un livre et l'aimer de tout son coeur souhaitera aussi le faire sien, le relire, le posséder et le savoir toujours à portée de main.
Il était une fois un homme qui se prénommait Harry et que l'on appelait le Loup des steppes. Il marchait sur deux jambes, portait des vêtements comme un être humain, mais en vérité c'était le loup des steppes.
... j'appris alors à quel point on peut souffrir à cause d'une femme, même lorsqu'on a renoncé à elle et qu'on n'a plus envie de la posséder.
Il y a des époques où toute une génération se trouve coincée entre deux temps, entre deux genres de vie, tant et si bien qu'elle en perd toute spontanéité, toute moralité, toute fraîcheur d'âme.
Si quelque chose de précieux et d'irremplaçable disparaît, nous avons l'impression de nous éveiller d'un rêve.
La vie, pensais-je, a forcément toujours raison au bout du compte ; si elle bafoue mes beaux rêves, c'est que ceux-ci étaient absurdes et injustifiés.
En vérité, tu ne sais rien de la sagesse - Tant que tu n'as pas fait l'expérience des ténèbres.
Obéir, c'est comme boire et manger : rien ne vaut ça quand on en manque depuis longtemps.
On doit être un logicien ou un grammairien rigoureux, et être en même temps plein de fantaisie et de musique.
Dans l'éternité, la postérité n'existe pas ; tout est contemporain.
Je ne pense pas qu'en musique, le fait d'avoir raison ait la moindre valeur. L'important dans ce domaine, c'est de faire de la musique ; aussi souvent et aussi intensement que possible. Voila ce qui compte.
Le rôle de la douleur, des déceptions et des idées noires n'est pas de nous aigrir, de nous faire perdre notre valeur et notre dignité, mais de nous mûrir et de nous purifier.
Hermine était semblable à la vie elle-même : elle n'était qu'instants, ne se montrait jamais prévisible.
Je ne suis pas injuste envers les hommes ; je m'efforce d'être équitable et patient avec eux, mais je ne les ai jamais aimés.
Car l'homme n'est point une création solide et durable mais plutôt un essai et une transition ; il n'est pas autre chose que la passerelle étroite et dangereuse entre la nature et l'esprit.