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Mañana, un mot charmant et qui probablement est synonyme de paradis.
Jack Kerouac
Vous épinglez un dragon à votre chapeau, nous disait-il, et vous êtes au grenier avec les araignées qui vous courent au plafond.
Rien derrière et tout devant, comme toujours sur la route.
J'étais à mi-chemin de la traversée de l'Amérique, sur la ligne de partage entre l'Est de ma jeunesse et l'Ouest de mon avenir.
Il m'est impossible, puisqu'il est impossible que tout le monde soit artiste, de recommander à tout un chacun ma façon de vivre comme une philosophie convenant à n'importe qui. En un sens, je suis un farfelu comme Rembrandt.
Je ressens un coup de poignard en plein coeur, comme chaque fois que la femme de ma vie prend la direction opposée à la mienne, dans ce monde trop vaste.
Les enfants s'aiment comme des amants, nous ignorons leurs petits drames dans le courant de notre vie d'adulte.
Triste compréhension, voilà ce que signifie compassion.
Les seuls gens qui m'intéressent sont les fous furieux, les furieux de la vie, les furieux du verbe, qui veulent tout à la fois.
Ça me donnait l'impression que tout allait arriver - ces moments où l'on comprend que tout a été décidé pour toujours.
Dean était heureux de nouveau. Tout ce qu'il lui fallait, c'était une roue dans les mains et quatre sur la route.
Après tout, un homme sans foyer a bien le droit de pleurer : le monde entier semble dressé contre lui.
Quelque part, là-bas, très loin, New York la démente, la ténébreuse, vomissait son nuage de fumées et sa vapeur brune. L'Est, c'est le pôle du brun et du sacré, me disais-je, tandis que la Californie est blanche et sans âme, tel le linge sur la corde.
Au fond, qu'est-ce qui est arrivé après ? - voilà la seule raison d'être de la vie ou d'une histoire.
La route, c'est la vie.
Une fois de plus, nos valises cabossées s'empilaient sur le trottoir ; on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie.
Je ne suis pas beatnik, je suis catholique.
Puis vient le jour des révélations de l'Apocalypse, où l'on comprend qu'on est maudit, et misérable, et aveugle, et nu et alors, fantôme funeste et dolent, il ne reste qu'à traverser les cauchemar de cette vie en claquant des dents.
Qu'est-ce que ça peut faire après tout ? L'anonymat dans le monde des hommes vaut mieux que la renommée dans le ciel, car le ciel, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que la Terre ? Question d'idée.
C'était trois enfants de la nuit de la terre qui voulaient affirmer leur liberté et les siècles passés, de tout leur poids, les écrasaient dans les ténèbres.
Lorsqu'ils découvrirent que j'avais assez d'argent sur moi pour prendre une chambre d'hôtel, ils voulurent savoir pourquoi je dormais dans le désert. Impossible d'expliquer ça à des policiers, ou alors il faut faire une conférence.
J'ai compris que quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie.
Qu'est-ce qu'on éprouve quand on s'éloigne des gens, et qu'on voit leur silhouette diminuer dans la plaine, jusqu'à n'être plus qu'un point qui finit par se dissoudre ? Le monde est trop grand, il nous engloutit sous sa voûte et adios.
Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d'être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller.