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Aux instants que la vie nous apparaît tolérable, nous ne lui demandons pas d'avoir un sens ; c'est le désarroi du coeur qui induit l'esprit à trop d'exigence.
Jean Rostand
Si l'on n'écrit pas pour soi, du moins savoir à qui l'on s'adresse ; ne pas loucher en écrivant.
Le plus grand témoignage d'amour qu'on puisse donner à un mort, c'est de n'y pouvoir plus penser.
Dédaigner ce qu'on n'a pas est du dépit ; ce qu'on a, de l'orgueil.
Tout ce qu'un enfant reçoit de ses parents, il le reçoit dans les chromosones qui lui viennent d'eux, et qui descendent en droite ligne de ceux que ses parents eux-mêmes avaient reçus des leurs.
C'est une rare volupté, devant l'excès de la louange, que de se sentir pour une fois sincèrement modeste.
Comme l'intelligence, la sottise peut n'être que reflet.
J'ai fini par acquérir durablement le sentiment de l'éphémère.
Certaines personnes trouvent le moyen de respecter leurs supérieurs sans trop se mépriser eux-mêmes.
La nature, dans l'homme, s'épanouit et se désavoue. L'homme, ce singe dénaturé...
La difficulté est pareille de vivre avec l'être qu'on aime et d'aimer l'être avec qui l'on vit.
Nos espoirs ne seraient-ils que des prétextes à nos élans ?
Qu'il faut donc aimer quelqu'un pour le préférer à son absence !
La pire lâcheté : se servir, contre ce qu'on aime, de ce qu'on n'aime pas.
L'homme ne connaît, à vrai dire, qu'un seul adversaire, c'est lui-même, et si l'on peut craindre, hélas, qu'il ne soit assez déraisonnable pour s'infliger de rudes blessures, on peut douter que, malgré toute sa folie, il réussisse à s'exterminer.
On renonce à ce qu'on possède plus aisément qu'on s'abstient d'envier ce qu'on manque.
Attendre d'en savoir assez pour agir en toute lumière, c'est se condamner à l'inaction.
Qui ne demande rien, c'est qu'il attend tout.
Tant qu'on entend gémir la liberté, c'est qu'on n'a pas trop à s'alarmer pour elle.
Moins on croit en Dieu, plus on comprend que d'autres y croient.
Je vois beaucoup de gens qui ont de la maturité politique, j'en vois moins qui ont la maturité humaine.
On n'aime pas une idée pour sa beauté et sa bienfaisance, mais simplement, comme une personne, parce que c'est elle.
Je ne m'intéresse, socialement, qu'à la valeur de quelques-uns et à la souffrance de tous.
Ce héros est peut-être bien coupable de n'être pas allé plus haut dans la vertu, ce scélérat bien méritant de n'être pas allé plus bas dans le crime.
Toutes les doctrines philosophiques briseront leurs fausses dents sur les réalités coriaces de la science.
En tuant le hasard, on ne ressuscite pas Dieu.
Moins on a de Dieu, plus il faut y croire.
Sortant de certaines bouches, la vérité elle-même a mauvaise odeur.
Qui ne compte plus sur le bonheur est moins soigneux de sa conscience.
On ne peut admirer longuement que ce qu'on admire sans savoir pourquoi.
Le surhomme ? Peut-être fabriquerons-nous un jour ce qui nous comprendra.
Nous nous permettons des écarts de goût que nous interdirions à autrui.
Le beau est ce qui traverse impunément la sottise des âges.
La séparation du conjugal d'avec le sentimental est la première sagesse du mariage : tu ne mêleras jamais tes griefs domestiques et tes ressentiments amoureux.
Tant qu'un problème n'est pas entièrement résolu, le chercheur qui s'y attache a le droit de s'en exagérer la beauté.
La morale, c'est ce qui reste de la peur quand on l'a oubliée.
Carpe diem... Non : Carpe minutam.
Dans la science, quel repos de soi !
La femme prétend à la fois au droit de choisir et à l'honneur d'être choisie.
L'ignorance, c'est d'en savoir autant que les autres, mais en ignorant davantage.
Rien de fastidieux comme des larmes qu'on n'a pas fait couler à dessein.
Ce n'est pas certes le monde naissant qui me fait peur, mais quelquefois le visage de ceux qui l'accouchent.
L'idée de Dieu étant bien difficile à définir, elle me paraît difficile à combattre.
Il n'y a guère de cause dont on souhaiterait le succès si l'on voyait tout ce qui fermente dans le coeur de ses défenseurs.
A la différence de la variation lamarckienne ... la variation buffonienne n'est pas nécessairement adaptative.
... ce que j'aime dans les réflexions détachées, c'est qu'elles peuvent ne relever d'aucun style.
Un être humain, comme n'importe quel animal ou végétal, reçoit de ses parents un certain héritage substantiel, un certain patrimoine héréditaire.
Savoir reconnaître l'humain jusque dans l'inhumain. L'ignoble est souvent du noble ayant mal tourné.
Le menteur à qui l'on retire son masque ressent la même indignation que si on le défigurait.
Il n'y a pas de mathématiques modernes. Ces deux mots anodins font pourtant régner la terreur dans des millions de foyers où les parents, angoissés, "sèchent" sur des problèmes donnés à leurs fils en quatrième.