Images
Il serait juste que les grands de la terre et que tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boyaux de prêtres.
Jean Meslier
Le christianisme ne s'est répandu qu'en promettant le despotisme, dont il est, comme toute religion, le plus ferme soutien.
Rendez odieux partout le gouvernement tyrannique des princes et des prêtres. Secourez-vous dans une cause si juste et si nécessaire et où il s'agit de l'intérêt commun de tous les peuples...
Si les ministres de l'église ont souvent permis aux peuples de se révolter pour la cause du ciel, jamais ils ne leur permirent de se révolter pour les maux très réels et des violences connues.
Je ne crois plus devoir maintenant faire encore difficulté de dire la vérité. Je ne sais pas bien ce que vous en penserez, ni ce que vous en direz, non plus que ce que vous direz de moi, de m'avoir mis telle pensée en tête, et tel dessein dans l'esprit. Vous regarderez peut-être ce projet comme un trait de folie et de témérité en moi...
Toutes nos pensées, toutes nos connaissances, toutes nos perceptions, tous nos désirs et toutes nos volontés sont des modifications de notre âme. Il faut aussi reconnaître qu'elle est sujette à diverses altérations, qui sont des principes de corruption, et par conséquent qu'elle n'est point incorruptible, ni immortelle.
Une ignorance profonde, une crédulité sans bornes, une tête très faible, une imagination emportée : voilà les matériaux avec lesquels se font les dévots, les zélés, les fanatiques et les saints.
Tous les esclavages se tiennent ; et les hommes accoutumés à déraisonner sur les dieux, à trembler sous leurs verges, à leur obéir sans examen, ne raisonnent plus sur rien.
Mourir pour une religion ne prouve pas qu'une religion soit véritable ou divine ; cela prouve tout au plus qu'on la suppose telle. Un enthousiaste, en mourant, ne prouve rien sinon que le fanatisme religieux est souvent plus fort que l'amour pour la vie.
Nous ne voyons, nous ne sentons, et nous ne connaissons certainement rien en nous qui ne soit matière. Ôtez nos yeux ! Que verrons-nous ? Rien. Ôtez nos oreilles ! Qu'entendrons-nous ? Rien. Ôtez nos mains ! que toucherons-nous ? Rien, si ce n'est fort improprement par les autres parties du corps. Ôtez notre tête et notre cerveau ! Que penserons-nous, que connaîtrons-nous ? Rien.
Je crois pouvoir dire que quand il n'y aurait, par exemple, que les fables d'Esope, elles sont certainement beaucoup plus ingénieuses et plus instructives, que ne le sont toutes ces grotesques et basses paraboles, qui sont rapportées dans les Evangiles.
Les hommes deviennent tous les jours de plus en plus vicieux et méchants, et il y a comme un déluge de vices et d'iniquités dans le monde. On ne voit pas même que nos christicoles puissent se glorifier d'être plus sains, plus sages et plus vertueux, ou mieux réglés dans leur police et dans leurs mœurs que les autres peuples de la Terre.
Les religions veulent que l'on croie absolument, et simplement tout ce qu'elles en disent, non seulement sans en avoir aucun doute, mais aussi sans rechercher, et même encore sans désirer d'en connaître les raisons, car ce serait, selon elles, une impudente témérité, et un crime de lèse-majesté divine que de vouloir curieusement chercher des raisons.
S'il y avait véritablement quelque divinité ou quelque être infiniment parfait, qui voulût se faire aimer, et se faire adorer des hommes, il serait de la raison et de la justice et même du devoir de ce prétendu être infiniment parfait, de se faire manifestement, ou du moins suffisamment connaître de tous ceux et celles dont il voudrait être aimé, adoré et servi.
Les "christicoles" ont-ils été voir ? Pour en savoir des nouvelles ? Qui leur a dit que cela était ainsi ? Quelle expérience en ont-ils ? Quelle preuve en ont-ils ? Certainement aucune, si ce n'est celle qu'ils prétendent tirer de leur foi, qui n'est qu'une croyance aveugle des choses qu'ils ne voient pas, que personne n'a jamais vues et que personne ne verra jamais ?
La religion est une vraie pépinière de fanatiques : c'est véritablement le théâtre où ils jouent le mieux leurs personnages.
Si on voulait de même interpréter allégoriquement et figurativement tous les discours, toutes les actions et toutes les aventures du fameux Don Quichotte de la Manche, on y trouverait si on voulait une sagesse toute surnaturelle et divine.
Les dévots, incapables d'accuser Dieu de malice, s'accoutument à regarder les plus tristes coups du sort comme des preuves indubitables de la bonté céleste.