Images
La séduction représente la maîtrise de l'univers symbolique, alors que le pouvoir ne représente que la maîtrise de l'univers réel.
Jean Baudrillard
Bien sûr qu'il faut rêver de toutes les femmes. Il n'en est aucune qui ne serait blessée qu'un homme ne rêve de toutes à travers elle.
Les citoyens sont si souvent sondés qu'ils en ont perdu toute opinion.
Le plaisir de l'eau sur les lèvres est supérieur à celui de boire.
L'information peut tout nous dire. Elle a toutes les réponses. Mais ce sont des réponses à des questions que nous n'avons pas posées, et qui ne se posent sans doute même pas.
L'idée de la décadence de l'Occident fait partie de son langage culturel. L'Occident s'est toujours plu à imaginer sa propre mort.
Les statistiques sont une forme d'accomplissement de désir, tout comme les rêves.
Certaines femmes ne rêvent que de gagner un homme. D'autres, plus rares, ne rêvent que de les perdre.
La séduction plonge dans la discrimination comme dans la prédestination. Le jour et la nuit n'ont pas à être égaux, ni une race égale à l'autre : elles ont à se séduire.
La société de consommation a besoin de ses objets pour être et plus précisément elle a besoin de les détruire.
Si le destin est implacable, c'est qu'on a pas su lui plaire !
Que les choses soient celles qu'elles sont, fait qu'elles sont vraies.
Il faut vivre en intelligence avec le système, mais en révolte contre ses conséquences, il faut vivre avec l'idée que nous avons survécu au pire.
Les grandes épidémies meurtrières ont disparu. Elles ont toutes été remplacées par une seule : la prolifération des êtres humains eux-mêmes.
Rien ne sert de mourir, il faut savoir disparaître.
L'eau en poudre : il suffit de rajouter de l'eau pour obtenir de l'eau.
La publicité réalise ce prodige d'un budget considérable consumé à seule fin non pas d'ajouter, mais d'ôter à la valeur d'usage des objets, d'ôter à leur valeur/temps en les assujettissant à leur valeur/mode et au renouvellement accéléré.
Ce que nous donnent les communications de masses, ce n'est pas la réalité, c'est le vertige de la réalité. Ou encore, sans jeu de mots, une réalité sans vertige.
Dans la logique des signes comme dans celles des symboles, les objets ne sont plus du tout liés à une fonction ou à un besoin défini. Ils répondent soit à la logique sociale, soit à celle du désir auquel ils servent de champ mouvant.
La coïncidence de choses heureuses est heureuse. Mais la coïncidence de choses néfastes est heureuse elle aussi.
Il faut être à la fois totalement vital et totalement irréel.
Agiter le thème de l'exception culturelle française, c'est chercher à se réhabiliter comme on sauverait les meubles.
La misère du monde est tout aussi visible dans la ligne et le visage d'un mannequin que dans le corps squelettique d'un Africain. La même cruauté se lit partout si on sait la voir.
Il y a un pacte d'orgueil dans l'amour d'un couple, un pacte de gloire, au moins aussi fondamental que l'émotion sexuelle. Celle-ci s'épuise en silence dans les corps, le pacte, lui, ne peut être rompu que par la parole.
Chaque bibelot repose sur un napperon. Chaque fleur a son pot, chaque pot son cache-pot... non seulement posséder, mais souligner deux fois, trois fois ce qu'on possède, c'est la hantise du pavillonnaire et du petit possédant.
Les surprises de la pensée sont comme celles de l'amour : elles s'usent.
Le pouvoir n'existe plus que comme un simulacre.
Femme vêtue : obligation de voir, interdiction d'y toucher. Femme dévêtue : obligation de toucher, interdiction de regarder.
La cruauté vise l'homme capable d'être plus qu'il est, la pitié vise l'homme coupable d'être tel qu'il est.
La télévision ne connaît pas la nuit. Elle est le jour perpétuel.
Les masses sont l'inertie, la puissance du neutre.
Il faut une infinité de temps devant soi pour commencer à réfléchir, une énergie infinie pour prendre la plus petite décision.
Halloween n'a rien de drôle. Ce festival sarcastique reflète plutôt une soif de revanche des enfants sur le monde adulte.
Rien ne sert d'être vrai, il faut encore l'éclat de la vérité. Rien ne sert de mentir, il faut encore l'éclat du mensonge.
La vérité est ce dont il faut se débarrasser au plus vite et la refiler à quelqu'un d'autre. Comme la maladie, c'est la seule façon d'en guérir.
Jadis, il fallait craindre de mourir dans le déshonneur ou le péché. - Aujourd'hui, il faut craindre de mourir idiot. Or, il n'y a pas d'extrême-onction pour vous absoudre de l'idiotie.
Si vous tuez mille hommes, la mort de chacun a mille fois moins d'importance que s'il était mort seul.
Nous ne voulons plus d'un destin. Nous voulons une histoire.
Il faut se méfier des traîtrises du langage. La langue de bois dit en général le contraire de ce qu'elle pense. Elle dit ce qu'elle pense en secret, par une sorte d'humour involontaire. Et le sigle SOS en fait intégralement partie.
La télé : chaque image y est un évanouissement sans lendemain.
Conjurer la puissance féminine de fécondité, l'encercler, la circonscrire, éventuellement la simuler et se l'approprier, telle est l'entreprise de la couvade.
Le goût de l'ancien est caractéristique du désir de transcender la dimension de la réussite économique... L'ancien, c'est, entre autres choses, la réussite sociale qui se cherche comme légimité, une hérédité, une sanction noble.
Il en est des femmes comme des événements historiques : elles se produisent une première fois dans notre vie comme événement et elles ont droit à une existence seconde comme farce.
L'insomniaque rêve d'une défaillance de la conscience qui lui permettrait de dormir comme l'acrobate rêve d'une défaillance de la pesanteur qui lui permettrait de ne jamais retomber.
Ce qui passe de mode entre dans les moeurs. Ce qui disparaît des moeurs ressuscite dans la mode.
La tristesse de l'intelligence artificielle est qu'elle est sans artifice, donc sans intelligence.
La seule manière de résister au mondial, c'est la singularité.
La neige n'est plus un don du ciel. Elle tombe exactement aux endroits marqués par les stations d'hiver.
Il suffit de parler d'une femme à une autre femme pour éveiller en elle l'idée de la remplacer.
On ne parle de clonage qu'en termes biologiques. Or il a déjà été précédé par un clonage mental : le système de l'école permet de fabriquer des êtres qui deviennent une copie conforme les uns des autres.