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Je suis de la génération qu'on émascule à la naissance, de la génération des enfants rois, enfants objets, enfants produits, enfants drogués, junkies infantiles qui arpentent chaque jour les rues de la ville.
Isabelle Sorente
Le vrai problème du mensonge n'est pas d'être immoral, c'est qu'il imprime dans la mémoire une trace moins forte que la vérité.
Je suis de la génération dont la peau a moins de valeur que l'habit.
Ma voiture, mon appartement, ma réussite, ma Ligne, ma sexualité. L'échec est inavouable.
Lorsqu'on cesse de boire à la source des rêves, le développement ne se fait qu'à moitié. En haut, quelque chose manque.
L'adulte est mort. La cruauté des cours de récré règne aujourd'hui dans les bureaux feutrés des multinationales.
Sans doute ai-je hérité moi aussi du complexe d'Isis, celle qui réunit les morceaux dispersés, l'obsession de relier entre eux des faits épars, de reconstituer des trajectoires, un roman n'est jamais loin du rêve de reconstituer un corps.
Remplir les journées, les soirées, occuper les jambes, les têtes, les mains, les ventres, les yeux ! Surtout ne pas se poser de questions. Rien qui puisse arrêter le va-et-vient général : consommer / produire, consommer / produire !
Folie : Kidnapper un mannequin et la gaver de crèmes glacées et de beignets jusqu'à l'explosion finale !
On ne croit plus au Prince Charmant. On s'assume. On sait bien qu'on ne pourra pas tout trouver dans un seul homme.
Dieu pleure. Le vrai. A cause du faux. Qui dirige le monde.
Nous sommes tous pareils. Adultes vus de loin, terrifiés comme des gosses dès qu'on approche de près les choses importantes.
Le clonage véritable n'est pas dans les éprouvettes mais sur nos murs, dans nos magasins et sur nos journaux !
Il y a fort à parier que si l'acte sexuel dépendait de l'excitation et du plaisir de la femme comme il dépend de ceux de l'homme, l'espèce humaine aurait depuis longtemps disparu de la planète.
Les sentiments, c'est pour ceux qui n'admettent pas qu'il n'y a pas de raison !
La possibilité d'adorer est essentielle, c'est un besoin spirituel, encore faut-il le placer au bon endroit. Vénérer son partenaire conduit Lucie à ce qu'on appelle le masochisme. Mais d'autres se mettent à vénérer leur patron, c'est le cas de Jonathan dans le roman. Cette force-là, ce besoin d'adoration qui nous pousse à créer, peut aussi nous dévorer.
S'il est vrai que la même chose revient, encore et encore, sous des noms différents, la fraternité des êtres dissemblables ne peut apparaître que sous la forme de confusion, de discordances et de distances infranchissables.
Compter, toujours compter, les heures, les minutes, c'est ce qui nous perd.
Une femme doit apprendre à se forger le caractère, elle doit apprendre à ne compter sur personne.
On ne mesure jamais assez à quel point on a peu d'importance aux yeux des autres.
Qui a le pouvoir de changer le cours des chemins invisibles ? On ne peut que suivre celui qui cherchent nos pas.
Au galop ! Jouir, vivre ! Nous sommes mortels !
Tant de qualités qui me font défaut.
Les hommes cachent mal qu'une femme leur plaît, qu'ils la dévorent des yeux ou fassent semblant de l'ignorer.
Il n'y a que les causes perdues qui méritent qu'on les défende, que les questions sans réponse qu'il est nécessaire de poser.
Comme on a tort de croire que l'intelligence ou les facultés d'analyse peuvent nous mettre à l'abri !
Qu'importe une génération sacrifiée s'il reste l'espoir des suivantes !
Heureusement qu'ils ne fonctionnent pas, les régimes ; sinon, depuis le temps qu'on en fait, il y a longtemps que nous aurions atteint le but ultime : le poids zéro !
A trente ans, nous avons l'apparence des adultes, l'apparence de la sagesse, mais l'apparence seulement. Et si peur de mal faire !
Je l'écoutais, muette, enivrée, flattée qu'elle me fasse partager ses réflexions intimes, qu'elle me traite comme une égale, comme une adulte. Ce piège dans lequel tombent les enfants d'aimer qu'on les vieillisse. D'aimer qu'on vole leur âge.
Je n'invente pas, je me souviens. C'est mon pacte. C'est mon sacrifice. Cela n'a rien à voir avec le fait que des évènements aient eu lieu ou non. Ce qui compte, c'est ce que j'ai vu dans ces heures silencieuses.
Baudelaire disait que les personnages des Liaisons Dangereuses étaient brûlants comme la glace. C'est cela que j'ai souhaité rendre. Comment on peut être carbonisé par des sentiments glacés. Pour moi, c'est cela la perversion narcissique.
Telle est notre malédiction, d'aspirer sans cesse à l'absolu, de le perdre sans cesse et d'y survivre toujours.
Le féminin est un entraînement radical à la liberté.
La jalousie, c'est quand tu veux ce que l'autre a, l'envie, c'est quand tu voudrais que l'autre n'ait jamais existé.
L'amour est un chien. Un chien dont on ne sait jamais ce qu'il a dans le tête. Tu peux le caresser. Il répond à tes caresses. Et puis, un jour, il te mord, tu ne sais pas pourquoi.
Les liens invisibles laissent les marques les plus profondes.
Ce qui m'intéresse, c'est la trame. On la lance comme un filet et on voit ce que l'on remonte comme poissons. Quel plaisir j'ai ressenti à écrire ce livre ! Si c'est pour raconter une chose qui n'existe pas, cela ne m'intéresse pas. Ce que je cherche dans la fiction, ce sont les archétypes, ce sont nos fictions secrètes.
Ce serait si bon d'être esclave ! Ne pas avoir à se prendre en charge... Oublier la brûlure de la liberté...