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Aucune vérité ne doit être préférée à toutes les vérités possibles.
Jean Rostand
Il en est que nous ne saurions abaisser sans nous diminuer aussi nous-mêmes.
La vérité ne nourrit pas son homme.
Morale de généticien : le mal est dominant, le bien est récessif.
J'aime trouver dans un livre de notes l'unité d'un esprit et le désordre d'un cerveau.
Le véritable travail, c'est de savoir attendre.
Une journée qui s'achève : encore une que le néant n'aura pas.
La vraie misère, il est de ton devoir de la soulager dans la mesure de tes moyens.
Il y a bien quelque puérilité dans le goût de la grandeur.
C'est l'innocent forfait de la nature que d'avoir composé les êtres avec la substance des choses.
On n'est pas tenté de chercher des dessous à une oeuvre qui a de trop beaux dessus.
Possible que l'individu trouve son profit et même son aise à se fondre dans la collectivité, mais ce ne serait qu'au détriment de celle-ci. Pour elle, et non pour lui, il doit se défendre contre elle.
Pourquoi désirer la gloire, qu'on méprise dès qu'on l'a ? Mais c'est bien ce que souhaite l'ambitieux : l'avoir pour pouvoir la mépriser.
Ce que tu redoutes n'arrivera pas, il arrivera pire.
Sans doute, si nous avions créé l'univers, n'y aurions-nous pas laissé tant de place vide.
On pardonne à un être sur quelques minutes, comme à un livre sur quelques phrases.
Il y a des chefs-d'oeuvre si fastidieux qu'on admire qu'il se soit trouvé quelqu'un pour les écrire.
A la première défaillance de gratitude, le bienfaiteur sent tout ses bienfaits lui remonter à la gorge.
La vanité repue est toujours un peu honteuse de son appétit.
Ceux qui n'ont pas vraiment souffert ignorent le bien-être du tolérable.
Avant de rêver, il faut savoir.
... le pas de mes incertitudes.
Le danger de la négligence, c'est de laisser voir pire qu'elle-même.
Les sacrifices que tu fais en rechignant, ta femme estimera qu'ils sont annulés par ta mauvaise grâce ; ceux que tu acceptes en souriant, elle arguera qu'ils ne te coûtent point.
Nous avons tous ressemblé en passant à quelqu'un de ceux qui nous font le plus horreur.
L'énergie qu'on met à repousser la louange dénonce l'importance qu'on lui prête.
Le front des hommes est fait pour se cogner à des murs derrière lesquels il ne se passe rien.
Les banalités des écrivains rares nous fournissent de bonnes citations.
Qu'il s'agisse de politique, de morale, ou de philosophie, je suspecte les jugements de ceux qui ignorent tout de ce qu'ils sont.
L'altruisme est souvent un alibi.
En politique, on ne flétrit le mensonge d'hier que pour flatter le mensonge d'aujourd'hui.
Qui tue par égoïsme tue peu ; qui par ambition, beaucoup ; qui par idéalisme, énormément.
Le divin, c'est peut-être ce qui, en l'homme, résisterait au manque de dieu.
Un des dangers d'écrire des maximes, c'est qu'on se met dans le cas d'être cité.
Ceux qui croient en un Dieu y pensent-ils aussi passionnément que nous, qui n'y croyons pas, à son absence ?
L'odieux de la mauvaise foi, c'est qu'elle finit par donner mauvaise conscience à la bonne foi.
Se méfier de tout ce qu'on pense un peu trop fort.
Je ne puis arriver à croire que, mort, on soit moins mort qu'on ne l'est endormi.
Un mensonge peut être moins mensonger qu'une vérité bien choisie.
Laisser toutes les portes ouvertes - mais en défendre férocement l'accès.
Je ne voudrais pas d'un paradis où l'on n'eût pas le droit de préférer l'enfer.
J'aime les phrases qu'on dirait détachées de quelque invisible contexte.
C'est encore croire en soi que de douter de soi.
Le naturaliste se demande parfois s'il veut savoir la nature parce qu'il l'aime, ou s'il ne l'aime que parce qu'il veut la savoir.
L'enfer, c'est quand tout sera parfait.
Il n'y a rien de plausible dans le pensable.
Les mauvais effets d'une juste réforme ne condamnent point cette réforme, mais la société.
L'analyse déforme. En quoi elle est art.
Un seul remède, si l'on en peut user : aimer plus fort qu'on ne souffre.
Nous avons beau les croire plus vaniteux que nous, nous croyons toujours les autres moins vaniteux qu'ils ne sont.