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L'enseignant, fier de ses manuels, défend jalousement ce qu'il considère comme son équipement professionnel indispensable, tandis que l'étudiant se prend à haïr même le laboratoire qu'il définit bientôt comme un lieu de travail scolaire.
Ivan Illich
Toutes les professions détiennent le pouvoir de chasser les personnes non autorisées de leur domaine et il en va de même des institutions et des nations.
Prisonnier de l'idéologie scolaire, l'être humain renonce à la responsabilité de sa propre croissance et, par cette abdication, l'école le conduit à une sorte de suicide intellectuel.
Les administrateurs de l'enseignement ont le plus souvent comme principale attribution de surveiller les enseignés et les enseignants pour satisfaire d'autres administrateurs, d'autres conseils, d'autres responsables divers.
Espérer, c'est attendre d'une personne qu'elle nous fasse un don. Avoir des espérances, au contraire, nous fait attendre notre satisfaction d'un processus prévisible qui produira ce que nous avons le droit de demander.
Tout homme doit savoir s'il veut la richesse matérielle et posséder encore plus de choses, ou s'il entend être libre de les utiliser. Il y a là deux manières de concevoir et son emploi du temps et ses barèmes de production.
Pour un bon joueur d'échecs, le plaisir n'est-il pas de trouver un partenaire de sa force, et pour un novice de rencontrer un autre débutant ?
La disparition de l'école pourrait conduire au triomphe du pédagogue, à qui l'on donnerait mandat d'agir en dehors de l'école sur la société tout entière.
Il faut protéger le citoyen contre l'impossibilité éventuelle de trouver du travail par suite du jugement de l'école à son égard, et par là on pourrait le libérer de l'emprise psychologique de cette dernière.
Conviviale est la société où l'homme contrôle l'outil.
Ce que l'on a appris vous est souvent venu comme par aventure, et ce que l'on a voulu consciemment apprendre n'a que peu de rapport avec un programme d'enseignement.
Nous sommes tous prisonniers du système scolaire, si bien qu'une croyance superstitieuse nous aveugle, nous persuade que le savoir n'a de valeur que s'il nous est imposé, puis nous l'imposerons à d'autres - production et reproduction du savoir.
Le but qu'il faut poursuivre, qui est réalisable, c'est d'assurer à tous des possibilités éducatives égales. Confondre cet objectif et la scolarité obligatoire, c'est confondre le salut et l'Eglise.
Déscolariser la structure sociale et culturelle exige l'utilisation de la technologie pour rendre possible une politique de participation.
L'état d'esprit d'un certain nombre d'éducateurs ressemble fort à celui des évêques après le dernier concile. Les programmes des écoles nouvelles ou libérées évoquent les liturgies des messes folk ou rock.
Les diplômes représentent un obstacle à la liberté de l'éducation, faisant du droit de partager ses connaissances un privilège réservé aux employés des écoles.
Tous les établissements d'enseignement prétendent "former des hommes" à une tâche d'amélioration du futur, mais ne leur permettent pas de l'accomplir avant qu'ils n'aient acquis une solide tolérance face aux manières de vivre des aînés.
Tout mouvement de libération de l'homme ne saurait plus passer maintenant que par une déscolarisation.
A l'instar de l'idée voulant que l'État garantisse la recherche du bonheur, la quête moderne de la santé est le fruit d'un individualisme possessif.
C'est en étiquetant toutes choses, en faisant d'elles des outils éducatifs, que l'école leur fait perdre leur vertu vivante.
Dans le monde entier, l'école nuit à l'éducation parce qu'on la considère comme seule capable de s'en charger.
Déscolariser la société veut dire, avant tout, refuser le statut professionnel à ce métier (l'enseignement) qui, par ordre d'ancienneté, vient juste après le plus vieux métier du monde.
... ceux qui sont capables de faire la démonstration d'un savoir particulier seraient beaucoup plus nombreux si nous faisions confiance à des êtres qui ne soient pas nécessairement des enseignants de métier.
Qui dit pédagogie entend connaissance des aptitudes à apprendre, des méthodes à suivre et des sources d'information.
... l'instruction ne peut être qu'une activité personnelle.
Lorsque l'on veut vraiment apprendre, à moins que l'on ne souffre d'un handicap particulier, la seule aide nécessaire est finalement de voir démontrer ce que l'on voudrait acquérir.
(Les écoles) imposent à leurs élèves de vivre dans un domaine artificiel, où les objets sont retirés du milieu quotidien dans lequel ils ont leur sens véritable.
L'armée fournit un exemple évident de l'absurdité des institutions modernes. Comment pourrait-elle défendre la liberté, la civilisation, la vie, sinon en les annihilant ?
Si les écoles cessaient d'être obligatoires, quels élèves resterait-il au professeur qui fonde tout son enseignement sur l'autorité qu'il exerce ?
De même que les affaires sont les affaires, l'entassement sans fin de l'argent, de même la guerre est tuerie, accumulation sans fin de cadavres.
Un véritable système éducatif n'impose rien à celui qui instruit, mais lui permet d'avoir accès à ce dont il a besoin.
L'homme est maintenant le jouet des savants, des ingénieurs et des planificateurs.
... un exercice par lequel certains esprits se délient devient une camisole de force pour d'autres.
L'école est l'agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu'elle est.
L'enseignement obligatoire semble miner la volonté personnelle d'apprendre.
Que celui qui est parvenu à la maîtrise de son art renonce à se poser en modèle unique, en détenteur des sources du savoir, et l'on croira plus volontiers à sa sagesse.
Nous devons d'abord bâtir une société, où l'acte personnel retrouve une valeur plus grande que la fabrication des choses et la manipulation des êtres.
Quand apprenons-nous généralement ? Quand nous faisons ce qui nous intéresse.
Ne nous laissez point succomber au diagnostic, mais délivrez-nous des maux de la santé.
L'école est une institution fondée sur l'axiome que l'éducation est le résultat d'un enseignement.