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Ne voit-on pas que, selon l'idée même de synthèse, la vie serait irréductible à la matière et la conscience humaine irréductible à la vie ?
Jean-Paul Sartre
Il n'était pas nécessaire de faire grand étalage de puissance : ne pas s'abandonner, simplement, se tenir droit.
Tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces.
Faute de renseignements plus précis, personne, à commencer par moi, ne savait ce que j'étais venu foutre sur terre.
Il garde les mains dans ses poches, elles sont lourdes comme du plomb. "Lever les mains !" Un Allemand le vise avec un fusil. Il rougit, ses mains se lèvent lentement, les voilà en l'air au-dessus de sa tête : ils me paieront ça avec du sang.
On ne peut pas tirer son épingle du jeu. Serions-nous muets et cois comme des cailloux, notre passivité même serait une action.
Vous êtes tous mes frères, mes très chers frères, mes frères d'armes et mes frères en Dieu, je m'adresse à vous tous, catholiques, protestants, athées, car la parole de Dieu est pour tous.
Si l'on tient la liberté pour le principe et le but de toute activité humaine, il est également faux que l'on doive juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens.
Le corps, ça vit tout seul, une fois que ça a commencé. Mais la pensée, c'est moi qui la continue, qui la déroule. J'existe. Je pense que j'existe. Oh ! le long serpentin, ce sentiment d'exister - et je le déroule, tout doucement.
Vous êtes tous les mêmes, vous autres les réalistes : quand vous ne savez plus que dire, c'est le langage des idéalistes que vous empruntez.
L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous.
Chaque époque découvre un aspect de la condition humaine, à chaque époque l'homme se choisit en face d'autrui, de l'amour, de la mort, du monde.
C'est par paresse, je suppose, que le monde se ressemble d'un jour à l'autre. Aujourd'hui, il avait l'air de vouloir changer. Et alors tout, tout pouvait arriver.
Elle ne croyait à rien ; seul, son scepticisme l'empêchait d'être athée.
Je suis un conservateur. Je veux conserver le monde tel qu'il est, non pas parce qu'il me parait bon - au contraire, je le juge ignoble - mais parce que je suis dedans et que je ne puis le détruire sans me détruire avec lui.
Même si le propos de l'auteur est de donner la représentation la plus complète de son objet, il n'est jamais question qu'il raconte tout, il sait plus de choses encore qu'il n'en dit. C'est que le langage est ellipse.
Le révolutionnaire est dans une situation telle qu'il ne peut aucunement partager ces privilèges : c'est par la destruction de la classe qui l'opprime qu'il peut obtenir ce qu'il réclame.
La peur, la mauvaise conscience ont un fumet délectable pour les narines des Dieux.
L'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se projeter dans l'avenir. L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement...
Quand Dieu se tait, on peut lui faire dire ce que l'on veut.
Tu mets du désordre. Et le désordre est le meilleur serviteur de l'ordre établi.
Je me moque du Diable ! Il reçoit les âmes, mais ce n'est pas lui qui les damne. Je ne daigne avoir affaire qu'à Dieu, les monstres et les saints ne relèvent que de lui.
Ta liberté n'est qu'une gale qui te démange, elle n'est qu'un exil.
Il caressa un peu la fourrure et un parfum tiède et lourd s'en dégagea. C'est donc ça qui sentait, tout à l'heure. Il caressait la fourrure à rebrousse-poil et il était content.
Qu'importe d'ailleurs, monstre ou saint, je m'en foutais, je voulais être inhumain.
Tu sais ce que c'est que le mal, la honte, la peur. Il y a des jours où tu t'es vue jusqu'au coeur.
Je n'ai pas besoin de faire des phrases. J'écris pour tirer au clair certaines circonstances. Se méfier de la littérature. Il faut tout écrire au courant de la plume sans chercher les mots.
Je préfère les gens qui ont peur de la mort des autres : c'est la preuve qu'ils savent vivre.
Ne savez-vous pas que les morts n'ont jamais de pitié ? Leurs griefs sont ineffaçables, parce que leur compte s'est arrêté pour toujours.
Sur cette terre qui saigne toute joie est obscène et les gens heureux sont seuls.
Les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont - nous ont donnés - de nous juger.
Quant aux hommes, ce n'est pas ce qu'ils sont qui m'intéresse mais ce qu'ils pourront devenir.
Mon père était vice-président des charbonnières de Tosk.
A la vérité, il forçait un peu sur le sublime : c'était un homme du XIXe siècle qui se prenait, comme tant d'autres, comme Victor Hugo lui-même, pour Victor Hugo.
Le chrétien pèche, et le héros de roman doit fauter.
En certaines situations, il n'y a place que pour une alternative dont l'un des termes est la mort. Il faut faire en sorte que l'homme puisse, en toute circonstance, choisir la vie.
La médiocrité ne s'imite pas.
Tu vis en l'air, tu as tranché tes attaches bourgeoises, tu n'as aucun lien avec le prolétariat, tu flottes, tu es un abstrait, un absent.
Voyez plutôt : seul au milieu des adultes, j'étais un adulte en miniature, et j'avais des lectures adultes ; cela sonne faux, déjà, puisque, dans le même instant, je demeurais un enfant.
Mauriac, l'eau bénite qui fait pschitt.
Qu'il le veuille ou non et même s'il guigne des lauriers éternels, l'écrivain parle à ses contemporains, à ses compatriotes, à ses frères de race ou de classe.
Si un subordonné, un seul, refuse de t'obéir, tu ne seras plus obéi par aucun.
Le propre du réaliste, c'est qu'il n'agit pas. Il contemple, puisqu'il veut peindre le réel tel qu'il est, c'est-à-dire tel qu'il apparaît à un témoin impartial.
On ne meurt pas de vieillesse, on vieillit de mourir.
Un droit n'est jamais que l'autre aspect d'un devoir.
Tiens, ma vieille elle a soixante-cinq ans, j'habite avec elle. Eh bien, à son âge, elle se tape encore son kil de rouge dans la journée.
Pinette, le front bas, regardait Longin par en dessous en soufflant et en frappant du pied.
Le concret, c'est l'homme dans le monde.
Pour le savant la quantité engendre la quantité ; la loi est une formule quantitative et la science ne dispose d'aucun symbole pour exprimer la qualité en tant que telle.
Elle y pense un petit peu, un tout petit peu, de-ci, de-là, elle l'écornifle.