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L'histoire nous modifie plus que nos années de nourrice.
Jean d'Ormesson
Pendant des millénaires, on n'était ni optimiste ni pessimiste parce que les choses ne changeaient pas. Demain était semblable à hier
De part et d'autre de votre présent si fragile, le passé et l'avenir sont des monstres assoiffés de temps.
Chacun est prisonnier de sa famille, de son milieu, de son métier, de son temps.
L'espace est la forme de la puissance des hommes, le temps la forme de leur impuissance.
Longtemps je me suis promené dans le monde, mains dans les poches, le nez en l'air. Et le monde est beau.
J'ai des doutes, oui bien sûr, j'ai des doutes. Si je n'avais pas de doutes, je n'écrirais pas. J'écris parce que j'ai des doutes.
Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.
Dans une éternité et un infini qui sont fermés à jamais aux êtres dans le temps, Dieu est le nom le plus commode pour le néant et pour le tout.
Je me suis toujours considéré comme un grand privilégié, par mes origines, par la vie. Je suis en bonne santé. Ce qui est une énorme chance parce qu'en littérature, comme dans la gendarmerie, on avance à l'ancienneté !
Nous venons tous de la même source. Nous sortons tous de la même matrice. Nous sommes tous des Africains modifiés par le temps.
C'est ça, la littérature. C'est de regarder la littérature du passé en se disant : Ce sont les marques du futur. Je vais marcher vers ça.
Au moment où l'homme découvre l'humilité de ses origines, l'orgueil l'envahit : la théorie de l'évolution a rendu Dieu superflu.
Mon plus grand échec est mon absence d'échecs.
Les cloches et les canons sont les deux grandes voix des hommes : elles luttent avec le tonnerre, cette grande voix de la nature.
Les hommes sont un peu comme Dieu : tout ce qu'ils peuvent faire, ils le font. Ou ils le feront.
Je crois que si je passe pour l'écrivain du bonheur, c'est parce que je pense qu'il faut être heureux en dépit de tout le reste.
La télévision est une machine à montrer ceux qui y passent et à cacher ceux qui n'y passent pas.
C'est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle.
Toute mort est un mystère parce que toute vie est un mystère.
L'air n'est pas, comme l'espace, comme la lumière, comme le feu, un instrument de l'infini, un outil du démiurge : c'est une poussière de rien du tout qui, à force de se glisser dans nos poumons, a su se rendre indispensable.
Je suis de ceux qui croient qu'un romancier, un écrivain n'a pas de biographie, il a une bibliographie.
La littérature, c'est une affaire entendue, est du chagrin dominé par la grammaire.
Je tombais avec enchantement sur la formule de Chateaubriand : On ne doit dispenser le mépris qu'avec économie à cause du grand nombre des nécessiteux.
La meilleure preuve que le travail n'enrichit pas c'est que les pauvres travaillent sans fin.
La vie est le plus banal des miracles. Elle est si évidente qu'elle échappe à toute définition. Elle est l'ensemble des forces qui résistent à la mort.
Les religions servent à ça : donner de l'espoir que tout ne sera pas fini après notre fin inévitable. Et imposer du même coup, par un système de punitions et de récompenses dans l'autre monde, une morale collective à l'humanité.
Le portable entre nos mains prend la place du chapelet. Facebook est une communion sans Dieu, mêlée de confession.
L'éternité, c'est ce qu'il y a de plus fragile, c'est du papier. Qu'est-ce qui reste de tout le passé ? Non pas les idées, parce qu'elles s'envolent, mais des mots écrits.
Une certaine légèreté demande plus d'efforts que la pesanteur, les leçons de morale, la gravité, l'ennui qui s'en dégage. Mais elle est liée aussi à une certaine grâce, au charme, au plaisir.
Connaître, c'est connaître par les causes. Comprendre, c'est remonter aux origines. Dans la forêt, dans la savane, sur la mer, dans les sables du désert, le commencement des commencements, le début de toutes choses est le mythe majeur des hommes.
La science est une tâche infinie. Le tout est un rébus, une devinette, une interrogation béante, une énigme. Pour avancer dans cette énigme aussi loin que possible, nous avons une seule ressource : notre pensée. Et un seul outil : la science.
Le mal naît avec la pensée. Il prospère avec l'argent.
Toute la littérature occidentale sort de l'Iliade et de l'Odyssée où sont déjà présents les thèmes de la guerre, des voyages, de l'amour, de l'amitié, des passions.
Cette vie foisonnante de l'histoire est si merveilleusement riche qu'elle réduit à néant les inventions sans génie d'une imagination essoufflée.
Qu'est-ce qu'ils nous apprennent, Aragon, et Yourcenar, et Borges, et Cioran, et les autres ? Que, selon la belle formule de Pessoa, la vie ne suffit pas et que la littérature est là pour nous élever un peu au-dessus de nous-mêmes.
Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu.
Voilà ce que je suis, un miracle. A des milliards et des milliards d'exemplaires.
Là où existe encore quelque chose, là règnent déjà le changement et la contradiction.
La naissance est le lieu de l'inégalité. L'égalité prend sa revanche avec l'approche de la mort.
L'ambiguïté du bien et du mal est cachée dans le rire comme elle est cachée dans les mots. Dans le silence et dans la parole, l'homme est capable de rire parce qu'il est capable de penser.
L'histoire est un secret, une surprise et une invention. La vérité est une idée neuve dans le monde.
L'empereur avait tenu à assister en personne à plusieurs des grandes disputations où philosophes et rhéteurs s'affrontaient sur un thème choisi d'avance.
Tout ce que nous pouvons faire et que nous ferons, sans nous lasser, est d'en savoir de plus en plus, et d'y comprendre de moins en moins. Tout s'explique. Tout reste obscur !
Je trouve que si Dieu n'existe pas, la vie est une farce tellement tragique qu'il faut espérer à tout prix qu'Il existe.
A Paris j'adore tout le quartier du canal Saint-Martin. Il a souvent été le théatre de films et de chansons renommés.
La science d'aujourd'hui détruit l'ignorance d'hier et elle fera figure d'ignorance au regard de la science de demain. Dans le coeur des hommes il y a un élan vers autre chose dont la clé secrète est ailleurs.
Nous ne sommes, dans le présent, que souvenir et projet.
Les hommes ont beaucoup changé depuis quelques millions d'années. Ils changeront encore bien davantage dans les millions d'années à venir. Ils ont mis le pied sur la Lune. On ne les arrêtera plus.
Personne ne sait jamais ce qu'on gagne avec une naissance. On n'y gagne que des espérances, des illusions et des rêves. Il faut attendre la mort pour savoir enfin ce qu'on perd.