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Nommer est le plus manifeste et le plus futile des pouvoirs, celui qui fascine le plus, qui attise le plus de convoitises, qui occupe le plus les conversations et mobilise le plus les esprits de tous ceux qui sont associés aux affaires publiques.
Jacques Attali
Il n'y a pas dans l'utopie de place pour les "grands hommes", hormis pour les scientifiques, seuls autorisés à faire du neuf.
J'ai jamais eu le sentiment d'être arrivé à une impasse ou d'avoir fait une énorme erreur d'analyse. Je n'ai jamais été marxiste ou communiste.
Egoïsme de prétendre vivre pour les autres : nul n'a besoin que l'on vive pour lui.
La présence des autres est créatrice de violence. Car les autres sont au moins deux : l'un devient rival, l'autre l'objet de la rivalité.
Si le marché l'emporte sur la démocratie, il orientera la science dans des directions qui menaceront l'humanité.
La haine vient de la ressemblance.
Demain, qui gouvernera le monde ? Personne, sans doute. Et c'est là le pire. Aucun pays n'aura plus les moyens de maîtriser les richesses et les problèmes de la planète. Et personne ne voudra d'un gouvernement mondial.
Le droit de se faire plaisir, la liberté de consommer finiront par menacer de mort les sociétés les plus prometteuses.
Ceux qui sont confinés dans de bonnes conditions doivent avant tout remercier, admirer et aider autant qu'ils peuvent ceux qui travaillent, exposés, pour le bien de tous ; et pour qui la date du déconfinement n'a pas de sens puisqu'ils n'auront pas eu le privilège de l'avoir été.
Le marché pénalise les minorités pauvres, alors que la démocratie pénalise les minorités riches.
Seul l'avenir donne un sens au passé.
Pour avoir droit à une étincelle d'éternité, il faut avoir aimé.
Comme au temps des plus anciens, nommer c'est reconnaître, c'est faire exister, c'est rendre éternel.
Les vedettes ont toujours l'âge idéalisé de leur public.
Ce qu'on nomme l'Histoire n'est qu'un roman inlassablement réécrit.
Les médias servent d'amplificateurs de menaces.
La création est le seul substitut raisonnable à la violence.
Le nomade ne se met pas en marche s'il n'a pas une Terre promise à laquelle rêver.
Il ne faut jamais laisser vivre trop longtemps un organigramme.
On revient toujours à l'idée du temps, donc de la mort, donc, c'est ça le grand fil conducteur, c'est la gestion du temps.
Le jeu d'échecs prendra une importance accrue du fait qu'il combine plusieurs caractéristiques essentielles de la civilisation future.
Le monde ne sera jamais qu'un mélange contradictoire de Bien et de Mal, et il ne ressemblera jamais à quelque société idéale que ce soit.
Aujourd'hui encore l'Amérique se pense elle-même comme un lieu où les Européens peuvent se réfugier et trouver la liberté.
Pour promettre l'Eternité, les religions restreignent les Libertés.
Tout ce qui est encore beau à trente ans est triste à cinquante et grotesque à soixante.
On ne peut rien trouver que l'on ait en soi.
Je trouve insensé qu'on parle maintenant du déconfinement. Si on suit le modèle chinois, on sera déconfiné fin mai. Commencer à parler du déconfinement aux Français maintenant est une plaisanterie du 1er avril. C'est comme ça que les gens vont commencer à sortir et ne plus prendre cette épidémie de coronavirus au sérieux.
Y-a-t-il encore place aujourd'hui pour des utopies après tant et tant de crimes perpétrés en leur nom ?
Le désordre est l'état naturel du monde, la forme organisée y est l'exception.
La théologie ne peut pas admettre la théocratie, parce que la théologie, c'est un rapport direct de l'homme à Dieu. Ca n'a rien à voir avec le gouvernement.
Nous sommes aujourd'hui à la préhistoire d'une nouvelle utopie, à l'orée de la voie humaine. Reste à s'y engager, dans la violence de l'instant, la modestie du quotidien et la démesure de l'idéal.
On ne désire jamais que ce qu'un autre désire.
Faut-il se contenter du monde comme il est et de l'Histoire comme elle vient ?
L'amour n'apaise pas le désir, comme l'eau salée n'apaise pas la soif.
Personne n'imagine encore qu'on puisse jamais cloner la conscience de soi, seul élément de la personne qui restera mortel.
L'Histoire moderne a montré que l'utopie est mère de toutes les dictatures.
La lucidité n'est rien d'autre qu'une ivresse de puissants.
Si l'on trouve du plaisir au bonheur d'autrui, c'est avant tout parce que l'autre est nécessaire à son propre bonheur.
Les biens essentiels sont l'ensemble des biens nécessaires à chaque personne pour pouvoir choisir librement son temps, pour avoir accès au "bon temps".
Les théologiens enseignent non pas comment réfléchir, mais seulement le résultat de leurs propres réflexions.
Si j'ai une voiture, j'ai intérêt à ce que personne n'en ait, pour éviter les embouteillages. Mais si j'ai un téléphone, et que personne d'autre n'en possède, alors ce téléphone ne me sert à rien.
Rien, heureusement, n'est moins prévisible que la démocratie.
On ne peut aimer mieux qu'à Paris, il n'est pas meilleur endroit au monde pour attendre un être aimé qu'une place parisienne en fin d'après-midi, sous la pluie.
Un jour, peut-être, la vie sera conquête de liberté et non plus réduction des contraintes.
La Fraternité consiste à trouver du plaisir au bonheur de tout ce qui a vécu, vit ou vivra. Un altruisme universel qui s'adresse à l'autre et à tous les autres.
L'utopie n'est que le nom donné aux réformes lorsqu'il faut attendre des révolutions pour les entreprendre.
La marchandisation gagnant tout, jusqu'à l'homme lui-même, le monde deviendra une foire parcourue de bandes rivales.
Quiconque a essayé un jour d'entrer dans Internet sait qu'il ne faudrait pas parler d'"autoroutes" de l'information mais plutôt de labyrinthes.
On a intérêt au bonheur des autres, on a intérêt à ce que les autres ne soient pas malades, on a intérêt au succès des autres parce que nous sommes une équipe collective.