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Les gens me demandent la raison de cette éclosion de talents, mais c'est toujours comme ça : il y a à certains moments, quand personne ne s'y attend, une génération d'acteurs qui apparaît spontanément. Des groupes se forment. Parfois, il ne se passe rien au Conservatoire pendant des années et, soudain, on voit surgir dix personnes en même temps !
Jean-Pierre Marielle
Je peux me perdre des heures entières dans une strophe de Baudelaire, y nager inlassablement. Si nous sommes tous nostalgiques du ventre maternel, eh bien, j'ai retrouvé ce confort originel dans les poèmes.
Le théâtre est toujours une émotion très présente en moi. Entendre les trois coups, le rideau qui se lève et le murmure de la salle, puis on se lance. Comme les écrivains, le prix Goncourt, on attend toujours le rôle qui va faire de vous quelque chose que vous n'imaginez pas, même dans vos plus chers désirs.
Le danger, une fois la réputation assise, c'est qu'elle ne se relève pas. Se satisfaire de son sort est la pire complaisance. Autant rester debout, ou, tant qu'à faire, allongé.
L'esprit du vêtement c'est toujours de l'ordre du détail, mais un détail qui vous rend complet, si j'ose dire.
Les César, c'est un truc pompé sur Hollywood. Ça ne vaut pas un bon verre, c'est vain.
Je suis davantage du soir ou de la nuit. J'aime les fins de journée, cet instant de transition entre deux états, quand le soleil envisage de se coucher : la lumière décline, s'adoucit, ses ombres se dessinent, les bruits changent, des animaux se réveillent
La communication silencieuse est un idéal.
Ah ! Ah ! J'adore ça, jouer les cons ! Et puis ça me convient bien, en plus. J'ai pas à forcer sur la composition !
Je m'en fous totalement. Les récompenses, ça ne m'intéresse pas. La seule récompense, c'est quand le public passe un bon moment.
Il faut avoir le respect du metteur en scène, mais si on tourne avec un nase ou un nul, on le sait tout de suite.
Lorsqu'on tourne un navet, on pense à la viande que l'on pourra acheter avec le cachet. Et ça passe bien, je n'ai pas l'estomac délicat.
J'ai été élevé dans une famille pas religieuse du tout. Ma grand-mère catholique allait à la messe parce que ça lui rappelait son enfance, sa jeunesse.
Quand on a la chance de faire les bonnes rencontres, on les garde. Encore faut-il pouvoir le faire, parce qu'au bout d'un moment, il y en a pas mal qui décanillent.
Jean Dujardin est loin d'un Depardieu.
Les gens me trouvent sympathique, oui. Ils sont très gentils avec moi. Je suppose qu'ils doivent se dire que je suis comme eux, j'en fais pas des tonnes, quoi.
Il y'a des acteurs qui préfèrent prendre la plume, moi je préfère dire le texte des autres. C'est mon métier !
J'aime ce qui reste de l'ordre de l'immédiat, de l'instant. Je lis le scénario et je demande tout de suite quels seront les partenaires, c'est capital. Un film, il faut que ce soit une rencontre.
Travailler avec des cons, c'est la plaie. Je tâche de le faire le moins souvent possible.
Ne jamais faire d'effort, ou le moins possible, ne m'a pas empêché d'arriver là où je suis (où ? Je n'en sais rien, mais j'y suis bien).
Moi, j'ai toujours adoré les cancres. Ah oui et je le revendique. J'ai le sentiment d'être toujours un peu cancre.
Je n'ai pas le sentiment d'avoir fait une carrière, mais des rencontres.
Les zoos me dépriment : fait-on visiter des prisons aux ours et aux girafes ?
J'ai aimé jouer des personnages caricaturaux : il est plus simple d'ajouter des couches d'habits à sa personnalité plutôt que de la déshabiller d'emblée.
Mon intérêt pour ce métier ne faiblit pas ; quand on a eu la chance de le faire, il faut le reconnaître.
Je suis un traînard, moi. Un mec qui se balade, qui traîne, qui regarde comme ça... C'est ce que j'aime le plus dans la vie : trainer.
Les gens qui vont bien, le proclament fièrement sans cesse, me désolent. Je ne peux leur accorder ma confiance : ils ont trop à perdre pour être fidèles et honnêtes.
Franchement, Jean Dujardin, Gilles Lellouche : ils sont loin d'un Depardieu.
Avec moi, ça vient du coeur ou du fusil.
Je ne sais pas écrire, quelques cartes postales, quelques lettres, c'est tout !
Il est vrai que je vis peu le matin, que je mets à profit pour dormir, je préfère que les journées commencent sans moi, les attraper en route comme un train au démarrage.
Je suis un misanthrope mondain, un solitaire bavard.
Un film, il faut que ce soit une rencontre.
Un air qui n'évoque rien, aucune image, n'apporte aucune vision, ne me sert à rien. En quelques minutes, une mélodie peut vous offrir un film, un tableau, un roman, oblitérer le quotidien, suggérer une autre vie.
J'ai le sentiment d'être toujours un peu cancre.
Pour un acteur, ce n'est pas très intéressant de jouer un type sympa. L'instabilité, le trouble sont beaucoup plus riches. Et surtout, c'est bien de varier.
On le sait peu, mais je siffle très bien. Si je n'avais pas été comédien, j'aurais probablement fait clochard siffleur.
Et puis, travailler avec des cons, c'est la plaie. Je tâche de le faire le moins souvent possible. Je vais vous dire, ça a commencé très jeune : quand ça va pas, je me tire, et quand on me fait chier, je tire !
J'aime autant être seul que rencontrer des gens, ce qui est assez paradoxal à moins d'avoir une schizophrénie en floraison incessante. Je prends beaucoup de plaisir à la conversation et n'aime rien tant qu'on me foute la paix : je suis un misanthrope mondain, un solitaire bavard.
Dieu est fou. S'il existe.
Un comédien a deux familles : celle où il est né et celle qui se nourrit d'hypothèses.
Ma nostalgie est sereine, elle charrie plus de diamants que de barbelés rouillés.
Ça fait toujours ça, on n'est jamais sûr de soi vraiment. Des fois le rôle vient à vous, des fois il ne vient pas. Des fois vous essayez d'aller au rôle et vous n'y arrivez pas. C'est pour ça qu'on a toujours une petite angoisse, qui est toujours la même depuis qu'on passait son temps au conservatoire ou dans les cours d'art dramatique.
L'effort est le contraire de l'art : il faut travailler, certes, mais, s'il faut se forcer, ce métier n'est pas pour vous.
C'est ce que j'aime le plus dans la vie : trainer.
Le talent ne suffit pas pour qu'il soit agréable. Il faut qu'il y ait une rencontre, quasi amoureuse.
Je hais les optimistes et la religion du positivisme qui compte tant d'adeptes. J'aime les désespérés, les hommes perdus, les orphelins.
Les César ? J'en ai rien à foutre, je ne suis pas un acteur de tombola. L'important, c'est devant la caméra. C'est servir un auteur, en découvrir un nouveau.
A quoi bon avoir des amis qui pourraient être n'importe qui ? C'est leur singularité qui les rend aimables.
Certains trouvent que j'ai une tête d'acteur. Moi pas. J'ai une tête de rien. Au fond, c'est peut-être le mieux pour être comédien, avoir une tête de rien pour tout jouer.