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Et Hitler, la France, si vous voulez mon avis, il se la met quelque part.
Jean Dutourd
La femme est le roman de l'homme.
Le progrès matériel doit être lent, comme l'évolution des espèces. Sinon il produit des monstres.
Tout est preuve pour les croyants. Tout est preuve pour les athées.
Les hôtels sont des refuges où le touriste soigne chaque soir son insatisfaction. D'ailleurs l'hôtellerie maintenant compte en lits, comme les hôpitaux.
Les parents d'aujourd'hui veulent être aimés de leurs enfants. Cette erreur les entraîne à toutes sortes de faiblesses et de facilités.
Dans mon enfance, les vieilles barbes disaient : gouverner, c'est prévoir. Ce n'est pas l'avis des jeunes barbes actuelles dont la spécialité est de construire des maisons sur les sites à avalanches, sous prétexte que la vue est plus belle.
Dites, ces deux clients-là, ils ne sont pas de la Maison J't'arquepince, hein ?
"Il n'y a pas de fumée sans feu." Si, celle produite par les fumigènes de la presse, télévisée et autre.
La France est-elle une cause perdue ? Si elle l'est, l'esprit de contradiction qui marque le réveil de l'honneur, commande de s'y dévouer.
Le seul bon auteur (à part moi) est un auteur mort.
Puisque je n'ai pas les moyens de mourir jeune, il faut tenir.
Mon frère, en tant que bourgeois, n'en est même pas au niveau des bourgeois modernes dont je parlais l'autre jour. Il n'a pas découvert les antiquaires ; il n'a aucun goût, il est tout pur dans son bourgeoisisme.
Je vois autant de vieillards révoltés contre la vieillesse que de jeunes gens révoltés contre la société.
La trentaine, âge du gâtisme. C'est-à-dire l'arrivée des illusions, et de la plus grande illusion : l'expérience.
L'intelligence de la vie... Ce mélange si particulier de respect des convenances et de largeur d'esprit, cette faculté de comprendre avant de savoir.
La caractéristique des mauvais romanciers est qu'ils savent d'avance ce qu'ils vont raconter.
On dit des parents faibles que ce sont des parents coupables et qu'ils ont fait le malheur de leurs rejetons en n'ayant pas eu la fermeté de les protéger contre eux-mêmes.
Le destin déplorable des jeunes dans le vent est de finir dans la peau de vieillards enrhumés.
Il est venu un moment où tous les paquets sont tombés par terre. Badaboum !
Le véritable esclave est un homme qui n'a pas assez d'imagination pour inventer qu'il pourrait ne plus être esclave.
J'aime recevoir des lettres anonymes parce que je n'ai pas à répondre.
A dix ans, elle était maigre comme un chat ; à dix-sept, elle n'avait pas encore, comme on dit, déboulé.
La bonté, c'est la liberté. Etre bon, c'est être libre.
Démission des parents : action consistant à donner beaucoup d'argent de poche et peu de gifles.
Etant peintre, le plus développé, le plus expérimenté de mes cinq sens est la vue. Je suis un "visuel". Or, ce que j'écris est étrangement dépourvu de description et de couleur.
Combien de femmes a-t-on désirées, qu'on n'a pas eues et qui, huit jours après, vous ennuyaient autant que si on avait couché avec elles !
C'est une deux-chevaux qu'il a achetée il y a sept ou huit ans d'occasion et qui doit bien avoir parcouru, en kilométrage, cinq fois le tour de la terre. Cette malheureuse ferraille fourbue et frémissante parvient encore à rouler.
La tendresse constitue le trésor des ménages unis. Même charnelle, la tendresse est un sentiment, et qui ne s'accommode pas avec la lubricité.
Flaubert fut l'un des rares écrivains que Kafka lut et aima avec persévérance, et qui eut sur lui une influence constante. Bouvard et Pécuchet représentent un premier état de certains personnages kafkaïens.
En France, nous avons nos réserves d'imbéciles comme les réserves de Peaux-Rouges en Amérique : ce sont les intellectuels. On est sûr de ne jamais en manquer.
Votre nez dérougira tout seul en cinq minutes, et vos yeux dégonfleront en même temps.
Les petits cadeaux du destin entretiennent l'amitié avec soi-même.
Tout ce qui anesthésie les masses fait l'affaire des gouvernements.
J'imagine assez bien César disant comme Clemenceau à ses rédacteurs de l'Homme libre : Dans vos phrases n'utilisez qu'un sujet, un verbe et un complément direct. Quand vous aurez besoin d'un adjectif, venez me trouver.
Ce n'est pas de mourir, qui m'effraye, c'est de mourir du cancer après avoir été charcutée trois ou quatre fois. Si je dois y rester, pas d'opération, pas de bombe au cobalt. Rien.
Devise d'écrivain : Les écrits restent. Tant mieux !
C'est du beurre extra qui vient des Charentes. Il tartine, c'est une merveille.
Il marmonnait : Je vais bien te forcer à remonter, moi, tu vas voir, petite imbécile. Qu'est-ce que c'est que ce cirque, je vous demande un peu !
Quand on est jeune, on est mal dans sa peau, mais on n'a mal nulle part. Quand on est vieux, on est bien dans sa peau, mais on a mal partout.
Les gens qui se plaignent constamment vivent leurs malheurs deux fois. D'où leur humeur chagrine.
On n'est jamais si éloquent sur la paix que lorsqu'on vient de gagner une guerre.
Aux yeux d'un artiste le fond et la forme sont indissolubles.
Tel se croit dans une comédie de Marivaux quand il est déjà dans une tragédie de Racine.
Le style est la peau des idées.
Il était coiffé d'un petit cronstadt enfoncé légèrement de côté, ce qui était d'un effet très gai.
Je n'ai plus l'âge de Chérubin depuis un certain temps, mais je suis toujours comme lui : je ne puis entendre les mots femme ou fille sans émotion.
Je sens bien que je devrais prendre l'air catastrophé.
Vous vous noyez dans un verre d'eau. Il n'y a que dans les verres d'eau qu'on se noie. Quand on est dans l'océan on arrive toujours à en sortir. Même s'il y a de la tempête.
C'est le propre des imbéciles de se tirer d'une situation fâcheuse en tombant dans une catastrophique.