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Si je parle fort et que tout à coup je marque un silence... Je suscite immédiatement l'attention. J'ai compris cela il y a au moins trente ans : je peux parler de la même manière avec mon violon, et ainsi contrôler le public.
Isaac Stern
La musique, c'est ce qu'il y a entre les notes.
La musique, c'est comme une rivière à laquelle l'eau ne manque jamais. Elle continuera bien plus longtemps que les gens ne peuvent vivre.
Il n'y a pas d'interprétation définitive, absolue, d'une oeuvre. Il n'y a que les possibilités infinies de la beauté.
Quel que soit le langage musical du compositeur, il faut essayer de le comprendre, de parler avec ses phrases. Si vous ne trouvez pas un lien avec l'oeuvre, alors il ne faut pas la jouer !
C'est quand il y a des difficultés qu'il faut montrer sa solidarité. Parfois, la musique peut rendre la vie un peu plus supportable, ne serait-ce que quelques minutes.
La musique est ma vie. Apprendre, travailler, monter sur scène et jouer... J'ai toujours accepté cela comme la chose la plus naturelle du monde. Je n'ai même pas de souvenirs qui remonteraient à une époque sans musique
Quand suis-je devenu Isaac Stern ? Je ne le suis pas encore, je suis toujours en train de créer ! Une vie d'homme, c'est si court... Un clin d'oeil, et pff... c'est passé.
Un interprète doit connaître la vie du compositeur, ses oeuvres, son époque, son pays, ses pensées... Mozart n'était pas une gracieuse figure de porcelaine. C'était un être humain. Il faut donc lire les articles que l'on écrivait sur lui en son temps, les lettres à son père, avec qui il avait des rapports si difficiles...
Certains compositeurs contemporains, excellents par ailleurs, ont écrit le bruit de la musique. Mais ils n'ont pas atteint la magie.
Etre musicien, c'est être touché par une main qu'on ne voit pas.
Les notes doivent s'effacer. Il faut les jouer comme si on était en train d'écrire l'oeuvre à l'instant même, avec une voix naturelle. Et imposer cette compréhension dans chaque mouvement.
La musique touche à l'universel de l'être humain. Mozart, Beethoven, Bach, Brahms, Schubert ont été inspirés par quelque chose qui nous dépasse. Nous devons respecter ces rayons de soleil qui les ont touchés.
Mon nom a acquis de la notoriété. Mais moi, je ne me prends jamais pour Isaac Stern. Sauf face à un employé borné. Alors là, oui, j'ai toujours ce recours : me prendre pour Isaac Stern !
On ne découvrira jamais comment Beethoven a inventé cette petite gamme de six notes : bo-la-li du-du-du. Six petites notes qui montent puis descendent. Rien du tout. Pour lui, c'était normal. Pour nous, c'est de la magie. L'interprète peut tenter de retrouver cette magie, de l'exprimer, mais pas de l'expliquer.
Dans les concerts, il vient un moment où l'on oublie tout, on oublie où l'on est, ce que l'on est. On accède à un autre monde, une bulle ensoleillée, on s'éloigne de soi-même, on touche l'extase.
Être capable de se dépasser, c'est le plus précieux des cadeaux. Je suis vraiment triste pour ceux qui ne sont pas musiciens et qui ne peuvent pas y goûter. C'est cela, la musique : une forme de magie.
Vous entendez le silence ? C'est si rare d'entendre le silence...
La musique vient d'une source inaccessible, indéfinissable. Si cela était explicable, il n'y aurait pas de magie.