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Ecrire, publier, c'est comme aimer. On plonge les yeux fermés.
Jean-François Somain
Un sentiment, c'est de la vie organisée selon nos rêves.
Dommage que la vie soit rarement aussi belle que nos songes.
On peut tromper tout le monde, on n'échappe pas à son propre regard.
Etre heureux, c'est mettre en échec les sources de déplaisir.
La vie, ça se joue serré. Si on mentionne ses points faibles, les autres en abusent immanquablement.
Un artiste peut continuer à produire contre vents et marées, mais il n'est pas désagréable d'être rassuré sur la qualité de ce qu'on fait.
Vivre avec un homme qu'on n'aime pas relève d'une sorte d'alcoolisme, alors que prendre un verre à l'occasion, c'est excellent pour la santé.
Il est facile d'aimer quelqu'un, surtout quand c'est réciproque. Vivre avec quelqu'un, c'est tout autre chose.
Le progrès, c'est la dégringolade. On s'éloigne de l'esprit pour se rapprocher de la terre.
C'est par la lutte qu'on survit et qu'on gagne ce qu'on veut. Par la force, et non par la faiblesse.
La moindre liberté est grisante.
Mon grand sujet, c'est l'amour de la vie. Je mets alors l'accent sur l'individualisme, le besoin de liberté, le destin de chacun.
L'argent n'a pas d'importance, mais le manque d'argent, oui.
La civilisation n'est que l'usage efficace du corps, et surtout du système nerveux. Le trait qui distingue l'homme éduqué du barbare, c'est le contrôle de l'imagination, des démons, des rêves.
Trente secondes de réflexion, une seconde de lucidité, et on découvre que vivre est épouvantable. Alors, il s'agit de nourrir quelques illusions, afin que l'âme ne se dessèche pas.
Viser au bonheur, aspirer au bonheur, chercher le bonheur, c'est prendre pour cible un reflet dans la glace.
On ne fait pas l'amour : l'amour se fait en nous.
La jeunesse est le temps des accélérations.
L'essentiel dans la vie, c'est de tuer le temps, meubler les heures, trouver tous les prétextes possibles pour remplir les pages de l'inévitable biographie qu'on appelle la mémoire.
Les désirs inachevés, ça empoisonne la vie. Les désirs imaginaires, ça doit rester imaginaire, juste pour réchauffer le coeur.
La politique est dure pour la survie des politiciens.
L'érotisme réside dans la possibilité d'un geste. Il appartient au domaine du rêve.
Le théâtre, c'est la superbe exaltation de la vie, la concentration des émotions, la possibilité de crier devant un public les secrets les plus intimes du coeur humain.
Le sentiment de la vie justifie tout, même le crime, même l'horreur. Etre civilisé, c'est modérer ou moduler ses élans.
Ça se vit, l'anxiété. Ça vous rentre de partout, ça vous pénètre, et plus on se démène, plus ça fait mal.
Lorsqu'on écrit, il faut tout imaginer, toujours, mais les coups d'oeil qu'on peut jeter sur la vie d'autrui fournissent des clous sur lesquels accrocher les histoires et les personnages qu'on invente.
Le bonheur consiste sans doute à jongler efficacement avec les multiples réalités qui nous atteignent.
La vie n'existe pas : il faut la faire.
Vivre, c'est se nourrir du monde.
Il n'y a pas de bonheur là où il y a de la volonté. La volonté, ça vous met toujours des bâtons dans les roues.
L'amour est aussi un espace vide que les gestes remplissent.
C'est dommage, quand même, d'avoir eu un passé. C'est comme si on nous avait gâché l'existence.
On a besoin d'idéaux, si on veut être humain. La force, c'est bon pour les bêtes.
Un gouvernement, c'est quelque chose dont il faut se protéger, et qu'il est inutile d'affronter de face.
La révolte est une attitude de banqueroute.
Les livres ne parlent pas du monde : ils disent l'empreinte du monde sur ton coeur.
Il est impossible d'être heureux quand on n'est pas libre.
C'est dans les contacts humains qu'on exerce notre liberté.
C'est utile, une révolution. Ça met des freins au gouvernement, ça le force à agir, à pencher d'un certain côté. Mais pas plus. L'état demeure.
Aurait-on inventé l'amour pour faire durer l'exaltation du désir ?
La révolution c'est l'opium des intellectuels.
Les fleurs, c'est toujours un cadeau du destin. Il faut les prendre simplement, sans même se demander pourquoi elles nous arrivent.
Ce qu'on croit a le même poids que ce qu'on sait.
On se laisse attirer par la faiblesse, parce que c'est doux et tiède, et on s'y abandonne, et on finit pas sombrer dans la veulerie.
La littérature, c'est un reproche qu'on adresse au monde. Dans ce reproche, chacun s'y retrouve. L'art se fait contre le destin.
Les journalistes : ils s'occupent de choses qui passent et disparaissent. Les écrivains sont des journalistes de l'éternel.
La liberté, c'est une forme de la conscience.
La joie des autres est rarement contagieuse, elle évoque plutôt un bon repas qui nous est refusé.
On aime éternellement ceux qu'on aime. On les aime quand ils sont là, parce qu'ils partiront pour vivre autre chose que nous. On les aime quand ils nous quittent, parce qu'ils reviendront nous vivre.