Images
L'affection n'est pas l'amour, mais ces sentiments entretiennent une relation de cousinage.
J. M. Coetzee
Être père... Je ne peux m'empêcher d'avoir le sentiment qu'en comparaison de ce que c'est que d'être mère, être père est quelque chose de plutôt abstrait.
Peut-être est-ce une bonne chose de connaître une chute de temps en temps. Tant qu'on n'en ressort pas brisé.
Nous avons des enfants pour nous apprendre à aimer et à servir. Par le truchement de nos enfants nous devenons les serviteurs du temps. Regardez au fond de votre coeur.
Au rugby, il faut des têtes qui pensent vite, pas des têtes dures.
Les gens qui doutent d'eux-mêmes n'ont qu'un vide au centre d'eux-mêmes.
Nous écrivons parce que nous ne savons pas ce que nous voulons dire.
Il est surpris de voir qu'il lui suffit d'une heure et demie par semaine en compagnie d'une femme pour être heureux, lui qui croyait qu'il lui fallait une épouse, un foyer, le mariage. Ses besoins s'avèrent assez modestes, tout compte fait, modestes et éphémères, comme les besoins d'un papillon.
À la maison, c'est un despote irascible ; à l'école il est doux comme un agneau, à son pupitre à l'avant-dernier rang, le rang le plus obscur pour surtout ne pas se faire remarquer, et il se raidit de peur quand commence la séance du fouet. En vivant cette double vie, il s'est créé un fardeau d'imposture.
C'est la honte qui fait de nous des êtres humains, la honte de notre impureté. Adam et Eve : le mythe fondateur. Avant cela nous n'étions tous ensemble que des animaux.
Il y a deux écoles de pensée sur la façon d'élever les enfants, Eugenio. L'une prescrit de les modeler comme de l'argile pour en faire des citoyens vertueux ; l'autre dit que nous ne sommes enfants qu'une seule fois, et qu'une enfance heureuse est la base d'une vie ultérieure heureuse.
Ce que nous appelons la beauté est simplement un pressentiment de la terreur, lui dit Rilke. Nous nous prosternons devant la beauté pour la remercier de dédaigner de nous détruire. Le détruiraient-elles s'il s'aventurait trop près, ces belles créatures venues d'autres mondes, ces anges, ou le trouveraient-elles trop insignifiant pour ça ?
On s'endurcit avec l'habitude : ce doit être vrai dans la plupart des cas, mais cela ne semble pas être vrai pour lui. Il ne semble pas avoir ce don, un cœur dur. n s'endurcit avec l'habitude : ce doit être vrai dans la plupart des cas, mais cela ne semble pas être vrai pour lui. Il ne semble pas avoir ce don, un coeur dur.
Il continue à enseigner parce que cela lui donne de quoi vivre ; et aussi parce que c'est une leçon d'humilité, cela lui fait comprendre la place qui est la sienne dans le monde. C'est celui qui enseigne qui apprend la plus âpre des leçons, alors que ceux qui sont là pour apprendre quelque chose n'apprennent rien du tout.
Notre histoire est telle que tout à coup, des gens ordinaires sont confrontés à des décisions majeures d'une manière à laquelle les gens ordinaires ne sont en général pas confrontés.
Toutes les fermes ont leur importance. Les fermes sont des lieux de liberté, de vie.
Il tue le temps, il s'efforce de tuer le dimanche pour que le lundi vienne plus vite, et avec le lundi le soulagement du travail. Mais vu de plus loin, le travail est aussi une manière de tuer le temps.
La femme est celle qui attend d'être réveillée par le baiser du prince ; la femme est le bourgeon qui s'ouvre sous la caresse des rayons du soleil. S'il n'a pas la volonté d'agir, il ne se passera rien, en amour ou en art.
Quel oiseau a le coeur à chanter, dans un buisson d'épines ?
Il y a deux, peut-être trois endroits au monde où la vie peut être vécue à plein : Londres, Paris, peut-être Vienne. Paris vient en premier : ville de l'amour, ville de l'art. Mais pour vivre à Paris, il faut avoir fait ses études dans un de ces établissements huppés où on enseigne le français.
