Images
Il faut les comprendre, ils sont obligés d'être sérieux toute la nuit, ils ont besoin, dans la journée, de se détendre. Alors ils font des bêtises.
Jean-Louis Fournier
J'ai été amputé de toi sans anesthésie. On m'a retiré ma moitié, ce que j'avais de mieux. Je m'arrose de ton parfum pour que tu repousses.
Quand je pense que je suis l'auteur de ses jours, des jours terribles qu'il a passés sur Terre, que c'est moi qui l'ai fait venir, j'ai envie de lui demander pardon.
Un bon souvenir, c'est comme une bonne bouteille, il ne faut pas le boire seul.
Je n'ai pas besoin de photo de toi, j'ai de la mémoire...
Elle a été ma cale, elle m'a empêché de tomber, je me suis tenu droit à ses côtés. Elle m'a décapé, elle m'a poli, elle m'a fait briller. En échange, je l'ai fait rire. Pleurer aussi.
En pauvre, Fauchon se dit ED.
Si Dieu n'avait pas créé les pommes, Cézanne était condamné à peindre des compotiers vides.
Etre heureux ne devrait être conjugué qu'à la première personne du singulier et par le principal intéressé. Il n'y a que lui qui sait s'il est heureux ou pas.
Le bébé qui gazouille peut devenir, à quinze ans, l'adolescent qui zigouille.
Peut-être qu'à la différence des piles, les sentiments s'usent quand on ne s'en sert pas.
J'étais toujours sidéré de voir dans les restaurants des couples qui ne se disaient pas un mot, sauf, quelquefois, passe-moi le sel.
Aimer n'est pas un verbe pour tous les jours. C'est un verbe fragile, on a très rarement l'occasion de l'utiliser. Comme le service en cristal de bonne-maman. On le garde précieusement dans le buffet de la salle à manger.
Elle n'aimait pas parler d'elle, encore moins qu'on en dise du bien. Je vais en profiter, maintenant qu'elle est partie.
On ne se moque bien que de ce qu'on aime.
Les journées sont longues depuis le 12 novembre. J'aurais dû récupérer tes cendres, faire un grand sablier pour les mettre dedans, je t'aurais regardé passer le temps.
Quand vous êtes malheureux, on dirait que la société souhaite que vous le restiez. Définitivement.
J'ai joué à la lotterie génétique, et j'ai perdu.
Avant, je brûlais ma vie à feu vif. Maintenant, je laisse mijoter, à feux doux. C'est plus long, mais c'est meilleur.
J'aurais bien aimé être instituteur, apprendre des choses aux enfants sans les ennuyer. J'ai fait pour les enfants des dessins animés que les miens n'ont pas vus, des livres qu'ils n'ont pas lus.
Mon arrière-grand-père est mort, mon grand-père est mort, mon père est mort... Je crains que ce soit héréditaire.
Mes souvenirs continuent à briller comme les étoiles mortes. Le passé me semble parfait, le futur pas très sur. Je préfère conjuguer l'irréel du présent.
Je n'ai pas de photos de toi, j'ai de la mémoire. Je n'aime pas prendre des photos des gens qui me sont proches, je pense à la douleur que j'aurai à les regarder quand ils ne seront plus là.
Maintenant tous les matins je me réveille seul. Je ne me souviens plus tout de suite de la triste nouvelle, comme si tu remourais tous les matins.
Les vivants ne sont qu'à un endroit à la fois, les morts sont partout.
Ca me manque de ne pas pouvoir te parler de moi. Je vais devoir apprendre à me parler tout seul.
Le Muguet est le sourire aux dents d'ivoire du jeune printemps.
Quand on a reçu un don, on a des obligations. Souviens-toi de la parabole des talents dans l'Evangile. Tu imagines la tête du père de Mozart si, à vingt ans, Wolfgang lui avait dit : J'arrête la musique, je voudrais être footballeur ?
Si vous voulez laisser un bon souvenir, attention à ne pas mourir trop vieux.
L'humour, c'est une parade, un baroud d'honneur devant la cruauté, la désolation, la difficulté de l'existence.
Tu aurais pu avoir un peu de patience, attendre qu'on parte ensemble. On dit que la fin du monde est proche.
C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre. Pourquoi le bonheur, on le reconnaît seulement au bruit qu'il fait en partant ?
La conversion, c'est un brutal éblouissement. Après un éblouissement, on ne voit plus clair, on est aveuglé, on se retrouve dans le noir, comme les lièvres éblouis par les phares d'une automobile.
Tu rangeais tout et je ne retrouvais rien. Aujourd'hui, je n'ai plus rien à perdre.
Vous savez comment on appelle le curriculum vitae d'un vieux ? Des archives.
On était complémentaires, j'avais les défauts, elle avait les qualités. C'était la rencontre entre une optimiste et un pessimiste, une altruiste et un égoïste.
J'ai une hostie collée au palais. Je n'ose pas bouger la langue, je n'ose pas remuer les mâchoires, parce que si je mords dedans, il paraît que ça va saigner. Je ne peux pas me servir de mon doigt pour la décoller, c'est interdit, c'est un péché mortel.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on félicite et récompense ceux qui ont des beaux enfants, comme si c'était leur faute. Pourquoi, alors, ne pas punir et mettre des amendes à ceux qui ont des enfants handicapés ?
Quand on n'a pas eu de chance, il faut prendre l'air malheureux, c'est une question de savoir-vivre. J'ai souvent manqué de savoir vivre...
Avec mes enfants, on ne craint jamais de se répéter, ils oublient tout. Avec eux, jamais de lassitude, ni d'habitude, ni d'ennui. Rien ne se démode, tout est nouveau.
Je connais des gens heureux qui ont l'air triste et des gens malheureux qui plaisantent toujours. S'ils plaisantent, c'est peut-être pour être moins malheureux. L'humour est un antalgique, on l'utilise quand on a mal.
Quand je parle de mes enfants, je dis qu'ils ne sont pas comme les autres. Ça laisse planer un doute. Einstein, Mozart, Michel-Ange n'étaient pas comme les autres.
L'humour est un antalgique, on l'utilise quand on a mal.
C'est étrange, les gens n'osent pas parler de bonheur à celui qui vient d'avoir un grand malheur.
De toute façon, on dit toujours "un beau bébé". Un bébé n'a pas le droit d'être laid, en tout cas, on n'a pas le droit de le dire.
Les plus beaux arbres ne donnent pas forcément les plus beaux fruits. Regardez le chêne. Il donne des glands.
Vous savez comment on s'aperçoit qu'on est vieux ? Quand, même bronzé, on reste moche.
Moins on a de souffle, plus on a de bougies à souffler. Soupire le centenaire.
Pourquoi celui qu'on appelle contremaître est-il toujours d'accord avec le maître.
Elle était courageuse, elle m'a supporté quarante ans, moi que je ne souhaite à personne.