Images
Je l'avais déjà entendu dire, et je pouvais désormais en témoigner : en vérité, les murs étroits des prisons ne peuvent pas tracer de limite aux ailes de notre imagination.
Imre Kertész
Le mutisme est la vérité. Mais une vérité muette, et seuls ceux qui parlent auront raison.
Il y a deux chemins, poursuivit-il, l'un est court et droit, mais il ne mène nulle part, l'autre est long et tortueux et on ne sait pas où il mène, mais en attendant, on sait au moins qu'on marche.
Qu'est-ce que la vérité ? La réponse est si facile ! La vérité est ce qui nous consume.
La vie s'éloigne de plus en plus ; on la cherche avec une longue-vue.
Quand tu seras mort, tu apprécieras le silence.
Dieu est Auschwitz, mais aussi celui qui m'a fait sortir d'Auschwitz. Et qui m'a engagé, voire obligé à rendre compte de tout cela, parce qu'il voulait entendre et apprendre ce qu'il avait fait.
La question n'est pas de savoir si Dieu existe ou non. L'homme doit vivre comme s'Il existait.
J'écris sur Auschwitz ; si j'ai été déporté, ce n'était pas pour recevoir le prix Nobel, mais pour être tué ; tout ce qui m'arrive d'autre relève de l'anecdote. Que je n'aie pas eu le prix Nobel est aussi absurde que si je l'avais eu.
Quand Israël sera détruit, viendra le tour des autres juifs.
Plutôt la schizophrénie que les vérités arides d'une idéologie ascétique - et même : plutôt se tromper avec passion qu'avoir raison en tout, parce que seule la passion recèle la lutte, et seule la lutte recèle l'existence.
La vie est une erreur que même la mort ne répare pas. La vie, la mort : tout est erreur.
Une vie vécue dans le bonheur est une vie vécue dans le silence.
L'homme a toujours besoin de deux images simultanées : la réelle et l'imaginaire. Mais pourquoi ces guillemets ? Parce qu'aucune des deux n'est entièrement réelle ni imaginaire.
Un excès de réflexion rend malheureux ou mystique.
L'Europe commence à comprendre où l'a menée sa politique libérale de l'immigration. Elle s'est rendu compte que la chose nommée société multiculturelle n'existe pas.
Vivre est aussi une façon de se suicider : l'inconvénient, c'est que cela prend énormément de temps.
L'écriture de "L'Ultime auberge" était tout simplement inévitable si je ne voulais pas cesser d'écrire.
Je crois en l'écriture. En rien d'autre, seulement en l'écriture. L'homme vit comme un ver mais écrit comme un dieu.
La véritable captivité se compose en fait exclusivement de grisaille quotidienne.
L'homme n'est pas fait pour comprendre la vie, mais pour la vivre : par conséquent et dans cette mesure, l'homme est avant tout un être religieux.
Qu'est-ce que tu appelles l'ordre du monde ? - La magie quotidienne du mal.
Quand je pense à un nouveau roman, je pense toujours à Auschwitz.
Son esprit flamboie, mais ne réchauffe point. Voilà pourquoi ils se tournent vers des esprits qu'ils peuvent mettre dans les fourneaux sur lesquels ils préparent leurs repas quotidiens.
La vérité est chose fragile. Mais si mille jeunes gorges d'acier lubrifiées à la graisse de canon la claironnent à chaque coin de rue, même la vérité la plus indiscutable devient mensonge, violence, terreur et, tôt ou tard, prétexte à massacre.
Ce qui est réellement irrationnel et qui n'a vraiment pas d'explication, ce n'est pas le mal, au contraire, c'est le bien.
A vrai dire, je suis un irrécupérable conservateur. S'il y avait un dieu, je serais croyant.
Je me sens juif quand on persécute les juifs.
Quiconque a connu Auschwitz a dû réécrire sa biographie et est devenu différent de ce qu'il était avant d'y être allé.
On peut comprendre la Bible sans l'histoire, mais l'histoire sans la Bible, jamais.
La nature, cet éléphant décati et muet qui nous porte patiemment sur son dos.
Une chose est sûre : l'ordinateur est une façon de penser, et pas la plus noble qui soit. Ou si on préfère, c'est un langage, et pas le plus poétique qui soit.
Savez-vous ce qu'est la solitude dans un pays qui se célèbre tout le temps, qui se vautre dans l'ivresse incessante de l'autosatisfaction ? Eh bien, je vais vous le dire...
On ne peut être intelligent qu'à l'intérieur de ses propres limites.
Il ne fait pas bon être mort, mais avec le temps, on doit pouvoir s'y faire (comme à tout).
Ecrire la Vérité ou ma vérité ? Ma vérité. Et si ce n'est pas la Vérité ? Alors écrire l'erreur, mais la mienne.
On triomphe de toutes les horreurs de l'existence grâce à l'amnésie victorieuse et les capacités de sublimation.
Une phrase de Cioran dont je me porte garant avec mon existence : Un livre est un suicide différé.
Auschwitz ne constitue pas un cas d'exception, tel un corps étranger qui se trouverait à l'extérieur de l'Histoire normale du monde occidental, mais bien l'illustration de l'ultime vérité sur la dégradation de l'Homme dans la vie moderne.
Qui affronte un système doit croire en un autre système. Qui affronte Dieu n'a pas besoin de croire, seulement de vivre sous son regard : c'est amplement suffisant comme foi.
Je ne l'aurais jamais cru, mais la vieillesse arrive d'un coup. D'un jour à l'autre, presque d'une minute à l'autre. L'attitude physique change soudain, on ne peut rien y faire.
La lecture est comme une drogue qui confère un agréable flou aux cruels contours de la vie.
La rivière, la vie comme image du baluchon tenu à bout de bras au-dessus de l'eau, avant d'être submergé.
Dans les relations humaines, le tact est le maximum qu'on puisse atteindre. Vous me demanderez : et l'affection ? Oui, mais il faut la pratiquer avec tact.
L'écriture est un art plus dangereux qu'il n'y paraît.
Et je suis resté dépouillé, les mains vides. Je me suis retrouvé face à mon cauchemar immatériel et informe : le temps. Il tendait vers moi sa bouche bêtement béante, et je n'avais rien à lui fourrer dans le gosier.
La démocratie reste impuissante à se défendre, et insensible devant la menace qui la guette.
Si Auschwitz n'a servi à rien, Dieu a fait faillite ; et si nous faisons faillir Dieu, nous ne comprendrons jamais Auschwitz.
J'aime la belle vie qu'accompagnent de sombres pensées.
Les innombrables petites erreurs individuelles créent la grande erreur commune. Et cette erreur est notre seule vérité.