Images
J'ai quitté le lycée à treize ans, moi, il fallait que je gagne ma vie. Je n'ai pas eu la chance d'avoir des parents riches pour me payer mes études.
Jean-Paul Sartre
Nous aimons des villes-musée - et toutes nos villes sont un peu comme des musées où nous vagabondons parmi les demeures des ancêtres.
La psychologie a renoncé depuis le début de ce siècle à ses grandes distinctions scolastiques. Nous ne croyons plus que les faits de l'âme se divisent en volitions ou actions, en connaissances ou perceptions et en sentiments ou passivités aveugles.
Si Dieu existe, l'homme est néant ; si l'homme existe...
Le récit se guinde un peu et tout ce qu'on nous rapporte du héros prend l'allure d'informations solennelles et publicitaires.
T'aurais voulu qu'on se fasse tuer pendant que les généraux discutaient le bout de gras avec les Fritz dans un château historique ?
Faut pas t'en faire, poupée : il en viendra d'autres. Un de perdu, dix de retrouvés.
Moi, je suis méchante : ça veut dire que j'ai besoin de la souffrance des autres pour exister. Une torche. Une torche dans les coeurs. Quand je suis toute seule, je m'éteins.
La honte, ça passe quand la vie est longue.
Ivich n'était qu'une proie, il la déshabillait d'un regard connaisseur et sensuel.
Il y a deux façons de détruire un peuple : on le condamne en bloc ou bien on le force à renier les chefs qu'il s'est donnés. La seconde est la pire.
Ce n'est pas grand-chose, la confiance, quand ça ne résiste pas à huit jours d'attente.
Je ne déteste pas les femmes mûres : quand elles sont dévêtues, elles ont l'air plus nues que les autres.
Quel que soit le cercle d'enfer dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le briser. Et si les gens ne le brisent pas, c'est encore librement qu'ils y restent. De sorte qu'ils se mettent librement en enfer
Te casse pas la tête. La guerre, la paix, c'est égal. - C'est égal ? dit Jacques étonné. Va donc dire ça aux millions d'hommes qui se préparent à se faire tuer.
Le désir s'exprime par la caresse comme la pensée par le langage.
L'ouvrier français est né malin, c'est un frondeur, une forte tête.
Demain, tu descendras vers la ville ; tu emporteras dans tes yeux mon dernier visage vivant, tu seras le seul au monde à le connaître. Il ne faudra pas l'oublier. Moi, c'est toi. Si tu vis, je vivrai.
Le paysan travaille seul, au milieu des forces naturelles, qui n'ont pas besoin d'être nommées pour agir. Il se tait. Parain a noté sa "stupeur" quand il rentre au village après avoir labouré son champ et qu'il entend des voix humaines.
Le trou, c'est d'abord ce qui n'est pas. Traiter un adversaire de trou du cul sans fesses, c'est l'anéantir, en faire un néant de sottise, un zéro. Naturellement, l'attirance pour le trou s'accompagne de répulsion et d'angoisse.
La violence n'est pas un moyen parmi d'autres d'atteindre la fin, mais le choix délibéré d'atteindre la fin par n'importe quel moyen.
S'il est vrai que le recours à la violence contre la violence risque de la perpétuer, il est vrai aussi que c'est l'unique moyen de la faire cesser.
Chaque homme doit inventer son chemin.
Il faut affirmer si nous voulons comprendre, et nous donner si nous voulons sentir.
Car je suis un homme, Jupiter, et chaque homme doit inventer son chemin. La nature a horreur de l'homme, et toi, toi, souverain des Dieux, toi aussi tu as les hommes en horreur.
Si je meurs proprement, j'aurai prouvé que je ne suis pas lâche...
Une technique romanesque renvoie toujours à la métaphysique du romancier.
L'être dit libre est celui qui peut réaliser ses projets.
Mathieu posa la main sur la jambe de Marcelle... Il aimait cette chair beurreuse.
Le monde peut fort bien se passer de la littérature. Mais il peut se passer de l'homme encore mieux.
J'avais trouvé ma religion : rien ne me parut plus important qu'un livre. La bibliothèque, j'y voyais un temple.
Si je méprise un homme, un seul, même un bourreau, je n'en respecterai plus aucun.
Tu as vu ses fringues ? Ma vie ne se passera pas sans que j'aie une femme comme ça. Une femme du grand monde. Ca doit être jouissant.
L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher.
Ainsi qu'il soit essayiste, pamphlétaire, satiriste ou romancier, qu'il parle seulement des passions individuelles ou qu'il s'attaque au régime de la société, l'écrivain, homme libre s'adressant à des hommes libres, n'a qu'un seul sujet : la liberté.
On avait attiré son attention sur l'orthographe - "le lapen çovache ême le ten", - et tenté de lui faire comprendre que ma place était en dixième préparatoire.
Encore le jeu du pardon ? C'est un jeu qui m'ennuie : je ne suis pas dans le coup. Je n'ai qualité ni pour condamner ni pour absoudre : c'est l'affaire de Dieu.
L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. Tel est le premier principe de l'existentialisme.
La Peste, de Camus, qui vient de paraître, me semble un bon exemple de ce mouvement unificateur qui fond dans l'unité organique d'un seul mythe une pluralité de thèmes critiques et constructeurs.
Il y a des souvenirs qu'on ne partage pas.
Tu me mouilles, dit M. B. en s'essuyant la joue. Et tu me mets du rouge. Quelle fricassée de museaux.
Faut qu'il aille rudement mal, le copain, pour qu'ils aient fait venir un cureton.
Pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter.
Les valeurs sont le sens que l'on choisit de donner à sa vie.
L'essentiel, c'est la contingence. Je veux dire que, par définition, l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être là, simplement ; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire.
Je voulais être un homme. Un dur... Est-ce que c'est possible qu'on soit un lâche quand on a choisi les chemins les plus dangereux ?
Il n'y a que Dieu. L'homme, c'est une illusion d'optique.
La mort, c'est un attrape-nigaud pour les familles ; pour le défunt, tout continue.
Une victoire racontée en détail, on ne sait plus ce qui la distingue d'une défaite.
Ne te frappe pas, dit Mathieu gaiement, je me débrouillerai.