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En effet, la bonté sans doute nous rend meilleurs que la morale.
Joseph Joubert
La justice est la liberté en action.
Il faut se piquer d'être raisonnable, mais non pas d'avoir raison ; de sincérité et non pas d'infaillibilité.
Les poètes doivent être la grande étude du philosophe qui veut connaître l'homme.
Le châtiment des mauvais princes est d'être crus pires qu'ils ne sont.
Liberté ! Liberté ! En toutes choses justice, et ce sera assez de liberté.
On a besoin, pour vivre, de peu de vie. Il en faut beaucoup pour aimer.
Les enfants tourmentent et persécutent tout ceux qu'ils aiment.
Le vrai bourgeois est, par caractère, possesseur paisible et paresseux de ce qu'il a ; il est toujours content de lui, et facilement content des autres.
Tout critique de profession, homme médiocre par nature.
Avoir connaissance d'un fait n'est pas avoir le droit de le publier. Et savoir un fait n'est pas en avoir la connaissance.
Celui qui a de l'imagination sans érudition a des ailes et n'a pas de pieds.
J'aime encore mieux ceux qui rendent le vice aimable que ceux qui dégradent la vertu.
On se luxe l'esprit comme le corps.
La peine du talion n'est pas toujours équitable, quand elle égalise ; mais elle est toujours atroce, quand elle excède. "C'est la justice des injustes", disait Saint-Augustin ; nous pouvons ajouter, des ignorants, et des barbares.
Trois choses sont nécessaires pour faire un bon livre : le talent, l'art et le métier, c'est à dire la nature, l'industrie et l'habitude.
Quand on se souvient d'un beau vers, d'un beau mot, d'une belle phrase, c'est toujours dans l'air qu'on les lit ; on les voit devant soi, les yeux semblent les lire dans l'espace. On ne les imagine point sur la feuille où ils sont collés.
Plutarque, en interprétant Platon, est plus clair que lui, et cependant il a moins de lumière et cause à l'âme moins de joie.
L'évanouissement est une mort courte.
Loin de reléguer les arts dans la classe des superfluités utiles, il faut les mettre au nombre des biens les plus précieux et les plus importants de la société humaine.
L'ouverture, l'exorde, le prélude, servent à l'orateur, au poète, au musicien, à disposer leur propre esprit, et aux auditeurs à préparer leur attention.
C'est une grande vérité qu'il y a des erreurs invincibles qu'il ne faut jamais attaquer.
La vérité consiste à avoir, sur quoi que ce soit, une opinion semblable à la pensée de Dieu même.
Condorcet, il est vrai, ne dit que des choses communes mais il a l'air de ne les dire qu'après y avoir bien pensé, et c'est là ce qui le distingue.
Il est impossible que Voltaire contente, et impossible qu'il ne plaise pas.
Un bon approbateur est aussi nécessaire qu'un bon correcteur.
La critique est un exercice méthodique du discernement.
On entend dans leurs paroles le tintement de leurs cerveaux.
Le bon sens est de savoir ce qu'il faut faire ; le bon esprit, de savoir ce qu'il faut penser.
Le soir de la vie apporte avec soi ses lumières et sa lampe pour ainsi dire.
Il est des esprits voyageurs qui aiment à parcourir les livres et en rapportent le souvenir de tout ce qu'ils ont lu. Ceux-là doivent, comme Bayle, composer des dictionnaires, des recueils, etc.
La parole en effet n'est que la pensée incorporée.
Le doute est en effet un état de balancement ou une espèce d'équilibre où les enfants ne peuvent pas se tenir.
Les grands esprits sont ceux qui déguisent leurs bornes, qui masquent leur médiocrité.
Le courageux a du courage et le brave aime à le montrer.
On peut avancer longtemps dans la vie sans y vieillir.
Ceux qui n'ont à s'occuper ni de leurs plaisirs ni de leurs besoins sont à plaindre.
Quand on a trop craint ce qui arrive, on finit pas éprouver quelque soulagement lorsque cela est arrivé.
Il n'y a de beaux ouvrages que ceux qui ont été longtemps (sinon travaillés, au moins) rêvés.
Penser ce que l'on ne sent pas, c'est mentir à soi-même, comme l'on ment aux autres lorsqu'on leur dit ce qu'on pense ne pas. Tout ce qu'on pense, il faut le penser avec son être tout entier, âme et corps.
Il faut des vertus qui fassent aimer et des défauts qui fassent craindre. Probablement ce sont les défauts qui vous manquent.
Chateaubriand me disait hier : "Il en est des idées comme de ces sources qu'on fait naître sous ses pas sans y penser en pressant la terre du pied." On les trouve en se promenant et en pensant à autre chose, pendant le chemin de la vie.
Les lieux meurent comme les hommes, quoiqu'ils paraissent subsister.
Quand on applique la sévérité où il ne faut pas, on ne sait plus l'appliquer où il faut.
Le grand inconvénient des livres nouveaux, c'est qu'ils nous empêchent de lire les anciens.
Les Français naissent légers, mais ils naissent modérés. Ils ont un esprit leste, agréable et peu imposant.
Il faut pour être un grand écrivain une perspicacité d'esprit, une finesse de tact plus grande que pour être un grand philosophe.
Les passions des jeunes gens sont des vices dans la vieillesse.
L'erreur qui parle par sentences émet des oracles trompeurs. Une assertion hardie nous trompe avec autorité. Il y a des erreurs invincibles qu'il ne faut jamais attaquer.
Les clartés ordinaires ne me suffisent plus quand le sens des mots n'est pas aussi clair que leur son, c'est-à-dire quand ils n'offrent pas à ma pensée des objets aussi transparents par eux-mêmes que les termes qui les dénomment.