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Phèdre, atteinte d'un mal qu'elle s'obstine à taire, lasse enfin d'elle-même et du jour qui l'éclaire, peut-elle contre vous former quelques desseins ?
Jean Racine
Isabelle : Hé ! Monsieur, peut-on voir souffrir des malheureux ? - Dandin : Bon ! cela fait toujours passer une heure ou deux.
Et me déshonorant par d'injustes alarmes, pour attendrir mon coeur on a recours aux larmes ?
Le bonheur de l'impie est toujours agité, Il erre à la merci de sa propre inconstance.
Il nous assure que vous aimez le travail, que vous ne vous dissipez point, et que la promenade et la lecture sont vos plus grands divertissements...
Toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien.
Ah lâche ! fais l'amour, et renonce à l'Empire. - Au bout de l'univers va, cours te confiner, - Et fais place à des coeurs plus dignes de régner.
S'il ne meurt aujourd'hui, je puis l'aimer demain.
Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes, - Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes, - Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel - Abolisse ton nom, ton peuple et ton autel.
A combien de chagrins il faut que je m'apprête !
L'avenir l'inquiète, et le présent le frappe ; - Mais plus prompt que l'éclair, le passé nous échappe.
Vous condamniez vos yeux à quelques jours d'absence ; Croyez-moi, quelque amour qui semble vous charme, On n'aime point, Seigneur, si l'on ne veut aimer.
Et sans doute elle attend le moment favorable Pour disparaître aux yeux d'une cour qui l'accable.
Je m'assure un port dans la tempête. Néron m'échappera, si ce frein ne l'arrête.
Mais il me reste un fils. Vous saurez quelque jour, - Madame, pour un fils jusqu'où va notre amour.
Je viens, selon l'usage antique et solennel, Célébrer avec vous la fameuse journée, Où sur le mont Sina la loi nous fut donnée.
Je suis venu vers vous sans savoir mon dessein : - Mon amour m'entraînait ; et je venais peut-être - Pour me chercher moi-même, et pour me reconnaître.
Eloigné de ses yeux, j'ordonne, je menace, j'écoute vos conseils, j'ose les approuver ; je m'excite contre elle, et tâche à la braver.
La modération n'est qu'une vertu ordinaire quand elle ne se rencontre qu'avec des qualités ordinaires.
Armez-vous d'un courage et d'une foi nouvelle.
O ciel ! plus j'examine, et plus je le regarde, C'est lui. D'horreur encor tous mes sens sont saisis.
Et vous, sous sa majesté sainte, - Cieux, abaissez-vous.
Quelque haine qu'on ait contre un fier ennemi, - Quand il est loin de nous on la perd à demi.
Quoi ! de quelque côté que je tourne ma vue, - La foi de tous les coeurs est pour moi disparue ? - Tout m'abandonne ailleurs ? Tout me trahit ici ?
Vous dont j'ai pu laisser vieillir l'ambition - Dans les honneurs obscurs de quelque légion...
Que d'encens brûleroit dans les temples de Troie, si troublant tous les Grecs, et vengeant ma prisonje pouvois contre Achille armer Agamemnon.
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Qu'une âme généreuse est facile à séduire !
Bannissez ces soupçons qui troubloient notre joie.
L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine.
J'admire un roi victorieux, - Que sa valeur conduit triomphalement en tous lieux ; - Mais un roi sage et qui hait l'injustice, - Qui sous la loi du riche impérieux - Ne souffre point que le pauvre gémisse, - Est le plus beau présent des cieux.
Ce coeur nourri de sang, et de guerre affamé Malgré le faix des ans et du sort qui m'opprime, Traîne partout l'amour qui l'attache à Monime, Et n'a point d'ennemis qui lui soient odieux Plus que deux fils ingrats que je trouve en ces lieux.
Pour moi, depuis deux jours qu'approchant de ces lieux, leur aspect souhaité se découvre à nos yeux, je l'attendois partout.
Que ne peut la frayeur sur l'esprit des mortels ?
Si la foudre d'abord accablait les coupables !
Allez : pour ce grand jour il faut que je m'apprête, et du temple déjà l'aube blanchit le faîte.
Bajazet touche presque au trône des sultans : il ne faut plus qu'un pas. Mais c'est où je l'attends.
Il faut que sur le trône un roi soit élevé, qui se souvienne un jour qu'au rang de ses ancêtres Dieu l'a fait remonter par la main de ses prêtres, l'a tiré par leur main de l'oubli du tombeau, et de David éteint rallumé le flambeau.
O mon souverain Roi ! - Me voici donc tremblante et seule devant toi.
De combien de soupirs interrompant le cours - Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours ! - Quel tourment de se taire en voyant ce qu'on aime ! - De l'entendre gémir, de l'affliger soi-même, - Lorsque par un regard on peut le consoler !
Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez !
Moi-même (je l'avoue avec quelque pudeur), Charmé de mon pouvoir, et plein de ma grandeur, Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce, Chatouilloient de mon coeur l'orgueilleuse foiblesse.
Seigneur, tant de prudence entraîne trop de soin : - Je ne sais point prévoir les malheurs de si loin.
Je vous écris au courant de la plume.
Et ne voyais-tu pas, dans mes emportements, - Que mon coeur démentait ma bouche à tous moments ?
Le lâche craint la mort, et c'est tout ce qu'il craint.
Puisqu'une fois le jour vous souffrez que je voie le seul bien qui me reste et d'Hector et de Troie, j'allois, seigneur, pleurer un moment avec lui : je ne l'ai point encore embrassé d'aujourd'hui.
En effet sa douleur renouvelle sa rage, Et bientôt le combat tourne à son avantage.
Est-ce au peuple, Madame, à se choisir un maître ? - Sitôt qu'il hait un roi, doit-on cesser de l'être ?
Que je vois de sujets d'abandonner le jour !