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L'Histoire est une conspiration permanente contre la vérité.
Joseph de Maistre
Le christianisme a été prêché par des ignorants et cru par des savants, et c'est en quoi il ne ressemble à rien de connu.
L'amour, lorsqu'il n'est pas apprivoisé jusqu'à un certain point par une extrême civilisation, est un animal féroce, capable des plus horribles excès. Si l'on ne veut pas qu'il dévore tout, il faut qu'il soit enchaîné.
Ce qu'il y a de plus admirable dans l'ordre universel des choses, c'est l'action des êtres libres sous la main divine.
Librement esclaves, ils opèrent tout à la fois volontairement et nécessairement : ils font réellement ce qu'il veulent, mais sans pouvoir déranger les plans généraux.
Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c'est la révolution qui emploie les hommes.
C'est une règle éternelle de morale et de politique qu'il ne faut jamais pousser son ennemi jusqu'au désespoir.
Les fausses opinions ressemblent à la fausse monnaie qui est frappée d'abord par de grands coupables, et dépensée ensuite par d'honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu'ils font.
Je ne sais ce qu'est la vie d'un coquin, je ne l'ai jamais été ; mais celle d'un honnête homme est abominable.
La terre entière, continuellement imbibée de sang, n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort.
Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu'elle doit remplir.
La France exerce sur l'Europe une véritable magistrature qu'il serait inutile de contester, dont elle a abusé de la manière la plus coupable.
La loi juste n'est point celle qui a son effet sur tous, mais celle qui est faite pour tous.
L'histoire du neuf thermidor n'est pas longue : quelques scélérats firent périr quelques scélérats.
Le goût n'est que la conscience du beau, comme la conscience n'est que le goût du bon.
Le glaive de la justice n'a pas de fourreau.
L'évangile hors de l'Eglise est un poison.
Il n'y a rien d'aussi infortuné qu'un homme qui n'a jamais souffert.
Ainsi s'accomplit sans cesse, depuis le ciron jusqu'à l'homme, la grande loi de la destruction des êtres vivants.
Il y a bien moins de difficultés à résoudre un problème qu'à le poser.
C'est l'imagination qui perd les batailles.
Il n'y a que violence dans l'univers ; mais nous sommes gâtés par la philosophie moderne, qui a dit que tout est bien, tandis que le mal a tout souillé, et que, dans un sens très vrai, tout est mal, puisque rien n'est à sa place.
L'homme peut tout modifier dans la sphère de son activité, mais il ne crée rien : telle est sa loi, au physique comme au moral.
Aucune souveraineté n'est assez forte pour gouverner plusieurs millions d'hommes, à moins qu'elle ne soit aidée par la religion ou par l'esclavage, ou par l'une et l'autre.
L'histoire prouve malheureusement que la guerre est l'état habituel du genre humain dans un certain sens, c'est à dire que le sang humain doit couler sans interruption sur le globe, ici où là ; et que la paix, pour chaque nation, n'est qu'un répit.
Il faut avouer aussi que, du côté des apôtres, le zèle a été parfois un peu précipité ; il a manqué dans cette occasion à la cause de la vérité, ce qui manque si souvent, une grande tête à la tête des têtes.
Il n'y a point de méthode facile pour apprendre les choses difficiles.
Nous sommes tous attachés au trône de l'Etre Suprême par une chaîne souple, qui nous retient sans nous asservir.
Le plus grand ridicule pour une femme, c'est d'être un homme.
Dieu donne à la franchise, à la fidélité, à la droiture un accent qui ne peut être ni contrefait, ni méconnu.
Tu sais, du reste, que tu es ma bien aimée ; ce n'est pas que tu le mérites, mais l'amour est aveugle, et jamais il n'ouvrira les yeux.
L'essence de toute intelligence est de connaître et d'aimer.
La main destructive de l'homme n'épargne rien ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer ; il a besoin de tout, et rien ne lui résiste.
Mais de tous les monarques, le plus dur, le plus despotique, le plus intolérable, c'est le monarque "peuple".
L'exagération est le mensonge des honnêtes gens.
C'est le premier pas qui, dans toutes les guerres, décèle le génie.
Le législateur ressemble au Créateur ; il ne travaille pas toujours ; il enfante, et puis il se repose.
Dans les ouvrages de l'homme, tout est pauvre comme l'auteur ; les vues sont restreintes, les moyens roides, les ressorts inflexibles, les mouvements pénibles, et les résultats monotones.
Grattez le Russe et vous trouverez le Tartare.
Nul ne sait ce qu'est la guerre, s'il n'y a son fils.
Le bourreau est la pierre angulaire des sociétés.
Il y a dans la révolution française, un caractère satanique qui la distingue de tout ce qu'on a vu, et peut-être de tout ce qu'on verra.
Les véritables miracles sont les bonnes actions faites en dépit de notre caractère et de nos passions.
Jamais le christianisme, si vous y regardez de près, ne vous paraîtra plus sublime, plus digne de Dieu, et plus fait pour l'homme qu'à la guerre.
Nos comtes, quand on les compte, ressemblent à des contes.
Toute nation a le gouvernement qu'elle mérite.
Il n'y a que deux maux bien réels dans le monde : le remords et la maladie ; le reste est idéal...
La guerre est donc divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde.
Une constitution qui est faite pour toutes les nations n'est faite pour aucune.
Il n'y a point d'homme dans le monde. J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan ; mais quant à l'homme je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe c'est bien à mon insu.