Une conviction, une intuition, une illusion - quelle est la différence quand on peut mettre cela en question ? T'est-il jamais venu à l'esprit que si nous suivions tous nos intuitions le monde tomberait dans le chaos ?
Il y a une autre façon, plus brutale, de dire la même chose. En fait il y a mille autres façons : il pourrait passer le reste de sa vie à en faire la liste. Mais la façon la plus brutale est de dire qu'il a peur : peur d'écrire, peur des femmes.
C'est un monde auquel il peut échapper – il n'est pas trop tard. L'autre solution est de s'accommoder, comme il voit les jeunes hommes autour de lui le faire, l'un après l'autre : se résigner au mariage, à une maison et une voiture, se résigner à ce que la vie a à offrir, d'un point de vue réaliste, et se consacrer à corps perdu au travail.
Nous vivons une époque de puritanisme. La vie privée des uns est l'affaire de tous.
La beauté, c'est l'innocence ; l'innocence, c'est l'ignorance ; l'ignorance n'est que l'ignorance du plaisir ; et le plaisir est coupable.
Les choses ne sont pas faites pour durer éternellement, dit-il. Chaque chose a une fin naturelle. Cette tasse a eu une bonne vie ; il est temps pour elle de se retirer et de faire place à une tasse neuve.
Je vous demande de vous en souvenir : ce n'est pas parce qu'un homme porte la marque du naufrage qu'au fond de son coeur il est un naufragé.
Partout où il y a des bateaux il y a des rats. Dans tous les entrepôts il y a des rats. Là où prospère notre espèce, les rats prospèrent aussi. Les rats sont des créatures intelligentes. On pourrait dire qu'ils sont nos ombres.
Quand on arrive à un certain âge, toutes les liaisons sont sérieuses. Comme les crises cardiaques.
Cependant il n'a pas oublié ce que chante le chœur à la fin d'Œdipe : Ne dis jamais qu'un homme est heureux avant sa mort.
Après un certain âge, on n'a tout simplement plus de charme, il faut s'y faire. Il ne reste qu'à serrer les dents et vivre ce qu'il reste à vivre. Faire son temps.
Le cricket n'est pas un jeu. C'est la vie dans toute sa vérité. Si, comme le disent les livres, le cricket met le caractère à l'épreuve, alors c'est une épreuve qu'il ne voit pas le moyen de réussir, et à laquelle pourtant il ne sait comment se soustraire.
Les enfants vivent dans le présent, pas dans le passé. Pourquoi ne pas prendre exemple sur eux ? Au lieu d'attendre d'être transfiguré, pourquoi ne pas essayer d'être de nouveau un enfant ?
Quand quelque chose va de travers, on prétend sur-le-champ que ce n'est pas notre faute. C'est toujours ce qu'on dit depuis que le monde est monde. On dirait que c'est enraciné au plus profond de nous, que ça fait partie de notre nature. Nous ne sommes jamais prêts à admettre que c'est notre faute.
Quand les hommes souffrent injustement, ce sont les témoins de leur souffrance qui doivent fatalement en porter la honte.
C'est une affaire de tempérament. Il est trop vieux, il ne va pas changer : le tempérament à son âge est bien établi, solidement figé. D'abord le crâne, ensuite le tempérament : les deux parties du corps les plus dures.
Est-ce que c'est cela l'amour, cette générosité sans contrainte, ce sentiment d'être enfin compris, de ne pas avoir à faire semblant ?
L'histoire n'est rien d'autre qu'un dessin que nous voyons dans ce qui s'est passé. Elle n'a pas le pouvoir d'atteindre le présent.
Ce n'est pas la parole qui fait de l'homme un homme, mais la parole des autres.
Si ce garçon était le seul d'entre nous avec des yeux pour voir ? Si les fous étaient en réalité sains d'esprit et si les sains d'esprit étaient en fait des fous ?
Les serpents se marient pour la vie entière ; si on tue le mâle, la femelle vient chercher vengeance.