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L'historicité, la perfectibilité infinie, le lien originaire à une promesse font de toute démocratie une chose à-venir.
Jacques Derrida
Derrière un roman ou un poème, derrière la richesse d'un sens à interpréter, il n'y a pas de sens secret à chercher. Le secret d'un personnage n'existe pas, il n'a aucune épaisseur en dehors du phénomène littéraire.
L'affirmation de la vie ne va pas sans la pensée de la mort, sans l'attention la plus vigilante, responsable, voire assiégée, obsédée de cette fin qui n'arrive pas à arriver.
Une limite ne se touche pas.
Le pardon requiert la mémoire absolument vive de l'ineffaçable, au-delà de tout travail du deuil, de réconciliation, de restauration, au-delà de toute écologie de la mémoire.
Le mouvement du désir ne peut être ce qu'il est que comme renoncement au désir.
Une trace ineffaçable n'est pas une trace.
L'imminence de la mort n'est pas seulement une obsession personnelle, c'est une manière de se rendre à la nécessité de ce qui se donne à penser, à savoir qu'il n'y a pas de présence sans trace et pas de trace sans disparition, donc sans mort.
Un pardon qui conduit à l'oubli, ou même au deuil, ce n'est pas, au sens strict, un pardon. Celui-ci exige la mémoire absolue, intacte, active - et du mal et du coupable.
Contrairement à ce qu'on croit savoir, nous ne sommes jamais entrés dans une ère séculière. L'idée même du séculier est de part en part religieuse, chrétienne en vérité.
Jamais la violence, l'inégalité, l'exclusion, la famine, et donc l'oppression économique n'ont affecté autant d'êtres humains dans l'histoire de la terre et de l'humanité.
Celui qui demande pardon est déjà, dans une certaine mesure, un autre. Alors qui, à qui pardonne-t-on ? Et Quoi ?
Ce qui est pardonnable est d'avance pardonné. D'où l'aporie : on n'a jamais à pardonner que l'impardonnable.
Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l'écrire.
Autrui est secret parce qu'il est autre.
Être démocrate, ce serait agir en reconnaissant que nous ne vivons jamais dans une société assez démocratique.
Seules les victimes auraient éventuellement le droit de pardonner. Si elles sont mortes, ou disparues de quelque façon, il n'y a pas de pardon possible.
C'est pourquoi la chaîne phonique pure, dans la mesure où elle implique des différences, n'est pas elle-même une continuité ou une fluidité pures du temps. La différence est l'articulation de l'espace et du temps.
Le texte de l'autre doit être lu, interrogé sans merci mais donc respecté, et d'abord dans le corps de sa lettre. Il y a dans le respect de la lettre l'origine d'une sacralisation.
Le moi est donné, livré, offert et trahi à la fois. Et cette vérité est affaire d'amour et de police, de jouissance et de loi à la fois.
Possible ou impossible, le pardon nous tourne vers le passé. Il y a aussi de l'à-venir dans le pardon.
La déconstruction est avant tout la réaffirmation d'un "oui" originaire.