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La plupart des femmes qui ont une poitrine exorbitante sont très imperturbables et même arrogantes.
Jules Laforgue
O convoi solennel des soleils magnifiques, - Nouez et dénouez vos vastes masses d'or, - Doucement, tristement, sur de graves musiques, - Menez le deuil très lent de votre soeur qui dort.
Les morts - C'est discret - Ca dort - Bien au frais.
Ah ! tu m'aimes, je t'aime ! - Que la mort ne nous ait qu'ivres-morts de nous-mêmes !
Les dieux s'en vont ; plus que des hures ; - Ah ! ça devient tous les jours pis.
L'âme, cet infini qu'ont lassé tous ses dieux...
Automne, automne, adieux de l'Adieu ! - La tisane bout, noyant mon feu ; - Le vent m'époumone - A reverdir la bûche où mon grand coeur tisonne.
Oh ! qu'une, d'Elle-même, un beau soir, sût venir - Ne voulant plus que boire à mes lèvres, ou mourir !
Le couchant de sang est taché - Comme un tablier de boucher.
Ah ! tout est bien qui n'a pas de fin.
Ah ! jusqu'à ce que la nature soit bien bonne, - Moi je veux vivre monotone.
O calice loyal mais vide - Qui jouais à me rester clos !
Ah ! que la Vie quotidienne... - Et, du plus vrai qu'on se souvienne, - Comme on fut piètre et sans génie...
Ah, madame, ce n'est vraiment pas bien, - Quand on n'est pas la Joconde, - D'en adopter le maintien - Pour induire en spleens tout bleus le pauv'monde !
Sais-tu bien, folle pure, où sans châle tu vas ? - Passant oublié des yeux gais, j'aime là-bas...
Le vent jusqu'au matin n'a pas décoléré. Oh ! Ces quintes de toux d'un chaos bien posthume.
O femme, mammifère à chignon, ô fétiche, - On t'absout ; c'est un Dieu qui par tes yeux nous triche.
Les mares de vos yeux aux joncs de cils, - O vaillante oisive femme, - Quand donc me renverront-ils - La Lune-levante de ma belle âme ?
Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs - Ou l'on voit se mêler en valses fantastiques - Des éléphants en rut à des choeurs de moustiques.
Un couchant mal bâti suppurant du livide.
Et l'Espace, dans un - Va-et-vient giratoire, y détrame les toiles - D'azur pleines de cocons à foetus d'Etoiles.
J'aurais passé ma vie le long des quais - A faillir m'embarquer - Dans de biens funestes histoires - Tout cela pour l'amour - De mon coeur fou de la gloire d'amour.
Jupes des quinze ans, aurores de femmes, - Qui veut, enfin, des palais de mon âme ?
Et moi je suis dans ce lit cru - De chambre d'hôtel, fade chambre, - Seul, battu dans les vents bourrus - De novembre.
Dans les Indes du Rêve aux pacifiques Ganges, - Que j'en ai des comptoirs, des hamacs de rechange !
Et les vents s'engueulent, - Tout le long des nuits ! - Qu'est-c'que moi j'y puis, - Qu'est-ce donc qu'ils veulent ?
Ah ! la belle pleine Lune, - Grosse comme une fortune !
En voulant mettre un peu d'ordre dans ce tiroir, - Je me suis perdu par mes grands vingt ans, ce soir - De Noël gras.
Je ne suis qu'un viveur lunaire - Qui fait des ronds dans les bassins, - Et cela, sans autre dessein - Que devenir un légendaire.
Le soleil est mirobolant - Comme un poitrail de chambellan.
L'hiver gèle les fricots des pauvres aux assiettes sans fleurs peintes.
Il faut donc commencer par faire de la femme un être non travaillant, mais purement esthétique. C'est là le plus sûr élément de progrès.
Dans les jardins - De nos instincts - Allons cueillir - De quoi guérir...
Ah ! ce soir, j'ai le coeur mal, le coeur à la Lune.
O fiancé probre, - Commandons ma robe ! - Hélas ! le bonheur est là, mais lui se dérobe...
O mers, ô volières de ma Mémoire !
Son mari m'a fermé sa maison, digue dondaine, digue dondon.
Et quand tu t'endormiras, - Dans les draps - D'un somme, je t'éventerai de lointains opéras.
Ah ! Que la vie est quotidienne !
Mon corps, ô ma soeur, a bien mal à sa belle âme...
L'abcès perce ! - Vl'à l'averse ! - O grabuges - Des déluges !...
Dis, veux-tu te vêtir de mon Etre éperdu ?
Si mon air vous dit quelque chose, - Vous auriez tort de vous gêner ; - Je ne la fais pas à la pose, - Je suis la Femme ! on me connaît.
Blocus sentimental ! - Messageries du Levant !... - Oh, tombée de la pluie ! Oh ! tombée de la nuit, - Oh ! le vent !...
Les moineaux des vieux toits pépient à ma fenêtre, - Ils me regardent dîner, sans faim, à la carte ; - Des âmes d'amis morts les habitent peut-être ?
Elle est partie hier. Suis-je pas triste d'elle ? - Mais c'est vrai ! Voilà donc le fond de mon chagrin ! - Oh ! ma vie est aux plis de ta jupe fidèle !
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau, - En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie, - En bas la rue où dans une brume de suie - Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Vie ou néant ! choisir. Ah ! quelle discipline ! - Que n'est-il un Eden entre ces deux usines ?
Penser qu'on vivra jamais dans cet astre, - Parfois me flanque un coup dans l'épigastre.
Dans un album, - Mourait fossile - Un géranium - Cueilli aux Iles.