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Dieu se manifeste, il nous guide la distance d'une lieue, puis il laisse tomber. Et tout alors demeure pire qu'avant. Cette vie est la tête à l'envers, personne ne peut mesurer ses cueillettes et pertes.
João Guimarães Rosa
On tremble par amour ; mais que c'est par amour, également, qu'on se fait courage.
De chaque vécu que j'ai réellement passé, de joie forte ou de peine, je vois aujourd'hui que j'étais chaque fois comme s'il s'agissait de personnes différentes. Se succédant incontrôlées. Tel je pense, tel je raconte. Vous avez bien de la bonté de m'écouter. Il y a des heures anciennes qui sont restées beaucoup plus proches de nous que d'autres, de date récente. Vous le savez bien.
Ce qui passe la mesure chez les gens, c'est la force hideuse de la souffrance, ce n'est pas la qualité du souffrant.
Presque tout ce que nous faisons ou négligeons de faire, n'est-il pas, au bout du compte, trahison ? On n'y coupe pas : envers quelqu'un, envers quelque chose.
Folies - c'est ce qui ne marche pas. Mais ça n'est folie qu'une fois qu'on le sait, que ça n'a pas marché !
Tous nos chemins sont glissants. Mais, en même temps, tomber ne nuit pas trop - on se relève, on remonte, on revient !
Dieu mange en cachette, et le diable court partout lécher les plats...
Le coeur augmente par tous les côtés. Le coeur veille, pareil au ruisseau qui musarde entre les vallons et les monts, les forêts et les près. Le coeur mélange les amours. Tout y a place.
Toute mère est faite de bonté, mais chacune accomplit son office, qui est sien et le sien, de façon singulière, selon une bonté différente.
Un chef n'est pas là pour s'annexer les avantages, mais pour corriger les défectuosités.
Un maître n'est pas celui qui sans cesse enseigne, mais celui qui soudain apprend.
Tout amour probable, qu'un jour on négligea, ne cesse jamais, par intervalles, de nous faire mal...
Le plus difficile n'est pas d'être bon et de procéder honnêtement ; le difficile, vraiment, c'est de savoir exactement ce qu'on veut, et d'avoir le courage de mettre ses dires à exécution.
Vivre, c'est voir toutes les bêtises qu'on a faites la veille.
La vie est ingrate dans sa douceur ; mais elle charrie l'espoir jusque dans le fiel du désespoir.
Le théâtre du monde : l'un sur le trône, les autres silencieux endoctrinés.
Ce qui fait le renom, fait le dédain.
Mais la liberté - je parie - n'est encore que la joie d'un pauvre petit chemin, frayant entre les grilles d'énormes prisons.
Je crois que parfois, c'est presque avec l'aide de la haine que nous avons envers une personne, que l'amour voué à une autre croît plus fort.
Il y a des heures anciennes qui sont restées beaucoup plus proches de nous que d'autres, de date récente.
Qui aime est toujours très esclave, mais ne se soumet jamais vraiment.
Venger, je vous le dis : c'est lamper froid le plat que l'autre a cuisiné trop chaud.
La mémoire de la vie des gens se conserve dans des parcelles séparées, chacune d'elles avec son émotion et sa coloration, je crois même qu'elles ne se mélangent pas. Raconter à la suite, en enfilade, ce n'est vraiment que pour les choses de peu d'importance.
Mais penser à la personne qu'on aime, c'est comme vouloir rester au bord de l'eau attendre que le ruisseau apaisé veuille bien, un jour, s'arrêter de couler.