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La raison peut nous avertir de ce qu'il faut éviter, le coeur seul nous dit ce qu'il faut faire.
Joseph Joubert
Il n'y a pas assez de sagesse ou assez de vertu dans ceux de nos jugements et de nos sentiments où il n'y a pas assez de patience.
Dans le discours, la passion (qui est véhémente) ne doit être que la dame d'atours de l'intelligence, qui est tranquille. Il faut, il est permis, il est même louable de parler avec son humeur, mais il ne faut penser et juger qu'avec sa raison.
Pour bien entendre une belle et grande pensée, il faut peut-être autant de temps que pour l'avoir, la concevoir. S'en pénétrer ou la produire sont presque une même action.
Pensez aux maux dont vous êtes exempt.
Tous les êtres viennent de peu, et il s'en faut de peu qu'ils ne viennent de rien.
La musique et les airs connus. Ou : il n'y a pas de musique plus agréable que les variations des airs connus.
La lecture de Platon est comme l'air des montagnes. Elle ne nourrit pas, mais elle aiguise nos organes et donne le goût des bons aliments.
Jamais les mots ne manquent aux idées ; ce sont les idées qui manquent aux mots.
Les chefs-d'oeuvre n'ont d'autre destination que d'être exposés aux regards d'un petit nombre d'hommes riches et d'être emprisonnés et cachés dans les maisons des grands...
Rien ne fait autant honneur à une femme que sa patience et rien ne lui fait si peu d'honneur que la patience de son mari.
Le but n'est pas toujours placé pour être atteint, mais pour servir de point de mire ou de direction. Ainsi le précepte de l'amour des ennemis.
Le son du tambour dissipe les pensées ; c'est par cela même que cet instrument est éminemment militaire.
S'il est un homme tourmenté par la maudite ambition de mettre tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase, et tout une phrase dans un mot, c'est moi.
Combattre les objections, ce n'est souvent détruire que des fantômes. On n'éclaire rien par là ; seulement on rend muets ceux qui obscurcissent.
Il n'y a dans ce que les hommes ont pensé que quelques sommets, quelques points élevés et dominants. Le reste n'est que leur échelle, échelle que le temps a mis en pièces ; et les pièces en sont perdues, anéanties.
L'écrivain doit se rendre semblable au peintre. Le peintre considère son modèle trait par trait, mais c'est l'ensemble qu'il en montre. Ce n'est pas rayon par rayon, mais par faisceaux, que la lumière nous éclaire.
Si la fortune veut rendre un homme estimable, elle lui donne des vertus. Si elle veut le rendre estimé elle lui donne des succès.
Et ce ne serait peut-être pas un conseil peu important à donner aux écrivains que celui-ci : - N'écrivez jamais rien qui ne vous fasse un grand plaisir.
L'esprit conçoit avec douleur, mais il enfante avec délices.
Nos idées se composent d'ombres et de clartés, d'obscurités et de lumières comme nos peintures. - De sorte qu'on pourrait dire que nos idées les plus subtiles se forment par évaporation, opération qui n'a jamais lieu en certains esprits.
La pitié est au coeur ce que la poésie est à l'imagination.
Il y a des opinions qui viennent du coeur, et quiconque n'a aucune opinion fixe, n'a pas de sentiments constants.
La réminiscence est comme l'ombre du souvenir.
Le grand bienfait de la religion est d'empêcher l'homme d'être superstitieux.
Les rochers sont l'excuse et l'ornement de la stérilité.
Le vrai philosophe est celui qui ne se borne pas à l'être, mais qui est également propre à être épris des vérités solides et des vérités incertaines.
Cela est vrai, un roi sans religion paraît toujours un tyran.
Je suis comme Montaigne "impropre au discours continu".
Il ne faut pas seulement qu'il y ait dans un poème de la poésie d'images, mais aussi de la poésie d'idées.
Ce n'est pas la volonté et le talent tout seuls qui font faire de beaux ouvrages : il faut encore l'occasion.
Il serait difficile de vivre méprisé et d'être vertueux. Nous avons besoin de support.
Le génie est l'aptitude de voir les choses invisibles, de remuer les choses intangibles, de peindre les choses qui n'ont pas de traits.
Les enfants et les esprits faibles demandent si le conte est vrai. Les esprits sains examinent s'il est moral, s'il est naïf, s'il se fait croire.
Ce qui est ingénieux est bien près d'être vrai.
Toute règle a sa raison, qui en est l'esprit, et quand, en observant la règle, on doit s'écarter de sa raison, c'est à celle-ci qu'il faut se conformer. En toutes choses donc, suis la règle, ou mieux encore la raison de la règle, si tu la connais.
Tout ce qui a des ailes est hors de l'atteinte des lois.
Il n'y a rien de plus beau qu'un beau livre.
Car tout sentiment religieux est un sentiment servile et quiconque s'agenouille devant Dieu se façonne à se prosterner devant un roi.
Quoi qu'on en dise, c'est au visage qu'il faut regarder les hommes, mais il ne faut pas prendre leur masque pour leur visage.
Madame Victorine de Chatenay disait de moi que j'avais l'air d'une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s'en tire comme elle peut. Je ne puis disconvenir que ce mot ne soit juste.
Toute réflexion est art.
L'impartialité naît d'une disposition à juger favorablement des hommes et des choses.
Aussi ne faut-il dire une vérité aux hommes que lorsqu'on peut leur en dire deux.
Voltaire. Rousseau. Il faut les lire, quand on veut désapprendre. Ils font douter de tout ce qui est su, de tout ce qui est sûr.
C'est un bonheur, une grande fortune d'être né bon.
Je ne veux pas qu'on soit un charlatan et qu'on use en rien d'artifice ; mais je veux qu'on observe l'art : l'art est de cacher l'art.
Quand on blâme les hommes, il faut leur prouver qu'on a pu les connaître et qu'on n'a pas décidé légèrement.
On aime plus les qualités ; on estime davantage les vertus.
Choisir, et l'embarras du choix. Rien n'est plus important et plus pénible dans l'art d'écrire.