Images
Il serait étrange que l'illusion ne jouât pas dans les jugements que portent les uns sur les autres des hommes de professions ou d'occupations différentes.
Jean Paulhan
Les contes de fées sont les romans érotiques des enfants.
On appelle mots les idées dont on ne veut pas.
Nous nous piquons à nos opinions avec d'autant plus de violence que nous les sentons plus discutées ou plus douteuses, les tenant ainsi pour certaines à proportion qu'elles ne le sont pas.
Le bonheur dans l'esclavage fait de nos jours figure d'idée neuve.
Les seules libertés auxquelles nous soyons sensibles sont celles qui viennent jeter autrui dans une servitude équivalente.
La poésie (et la politique) sont, pour une part, une façon d'utiliser au mieux la folie.
L'image la plus courante que nous formions du rhétoriqueur montre un homme qui prépare et assure, avant d'y couler sa pensée, des combinaisons de langage.
Il semble qu'il y ait eu un temps où les livres nous révélaient l'homme ; tout au moins ils nous familiarisaient avec lui et nous portaient à sa hauteur - s'ils ne le dépassaient pas.
Je m'étonne chaque fois davantage de toute la fraîcheur et la vivacité qui viennent à nos sentiments sitôt purgés des idées et des raisons, avec quoi nous n'avons que trop tendance à les confondre.
Qui veut tenter l'histoire de la poésie, du drame ou du roman depuis un siècle, trouve d'abord que la technique s'en est lentement effritée, et dissociée.
Je vous demande pardon, montées des routes Je vous demande pardon, descentes des routes Ramenez-moi à la maison, mon esprit Je suis fou d'une fille.
Je n'ai d'indulgence pour aucune faute ; j'en ai pour tous les coupables.
Chacun sait qu'il y a, de nos jours, deux littératures : la mauvaise, qui est proprement illisible (on la lit beaucoup). Et la bonne, qui ne se lit pas.
Ce n'est pas un crime de savoir plusieurs langues, c'est plutôt un malheur.
Tout ce que je demande aux Politiques, c'est qu'ils se contentent de changer le monde sans changer la vérité.
On dit que la fin justifie les moyens (elle les condamne tout aussi bien).
... Un bon syllogisme n'a jamais convaincu personne.
Personne n'est jamais allé supposer d'un vase qu'il suffirait, pour l'emplir et le faire déborder, d'une seule goutte d'eau.
L'homme se connaît d'autant moins qu'il se regarde davantage.
La peinture informelle apparaît certain jour de l'année 1910 : c'est lorsque Braque et Picasso se mettent à composer des Portraits, où pas un homme de bon sens ne saurait distinguer des yeux, un nez ni une tête.
Il est aussi inutile de mettre plusieurs épithètes à un même mot que de payer plusieurs fois la même facture.
Que deux époux se voient engagés pour toute une vie, quelle contrainte intolérable. Pourtant ce qu'exigeaient deux amoureux, avec force et dans leur vive liberté, c'était justement de s'engager pour toute une vie.
Tout a été dit. Sans doute. Si les mots n'avaient changé de sens ; et les sens, de mots.
Si j'étais une huître, je ne cultiverais pas ma perle.
Le critique, depuis Sainte-Beuve, constate dans l'écrivain, à la naissance même de l'oeuvre, un phénomène tel qu'il entraîne inévitablement le mérite ou le démérite.
Que le poète obscur persévère dans son obscurité, s'il veut trouver la lumière.
Les machines semblent avoir été inventées pour nous éviter les fatigues, mais tous les travailleurs travaillent beaucoup plus depuis qu'ils s'en servent.
La mort ? Pourvu que je vive jusque là !
L'esprit est un monde à l'envers. Le clair y procède de l'obscur, la pensée y sort des mots.
Aux femmes il est donné de ressembler leur vie durant aux enfants que nous étions.
A propos de la peinture d'avant-garde : Une vaste entreprise de démolition, qui commence par se débarrasser des cardinaux, des nénuphars et des dames nues de la peinture académique.
Qui donc irait faire grief au physicien d'isoler la pesanteur des autres qualités du corps qu'il étudie et de négliger le parfum, la couleur et le goût de la pomme dont il observe la chute !
Il est un ton, à quoi reconnaître à distance la passion partisane. Ce n'est pas nécessairement (comme on le suppose) un ton chaud et persuasif. Non. Mais plutôt un ton froid, détaché, extérieur.
S'il est vrai que la critique soit la contrepartie des arts et comme leur conscience, il faut avouer que les lettres de nos jours n'ont pas bonne conscience.
Force est aux gens de nous juger, non point tant sur nos véritables pensées et nos sentiments qui ne se voient pas, que sur notre dehors et nos actes.
Je dessine seulement, sans les apprécier, les traits généraux du débat.
Du premier instant, une femme est pour nous toutes les femmes ; le seul Chinois que nous connaissions la Chine entière. L'esprit occupe à chaque instant tout l'espace dont il dispose.
L'on peut juger ici de la peine que nous avons à nous débarrasser d'une idée toute faite.
Mais Aragon traite la littérature de machine à crétiniser, les littérateurs de crabes.
Il est bien vrai que les gens gagnent à être connus. Ils y gagnent en mystère.