Images
J'en profite pour faire l'anti-publicité de mes deux romans. Si vous tombez dessus chez un bouquiniste, ne les achetez pas, ce n'est pas qu'ils soient mauvais mais ils sont pleins de minauderies, d'affèteries, alors que le devoir d'un écrivain est au contraire d'épurer, d'arriver à la plus grande simplicité possible. Comme disent les architectes : moins, c'est plus.
Jean-Loup Dabadie
On apprend quelquefois dans d'autres domaines que celui où on essaie d'exercer sa peine. Par exemple en regardant un tableau ou une photo d'un enfant dans la rue, on peut trouver une émotion que, nolens volens, on traduit plus tard dans une chanson ou dans une scène au cinéma ou au théâtre.
Mes préférences à moi, ça a toujours été les amis, les maisons de campagne, les femmes qui reprochent aux hommes de n'être pas comme elles voudraient qu'ils soient, les enfants qui courent dans le jardin.
je me suis présenté comme "écrivain de cinéma" pendant mes visites aux Académiciens. En me recevant sous la Coupole, ils accueillent ce que j'appelle les arts frémissants.
Je dis souvent aux interprètes de théâtre ou de cinéma : acteurs, auteurs, même combat. Avant d'entrer en scène, ils ont ce qu'ils appellent la boule. Certains deviennent glacés ou complètement moites. L'auteur, c'est exactement la même chose.
Je ne pense pas qu'on puisse retrouver dans aucun des textes que j'ai écrits, y compris les chansons d'amour, des choses qui me soient arrivées. Mais c'est quand même le monde où je suis, où je vis, où je pleure.
Avant d'écrire une scène, j'ai le ventre serré, je cherche, j'ai peur. A la différence, que ma scène à moi, elle n'est pas écrite. Même après des années, il n'y a pas de mécanique : le seul impératif, c'est le travail, se mettre à sa table, avec obstination.
On a dit que j'avais envoyé des articles qui m'étaient favorables aux Académiciens pour être élu. J'espère que personne ne l'a cru. J'aurais vraiment été un imbécile et je les aurais pris pour des imbéciles !
Ne m'appelez pas maître. Si les personnes que j'aime et qui m'aiment commencent à ne plus m'appeler Jean-Loup, là, il y aura une fêlure.
D'une arme ambiguë soudain ell' me transperce. - Je pousse un cri aigu, elle me berce.
C'est important d'être humainement proche des gens pour lesquels vous écrivez.
Je ne suis un spécialiste de rien. J'ai écrit des chansons, des sketchs et des scénarios, au gré des hasards de la vie et de mes rencontres. Quand j'ai fini d'écrire un film, je suis content de m'exercer dans une autre discipline, de prendre un ticket pour un autre voyage.
Au cinéma, le premier interprète d'un film, c'est le metteur en scène. Si je sais que le metteur en scène sera Jean Becker ou Cédric Klapisch, ça passera par leur filtre. Mais si demain j'écris pour Jacques Gamblin que je ne connais pas dans la vie, j'utiliserai son archet, ses vibrations à lui. Les acteurs sont pour moi les souffleurs des auteurs.
Les acteurs sont pour moi les souffleurs des auteurs.
Je travaille un peu partout, j'aime beaucoup les endroits où il y a du passage, les aéroports, les gares, car il y a une innocence du temps qui passe. On se dit "je suis en voyage", on verra après, et c'est justement dans ces moments-là que l'inspiration vient plus facilement.
Quand j'ai fini d'écrire un film, je suis content de m'exercer dans une autre discipline, de prendre un ticket pour un autre voyage.
Je sais qu'il existe des écoles de scénaristes mais j'ai du mal à comprendre leur intérêt. On n'apprend pas l'imagination. Faire un dialogue, faire s'entrechoquer les sentiments, résonner les silences, ça ne s'apprend pas.
je ne pourrais pas écrire mes Mémoires. Je crains d'être ennuyeux, et de m'ennuyer moi-même. Je suis en admiration quand je vois des artistes, des industriels, des sportifs dire : "Dans ces années-là, à Aubenas où je suis né, il y avait un marchand de crêpes qui s'appelait monsieur Raymond. Ma tante m'y emmenait quand j'avais bien travaillé. Ah, ces crêpes aux myrtilles !" Non, je ne pourrais pas.
A partir du moment où on peut me joindre partout, en vacances, de jour comme de nuit, et désormais à l'autre bout de la planète grâce à Internet, je considère que les metteurs en scène ou les chanteurs pour qui je travaille ont tout loisir de me dire si je dois reprendre un texte, changer une phrase ou modifier un mot dans une chanson. C'est mon devoir, ma passion, ma vie.
Quand on travaille avec un metteur en scène, les relations sont passionnelles. Les réalisateurs qui me font l'honneur de bien m'aimer ont horreur que j'aille faire un film avec un autre. Et réciproquement.