Citations de Jean Rostand

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La vanité met le mérite à notre merci.

Lorsqu'on aura fait la part des erreurs de l'éducation, des maladresses familiales, de l'iniquité sociale, la nature apparaîtra plus généreuse qu'on ne l'avait crue.

Que de mesure il faut dans l'excès !

Il faut être bien féroce, ou bien loyal envers soi, pour n'être pas égalitaire quand on est riche.

J'en ai assez de réclamer, pour de hauts esprits, les miettes d'une renommée qui va si copieusement à des pitres.

Science sans conscience, on nous l'a assez répété dans les écoles, est promesse de ruine, mais qu'apporte à l'homme la science même consciencieuse ? Comment savoir s'il vaut mieux agir que s'abstenir ou vice-versa ?

Certaines gens sont si contrariants qu'il suffit qu'on les admire pour qu'ils ne s'admirent plus.

Science : la seule façon de servir les hommes sans se rendre complice de leurs passions.

Recherche scientifique : la seule forme de poésie qui soit rétribuée par l'Etat.

Les sentiments nobles sont devenus moins suspects depuis que la psychanalyse en a dégagé les racines ignobles.

L'homme, comme le perroquet du persil, est friand des idées qui le tuent.

Ce n'est pas la faute de l'intelligence si les imbéciles la mettent où elle n'a que faire.

Inutile d'employer un thermomètre de haute précision pour prendre la température d'un fantôme.

Tout plaisir est plaisir d'amour.

Ne pas croire qu'une chose existe parce qu'il serait trop horrible qu'elle n'existât pas. Il n'y a pas de preuve par l'horrible.

A chacun son contre-néant. L'idée de la mort glisse sur moi quand je regarde certains visages ou quand je manipule mes crapauds.

Je me sens très optimiste quant à l'avenir du pessimisme.

La seule chose qu'un dictateur ne peut pas dicter, c'est la vérité.

La Belle au Bois dormant : histoire d'une anabiose par l'amour.

Il est facile de dire ce qu'on veut dire : le difficile, quelquefois, est d'avoir un "vouloir dire".

Il faudrait savoir écouter la louange avec l'oreille d'un ennemi.

Montesquieu disait qu'il n'admirait pas la voix des castrats, parce que, s'ils chantent bien, c'est qu'ils ont été "faits pour cela". De par les soins de la biologie, il y aura de plus en plus de gens qui auront été "faits pour cela".

Laboratoire : Même quand on ne trouve rien, on renifle l'odeur de la vérité qui se cache.

Mort d'une amitié, héritage de temps.

Quand j'admire un livre, c'est que j'y ai trouvé quelques phrases à mâchonner.

Qui a l'esprit trop bien armé ne sait plus admirer que là où l'émotion le désarme.

L'écrivain souhaite des lecteurs qui lui ressemblent et lui soient tout juste inférieurs : à son image, mais plus naïfs.

Je n'ai pas encore assez oublié pour avoir des souvenirs.

Et si d'avoir souscrit à des niaiseries pouvait nous coûter l'immortalité ?

Se flatter d'améliorer l'hérédité humaine en améliorant le milieu social est à peu près aussi naïf que de croire qu'on ferait produire un enfant blanc à des parents nègres pour les avoir peinturés en blanc.

Un pacifiste est un homme qui n'a pas encore rencontré la cause qui le mette en posture de combat.

Ceux qui parlent de la joie d'aimer, c'est qu'ils n'aiment pas. Aimer un être, c'est se le sentir nécessaire, donc se sentir soi-même dans un continuel provisoire.

Jamais on n'a tant parlé de l'avenir que depuis qu'on ne sait même plus s'il y aura un avenir.

La seule vérité en laquelle je crois en est une qui se découvre lentement, graduellement, péniblement, et qui imperceptiblement s'augmente chaque jour.

L'homme est devenu trop puissant pour se permettre de jouer avec le mal. L'excès de sa force le condamne à la vertu.

L'homme est un miracle sans intérêt.

Toute possession dépossède : on perd le respect.

Le rêve de l'homme, écrit Maeterlinck, ce serait d'être un passant qui ne passerait pas. A vrai dire, l'homme se contenterait déjà d'être un passant qui passerait un peu moins vite.

La science trouve plus facilement des remèdes que des réponses.

La vérité est toujours servie par les grands esprits, même s'ils la combattent.

Savoir regarder en étranger nous aide à voir en artiste. Ce qui nous aliène nous inspire.

Plaire à la foule, c'est plaire à un seul.

L'amour, comme tout ce qui vit, commence à dégénérer sitôt conçu.

La biologie nous surprend un peu lorsqu'elle nous apprend que, statistiquement, les femmes les plus belles ne sont pas les plus sottes.

La mort est un processus qui gagne de proche en proche.

L'affreux en mourant, c'est de disparaître sans avoir compris. Le crime de la mort n'est pas qu'elle nous tue, mais qu'en tranchant notre angoisse elle lui confère l'éternité.

Plus vieillira l'humanité, plus elle aura besoin de ses vieillards.

Plus on aime, plus on aurait besoin d'être celui des deux qui aime le moins.

Qu'il faut de l'amour pour pardonner aux maladresses de l'amour !

... une impression extrêmement forte de certitude négative.

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