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Chanter Ce n'est pas ce qu'on vous proclame Chanter Il faut s'y jeter à tue-tête A bras le coeur à fendre l'âme Avec un seul point au programme Celui de n'être sûr de rien Celui de n'être sûr de rien.
Jean Ferrat
M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde Qui chante au fond de moi au bruit de l'océan M'en voudrez-vous beaucoup si la révolte gronde Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents Ma mémoire chante en sourdine : Potemkine.
Ma môme, elle joue pas les starlettes, Elle met pas des lunettes, de soleil. Elle pose pas pour les magazines, Elle travaille en usine, à Créteil.
J'ouvre les yeux et je te vois J'ouvre les yeux et je te crois J'ouvre les yeux et c'est pour toi Que je veux vivre, mon amour.
Ah ils nous en ont fait avaler des couleuvres De Prague à Budapest de Sofia à Moscou Les staliniens zélés qui mettaient tout en oeuvre Pour vous faire signer les aveux les plus fous.
Ils quittent un à un le pays Pour s'en aller gagner leur vie Loin de la terre où ils sont nés. Depuis longtemps qu'ils en rêvaient De la ville et de ses secrets Du formica et du ciné.
Et dans les abattoirs Où l'on traîne les boeufs La mort ne vaut guère mieux Qu'aux arènes le soir.
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants, Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.
On peut me dire sans rémission Qu'en groupe en ligue en procession On a l'intelligence bête Je n'ai qu'une consolation C'est qu'on peut être seul et con Et que dans ce cas on le reste.
Pouvoir encore regarder Pouvoir encore écouter Et surtout pouvoir chanter Que c'est beau, c'est beau la vie.
Je m'en vais comme je suis venu Un peu plus calme un peu moins nu Je pars en voyage vers la terre Qui peut m'expliquer ce mystère.
Nous parlons le même langage Et le même chant nous lie Une cage est une cage En France comme au Chili.
En groupe en ligue en procession En bannière en slip en veston Il est temps que je le confesse A pied à cheval et en voiture Avec des gros des petits des durs Je suis de ceux qui manifestent.
J'ai tout appris de toi, jusqu'au sens du frisson...
C'est un joli nom, camarade C'est un joli nom, tu sais Dans mon coeur battant la chamade Pour qu'il revive à jamais Se marient cerise et grenade Aux cent fleurs du mois de mai.
Je twisterais les mots s'il fallait les twister, Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez.
C'est pourquoi je prends les devants Pour affirmer dès maintenant Croyez pas ces vieux imbéciles J'avais une santé de fer Je n'avais qu'un petit travers J'avais le coeur un peu fragile.
On l'a cloué Et sa misère Sur un mur blanc au grand soleil Un clou au coeur Et pour l'exemple Il a saigné sur le soleil.
Quand on prend tout d'un coeur léger Il paraît qu'on vit sans danger Que la mort longtemps nous évite Mais j'ai voulu croire au bonheur Et j'ai pris tant de chos's à coeur Que mon coeur a battu trop vite.
Je meurs d'une petite fièvre Avec un prénom sur mes lèvres Et quelques souvenirs heureux Quelque part au fond de mes yeux.
Les escaliers montent ou descendent Selon le sens où on les prend.
Ah monsieur d'Ormesson, Vous osez déclarer Qu'un air de liberté Flottait sur Saïgon Avant que cette ville s'appelle Ville Ho-Chi-Minh.
Alors moi je ris doucement Comme on rit aux enterrements En me disant qu'au fond mourir C'est ne plus s'arrêter de rire.
Que venez-vous faire, camarade Que venez-vous faire ici Ce fut à cinq heures dans Prague Que le mois d'août s'obscurcit Camarade, camarade.
Mais dans ce monde de misère Le bonheur est vite enterré.
Le poète a toujours raison Qui voit plus haut que l'horizon Et le futur est son royaume Face à notre génération Je déclare avec Aragon La femme est l'avenir de l'homme.