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Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut mais on est responsable de ce que l'on est.
Jean-Paul Sartre
Quand beaucoup d'hommes sont ensemble, il faut les séparer par des rites, ou bien ils se massacrent.
L'histoire d'une vie, quelle qu'elle soit, est l'histoire d'un échec. Le coefficient d'adversité des choses est tel qu'il faut des années de patience pour obtenir le plus infime résultat.
Un amateur qui barbouille des toiles le dimanche comme on pêche à la ligne.
La métaphysique n'est pas une discussion stérile sur des notions abstraites qui échappent à l'expérience, c'est un effort vivant pour embrasser du dedans la condition humaine dans sa totalité.
Il y a deux espèces de pauvres, ceux qui sont pauvres ensemble et ceux qui le sont tout seuls. Les premiers sont les vrais, les autres sont des riches qui n'ont pas eu de chance.
Plus absurde est la vie, moins supportable est la mort.
Il y a bien des façons de séquestrer un homme. La meilleure est de s'arranger pour qu'il se séquestre lui-même.
Un amour, une carrière, une révolution : autant d'entreprises que l'on commence en ignorant leur issue.
Dira-t-on que je m'entends ? Pas tout à fait, puisque, si l'on enregistre ma voix, je ne la reconnais pas.
Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu.
Quant à la beauté, ceux qui peuvent y penser en travaillant, je les classe, si téméraires qu'ils se prétendent, parmi les esprits académiques.
Ce type à moustaches possède d'immenses narines, qui pourraient pomper de l'air pour toute une famille et qui lui mangent la moitié du visage, mais, malgré cela, il respire par la bouche en haletant un peu.
Il n'est pas du tout utile, il est parfois nuisible que la société prenne conscience d'elle-même.
La violence se donne toujours pour une contre-violence, c'est-à-dire pour une riposte à la violence de l'autre.
Parler c'est agir : toute chose qu'on nomme n'est déjà plus tout à fait la même, elle a perdu son innocence.
Un fou ne fait jamais autant que réaliser à sa manière la condition humaine.
La modestie est la vertu des tièdes.
Il n'y a pas de liberté donnée ; il faut se conquérir sur les passions, sur la race, sur la classe, sur la nation et conquérir avec soi les autres hommes.
"Si l'on me torturait, que ferais-je ?" Et cette seule question nous portait nécessairement aux frontières de nous-mêmes et de l'humain, nous faisait osciller entre le no man's land où l'humanité se renie et le désert stérile d'où elle surgit et se crée.
Si autrui doit pouvoir nous être donné, c'est par une appréhension directe qui laisse à la rencontre son caractère de facticité comme le cogito lui-même laisse toute sa facticité à ma propre pensée.
Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent.
La beauté est une contradiction voilée.
S'aimer, c'est haïr le même ennemi.
Qui donc aimera les pauvres si les pauvres ne s'aiment pas entre eux ?
A quoi ça sert de lutter pour la libération des hommes si on les méprise assez pour leur bourrer le crane ?
Jamais un désir n'est à la lettre exaucé, du fait précisément de l'abîme qui sépare le réel de l'imaginaire.
Aucun de nous ne peut se sauver seul ; il faut que nous nous perdions ensemble ou que nous nous tirions d'affaire ensemble.
- Tu t'en vas ?... - Eh bien !... tu me mets dans de beaux draps ! Qu'est-ce que je vais faire sans toi ?
Jessica : C'est beau, un homme qui est seul. - Hoederer : Si beau qu'on a tout de suite envie de lui tenir compagnie. Et du coup il cesse d'être seul : le monde est mal fait.
Quelques heures ou quelques années d'attente c'est tout pareil, quand on a perdu l'illusion d'être éternel.
Je suis libre : il ne me reste plus aucune raison de vivre, toutes celles que j'ai essayées ont lâché et je ne peux plus en imaginer d'autres. Seul et libre. Mais cette liberté ressemble un peu à la mort.
A présent ils restaient hébétés, les bras ballants, empêtrés de cette vie qui avait reflué sur eux.
Le sage ne peut rien souhaiter sur terre, sinon de rendre un jour le mal qu'on lui a fait.
Qu'est-ce que c'est que ces manières de parler à un supérieur ? Vous ne pouvez pas rectifier la position ? Et ça vous étoufferait de me dire : mon lieutenant.
Je souscris volontiers au verdict d'un éminent psychanalyste : je n'ai pas de Sur-moi.
J'existe. C'est doux, si doux, si lent. Et léger : on dirait que ça tient en l'air tout seul. Ca remue. Ce sont des effleurements partout qui fondent et s'évanouissent. Tout doux, tout doux.
Mais l'espace traverse New York, l'anime, le dilate. L'espace, le grand espace vide des steppes et des pampas, coule dans ses artères comme un courant d'air froid, séparant les riverains de droite des riverains de gauche.
Je ne puis pas me connaître en autrui si autrui est d'abord objet pour moi et je ne peux pas non plus saisir autrui dans son être vrai, c'est-à-dire dans sa subjectivité.
Ils sont encadrés par cinquante types du Corps franc qui ont passé la frontière hier soir et qui les ont massés sur la place.
Les objets, cela ne devrait pas toucher, puisque cela ne vit pas. On s'en sert, on les remet en place, on vit au milieu d'eux : ils sont utiles, rien de plus. Et moi, ils me touchent. C'est insupportable.
On est ce qu'on veut.
Nasty : Je ne veux pas que tu te réjouisses d'avoir mis des hommes à quatre pattes.
Le plaisir est la mort et l'échec du désir.
L'action, quelle qu'elle soit, modifie ce qui est au nom de ce qui n'est pas encore. Puisqu'elle ne peut s'accomplir sans briser l'ordre ancien, c'est une révolution permanente.
C'est dans l'angoisse que la liberté est dans son être en question pour elle-même.
Jules Renard se taisait par écrit.
Il paraît que les bananes ont meilleur goût quand on vient de les cueillir : les ouvrages de l'esprit, pareillement, doivent se consommer sur place.
Si l'auteur inspiré, comme on croit communément, est autre que soi au plus profond de soi-même, j'ai connu l'inspiration entre sept et huit ans.
Longtemps j'ai pris ma plume pour une épée : à présent je connais notre impuissance. N'importe : je fais, je ferai des livres ; il en faut ; cela sert tout de même.