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On n'avait pas dû remplacer le téléphone depuis les Anglais, son cadran tournait avec une irritante lenteur de blatte gazée mais des sonneries se déclenchèrent, enfin, à l'autre bout du fil : on décrocha.
Jean Echenoz
Pas forcément besoin d'être grande pour intégrer la catégorie des grandes blondes, pas nécessairement. (...) Peut-être même, au fond, pas absolument besoin non plus d'être blonde, d'ailleurs.
Le jour déclinait dans un rose de nautile, de fraises à la crème et de glaïeuls.
Dès que l'art et l'argent sont en contact, nécessairement ça cogne sec.
Cela n'était pas tout de suite perceptible mais, son imperméable tombé, ce qu'elle portait se révéla plus exigu que la veille encore, si court et décolleté que ces adjectifs tendaient cette fois à se confondre, envisageaient de s'installer et vivre à deux dans la même entrée du premier dictionnaire venu.
Le pou, le rat, obstinés et précis, organisés, habités d'un seul but comme des monosyllabes, l'un et l'autre n'ayant pour objectif que ronger votre chair ou pomper votre sang, de vous exterminer chacun à sa manière...
Accommodé avec un regard et un sourire appropriés, le silence peut donner d'excellents résultats.
Il dévida tout un écheveau d'explications ou d'arguments d'où il était impossible de démêler le vrai du faux, en supposant ces catégories susceptibles à elles seules de partager strictement son discours en deux, sans qu'il subsiste un reste.
C'est très bizarre d'écrire sur un ordinateur, c'est comme sculpter de l'eau.
Personne ne se repose jamais vraiment, on imagine qu'on se repose ou qu'on va se reposer mais c'est juste une petite espérance qu'on a, on sait bien que ça n'existe pas, ce n'est qu'une chose qu'on dit quand on est fatigué.
On s'en veut de sortir de son bain. Il est dommage d'abandonner l'eau tiède et savonneuse, où des cheveux perdus enlacent des bulles parmi les cellules de peau frictionnée.
Chacun sait qu'on ne trouve personne quand on cherche, mieux vaut ne pas avoir l'air de chercher, se comporter comme si de rien n'était.
Les grandes blondes conquérantes prennent le soleil, l'absorbent, l'assimilent puis l'arborent. Sous forme de pigments. Ainsi, les soirs d'été, dans les night-clubs, croisant leurs jambes interminables sur de hauts tabourets, rayonnent-elles comme des soleils portatifs. Le soleil est lui-même une grande blonde.
Et puis tu sais comme est l'amour, toujours pareil, c'est la compassion ou le reflet.
Je ne sais pas vous mais moi, tous ces exploits, ces records, ces victoires, ces trophées, on commencerait peut-être à en avoir un peu assez. Et cela tombe bien car voici qu'Emile va se mettre à perdre.
On invente avec un stylo, on se juge à la machine.
L'amour, tu vois, lui a-t-il expliqué, c'est vraiment comme la neige à Paris. C'est bien joli quand ça vous tombe dessus mais ça ne tient pas. Et ensuite c'est foutu. Soit que ça vire à la boue, soit que ça vire à la glace, très vite c'est plus d'ennuis que d'émois.
C'est ainsi que naissent les grandes inventions : par le contact inopiné de deux produits posés par hasard, l'un à côté de l'autre, sur une paillasse de laboratoire.
Le singulier, dit-il, quand c'est possible dans une phrase, c'est toujours mieux que le pluriel.
Quoique j'eusse tâché de procéder un peu plus adroitement, plus allusivement, moins frontalement, bref.
Le jour se lève à peine. Le jour se lève lentement, délicatement, comme un Boeing illuminé quitte une piste en douceur, comme un orchestre à cordes attaque un dernier mouvement.
On ne s'expose pas sans risque aux confidences comme à certaines radiations.
Les seuls qui ont eu un peu de sens artistique, ç'a été les papes et les rois.