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Je n'ai jamais vu de bonheur qu'à des gens médiocres mais la médiocrité n'est pas à la portée de tout le monde, il ne faut pas vous imaginer ça.
Jean Giono
Il soubresautait et on entendait claquer ses dents. Qu'est-ce qui le tenait debout ? La fierté, hein ! Tu ne voulais pas caner, hein !
Les joies du monde sont notre seule nourriture. La dernière petite goutte nous fait encore vivre.
Les pêcheurs qui n'étaient pas partis rentraient les rames. Déjà, dans les sentines, on délutait de vieilles cruches.
Une allumette sale ça fait le même feu qu'une allumette propre !
L'odeur aigre des sèves que la chaleur faisait éclater dans des fentes le long des troncs des alisiers sauvages.
La preuve de l'erreur de vendre, en général, est que le travail de l'homme appliqué logiquement au désir de vendre détruit de lui-même la possibilité de vendre. C'est un noeud coulant.
Les faits historiques se succèdent, qui non seulement se contredisent, mais s'annulent. Rien n'est "irréversible" (comme on dit maintenant), au contraire, tout se renverse
La raison et la logique, c'est pour les temps ordinaires.
Les hommes, au fond, ça n'a pas été fait pour s'engraisser à l'auge, mais ça a été fait pour maigrir dans les chemins, traverser des arbres et des arbres, sans jamais revoir les mêmes ; s'en aller dans sa curiosité, connaître.
Sa femme, plus âgée que lui, était une créole toujours belle et lente comme une après-midi de fin juin.
La joie panique, il est impossible de la garder pour soi-même ; celui qui l'a, s'il ne la partage ne fait que la toucher et la perdre.
Il n'y avait personne, comme de bien entendu.
Il y a des moments où un mot fait plus qu'un geste.
Le premier : Ta figure - Le troisième : Qu'est-ce qu'elle a ? - Le deuxième : Des vices de constructions. - L'entrepreneur a dû faire faillite.
D'énormes clématites défeuillées encordaient de lianes blanches ces entassements de branches mortes et de troncs décharnés.
Sur la médaille de ciel monta la fusée noire d'un cyprès, puis deux, puis trois, puis toute une cyprière.
Ce qui importe c'est d'être un joyeux pessimiste.
C'est le plateau où, toute la nuit, la pluie a foulé l'herbe.
Il ne faut jamais affoler une population quelle qu'elle soit.
On s'est mis à monter le coteau, doucement, doucettement.
Ils se fricassèrent le museau comme de jeunes chiens.
Surveille tes ruches et prends tes dispositions d'hiver. Les avettes si rudes au travail sont faibles sous les longues nuits.
On ne put se défendre d'être fasciné par les arabesques, les trèfles de galon qui escaladaient son dolman et le casque étincelant emplumé de faisanneries.
Etre heureux c'est abattre des atouts, ou les attendre, ou les chercher. Forcer la main est magnifique.
Vois-tu, avec les femmes il faut toujours penser à une chose : ce n'est pas autant le nécessaire qu'elles veulent, mais le dérangement ; tu ne peux pas savoir comme ça leur plaît.
Un beau mortier, dit La Poule, et mélangé par une sacrée gâche qui part de haut.
Il y a une sorte de bonheur qui ne dépend ni d'autrui ni du paysage, c'est celui que j'ai toujours cherché à me procurer.
On s'aperçoit qu'en temps ordinaire on a à portée de la main des petits riens qui sont tout. La sécurité ne réjouit pas. Ce qui compte, pour le bonheur, c'est de tout remettre en question.
L'été est là à gémir qu'il va mourir.
Il ne savait que frictionner sans arrêt. Ses mains lui en faisaient mal. Il fit des frictions à l'eau-de-vie.
Les frondaisons des ormeaux et des sycomores gémissaient comme des mâts en travail.
Tout le monde ment, mais personne ne dit : "je mens" ; tout le monde se réclame de la vérité, alors que dire "je mens" est la seule chose vraie que l'on puisse dire.
Tu as peur des mots ? C'est avec ça qu'on fait la vérité.
L'univers nous appartient dans la proportion où nous lui appartenons.
Il y a un compagnon avec lequel on est tout le temps, c'est soi-même : il faut s'arranger pour que ce soit un compagnon aimable.
Il vit s'enfoncer, pattes repliées, une longue araignée d'eau maigre comme un fil de la Vierge mais qui traînait un chapelet de bulles d'air et dans chaque bulle d'air était enfermée une petite araignée toute neuve qui venait à peine de naître.
La jeunesse, ce n'est ni la force, ni la souplesse, ni même lajeunesse comme tu disais : c'est la passion pour l'inutile.
Il n'y a qu'à la souffrance qu'on ne ment pas...
Là-haut, les renards ont mangé. Lourds de viande, ils marchent pesamment, cherchent le couvert pour dormir.
Les créations fascistes ne sont que l'oeuvre d'un homme multipliée. Ce sont de simples créations de démesure ; elles ont l'âme tragique de la démesure.
Que faut-il pour réussir ? De la bravoure ? De l'obstination ? De la chance ? Du génie ? Non : de la médiocrité. Quoi que produise le médiocre, c'est un produit qui s'adresse au plus grand nombre.
Les autans de la mer qui dégondent les portes et écrasent les treilles.
La poésie est une force de commencement ; et une grande force : la dynamite qui soulève et arrache le rocher.
Il est sûr de son affaire, il a les qualités requises par la majorité des individus.
Antonio s'adossa à un fayard. Près de son oreille, il entendit un petit sifflement. Il toucha avec son doigt. C'était la sève qui gouttait d'une fente de l'écorce.
On ne voit pas toujours les gens qui sont devant vous, tu le sais, ça ?
Les peureux sont les adversaires les plus terribles que je connaisse.
Le vent soulève le ciel comme une mer. Il le fait bouillonner et noircir, il le fait écumer comme les montagnes.
La pauvreté, c'est l'état de mesure. Tout est à la portée de vos mains. Vivre est facile. Vous n'avez à en demander la permission à personne.