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Une église sur le fronton de laquelle était écrit : "Ah qu'il est bon le bon Dieu !" Ce n'était pas de l'humour, d'autant qu'à tout prendre, un "Ah qu'elle est vierge la Vierge Marie !" eut été plus amusant.
Hervé Le Tellier
Le succès à cinquante ans, c'est la moutarde qui arrive au dessert.
Je pense que je perds le fil de ma lecture lorsque le texte cesse d'être une musique que j'écoute pour devenir un bruit de fond.
Réveillé ce matin avec en tête une taraudante question : se pourrait-il qu'autrefois j'ai été amnésique et que je ne m'en souvienne plus ?
À quoi sert de savoir ? Il faut toujours préférer l'obscurité à la science. L'ignorance est bonne camarade, et la vérité ne fabrique jamais du bonheur. Autant être simulés et heureux.
On vient de décoder entièrement le génome de la poule. Il suffit désormais de décoder celui de l'oeuf pour savoir qui est arrivé en premier.
Le clonage, j'ai toujours été pour. Il faudrait commencer par cloner Cambronne. Je suis persuadé que sa réplique serait formidable.
On n'aime jamais personne mais seulement des qualités.
Puis-je vous rappeler cette phrase de Nietzsche ? "Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont."
Je pense que c'est en donnant le biberon à un bébé qu'on se rend compte à quel point on a souvent envie de se gratter le nez.
Le vrai pessimiste sait qu'il est déjà trop tard pour l'être.
Même les paranoïaques ont des ennemis. C'est vrai, mais les paranoïaques schizophrènes en ont deux fois plus.
Je pense que la barbe blanchit avant les cheveux parce qu'on parle plus qu'on ne pense.
La séduction a toujours été un savoir-faire commun, la rupture un art majeur.
Le portable au volant, y a du pour et du contre. D'accord, on peut renverser un gamin, mais d'un autre côté, on peut tout de suite téléphoner aux parents.
Je pense que le problème des aventures sans lendemain, c'est ce qu'il y a souvent tout de même un lendemain matin.
Je ne connais pas de problème qui résiste à une absence de solution.
Je pense qu'une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais sauté d'un pont à l'élastique, c'est que j'ai peur de pisser de trouille, et d'être à l'envers à ce moment-là.
Personne ne vit assez longtemps pour savoir à quel point personne ne s'intéresse à personne.
Tu t'emplis de ce silence où nous sommes encore ensemble, en prévision d'un plus long à venir, où nous ne le serons plus.
La vérité, avec l'amour, c'est que le coeur sait tout de suite et il crie. Bien sûr, on ne va pas déclarer à la personne qu'on l'aime, comme ça, de but en blanc. Elle ne comprendrait pas. Alors, histoire de se cacher qu'on est déjà son otage, on lui fait la conversation.
Je pense que ces gens qui décortiquent leurs crevettes et les entassent sur un coin d'assiette pour se décider à les manger quand tout le monde a fini les siennes méritent qu'on leur en vole.
Au cours d'une vie, on marcherait 3800 km derrière un caddy (d'où, sans doute, le nom de supermarché). Ca en fait du chemin dans l'autre sens si on a oublié le beurre.
Il se conforte dans l'idée désespérante qu'en additionnant les obscurités individuelles, on obtient rarement une lumière collective.
Il paraît qu'une vache ne sait pas redescendre un escalier. Le plus bête des deux n'est-il pas l'abruti qui lui a fait monter.
Je pense que je suis incapable de résister à une femme à qui je plais, et je m'en moque d'être un type facile.
Axiome de l'économie : quand deux économistes ont des avis contraires, aucun d'eux n'a forcément tort.
Je pense que lorsque j'attends une femme que je désire, je suis attentif au moindre bruit dans le couloir, j'entends mon coeur battre stupidement.
Toute son ambivalence est là. "Fais-le pas" ou "Fais le pas". De l'importance du tiret et de l'inconscient.
Je pense qu'avec un peu d'imagination, on a du mal à rester fidèle, mais qu'avec énormément d'imagination, ce doit être possible.
Je pense qu'un mensonge se trahit souvent au fait qu'on le raconte chaque fois avec les mêmes mots.
Je pense qu'il existe deux jalousies, celle qui pousse à se tuer par amour-propre, et celle qui pousse à tuer par amour-propre.
Je pense que puisque désormais une personne sur deux que je croise est plus jeune que moi, c'est que je dois être parvenu à la moitié de ma vie.
Je pense que la vie est comme une bouteille de champagne, une fois ouverte, impossible de remettre le bouchon.
Je pense que pour être certain d'être lu et relu, je devrais écrire mes romans sur les paquets de corn-flakes.
Peut-on redéfinir le mot torture afin de pouvoir la pratiquer ? Bien sûr, et c'est même digne d'une démocratie, à condition de redéfinir aussi le mot démocratie
Le troisième verre de vin est toujours de trop. Passez directement du deuxième au quatrième.
Je pense qu'un jour, je vais tomber dans le domaine public et que ça ne me fera même pas mal.
Les êtres qui vont prendre place dans notre vie sont toujours, à la veille de leur rencontre, des inconnus, et l'écrire est moins une naïveté qu'un émerveillement.
Je pense qu'il s'est passé plusieurs années entre le moment où j'ai compris que j'allais mourir et celui où j'ai compris que j'allais d'abord vieillir.
Je pense qu'on n'aime que les êtres qui peuvent vous détruire, à moins qu'il n'y ait que les êtres que l'on aime qui puissent vous détruire.
L'amour, c'est ne pas pouvoir empêcher le cœur de piétiner l'intelligence.
Je pense que la majorité des gens est bien plus con que la moyenne.
Je pense que "se réveiller la nuit et habituer ses yeux à la pénombre" pourrait être une définition de la vie.
Je pense que l'éphémère, c'est con, mais ça ne dure jamais.
Je pense que l'amour donne du goût au sexe, comme le sel à la cuisine, mais qu'on a aussi le droit de manger sans sel.
La nostalgie est une scélérate. Elle laisse croire que la vie a du sens.
Les hommes gagnent plus, mais les femmes vivent plus longtemps. Un argument pour les patrons : non seulement l'argent ne fait pas le bonheur, mais il tue.
Il n'y a guère que les amibes qui se divisent pour se multiplier.
Je pense que si le parfum est le plus puissant évocateur de souvenirs, c'est que le nez est plus près du coeur que les yeux.