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J'étais très contente quand je ne parlais pas. C'est pour cela que j'ai commencé par la danse : je parlais avec mon corps, et je fermais ma gueule. Tout dire, sans dire.
Juliette Gréco
Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'est une certaine qualité de silence dans une salle. Rien au monde ne peut donner cela. Ce sont de ces rares, rares moments de perfection de vie, où tout est suspendu, on respire ensemble, un coeur bat... C'est un acte d'amour pur. On trouve cela parfois dans l'amour physique. Parfois. Très, très rarement.
Fielleux comme souvent le sont ceux dont on dit qu'ils ont de l'humour.
Que doit-il rester de moi ? Ce que les gens veulent. Ce qu'ils ont reçu. Ce que j'ai pu donner : des moments d'oubli à ceux qui ont choisi de venir m'écouter.
Je suis un animal sauvage impropre au dressage. D'ailleurs, on m'a dit que le premier mot que j'ai prononcé n'était ni maman ni papa. C'était non !
J'aime aller derrière les mots parce qu'il y a autre chose encore. Je ne vais pas à l'évidence. J'aime bien fouiller derrière les mots pour voir.
Dans les coulisses, j'entendais toujours : "Vas-y, vas-y ! Salue, salue !" Mais non, j'ai tout donné ! Je ne veux plus rechanter. Je suis épuisée, une flaque. Ce moment-là, il est magnifique aussi. C'est comme après l'amour, on est exsangue.
Les mots, c'est très grave, pour moi. […] Je ne peux pas mettre dans ma bouche des mots qui ne me plaisent pas.
On pardonne à un homme d'être vieux. Pas à une femme. Avant que les gens me regardent d'un œil attristé, je préfère m'en aller.
Aussi prestigieux que soient les hommes que j'ai épousés, je ne me suis jamais appelée Mme Philippe Lemaire, ni Mme Michel Piccoli, ni Mme Gérard Jouannest. Je m'appelle toujours Gréco.
Quand j'ai commencé, je n'étais pas un produit, je suis devenue un produit ? ! Brel est devenu un produit ? ! On n'avait pas le sens de cela. On s'aimait, on s'admirait les uns les autres. On avait envie d'être, de travailler ensemble. Il y avait une solidarité très pure, pas pour ceux qui nous vendaient, mais entre nous.
Je suis un animal sauvage, totalement impropre au dressage. Je suis arrivée comme ça, je partirai comme ça.
Je me suis mariée trois fois par politesse.
La Fête de l'Humanité, c'est très important. C'est la plus grande fête populaire, il n'y en a pas d'autre et elle est toujours là.
J'ai choisi d'aimer qui je veux quand je veux.
Ça manque de poésie et d'écriture, aujourd'hui.
Quant à la liberté... Si je me suis mariée trois fois, c'est uniquement par politesse. "Ne mettons pas nos noms au bas d'un parchemin..." Brassens a raison.
Je suis une désespérée qui espère ! Malgré cette immense vacuité, malgré ce rien ambiant, malgré ce Front national montant, cette extrême droite dangereuse et terriblement présente.
Je n'aime pas les jeux de pouvoir, je n'aime que les cadeaux. Ceux que je fais et ceux que l'on m'offre...
Pourquoi vouloir s'imposer par la violence et la terreur. Il y a la parole !
Le métier que je fais est bouleversant et ravageur. Mais il m'apporte un bonheur incommensurable. La scène, c'est une manière géniale de faire l'amour.
Si l'enfance est comme la mienne violente et douloureuse, ça conditionne l'adulte que je suis devenue, qui peut rester des jours sans parler.
J'ai un sens suraigu de l'injustice. Quant à la liberté... Si je me suis mariée trois fois, c'est uniquement par politesse. "Ne mettons pas nos noms au bas d'un parchemin..." Brassens a raison. Aussi prestigieux que soient les hommes que j'ai épousés, je ne me suis jamais appelée Mme Philippe Lemaire, ni Mme Michel Piccoli, ni Mme Gérard Jouannest. Je m'appelle toujours Gréco.
Ce métier, je le fais pour plusieurs raisons, mais l'une des plus évidentes est que je voulais qu'on m'aime.
On ne pardonne pas à une femme de vieillir. Je veux partir debout. Je ne veux pas faire pitié. On s'accroche parce que c'est une drogue très puissante, la scène. Je ne veux pas partir trop tard. Il faut partir avant qu'il soit trop tard.
J'ai eu une vie complètement magique, dingue. Cela fait plus de soixante-cinq ans que ça dure. C'est fou !
Si j'avais été jeune, je serais partie en bénévolat dans les pays où ils ont besoin d'aide. Pour moi, c'est pareil sans la gloire, les feux de la rampe. C'est donner et recevoir. Ça part du même principe, de l'échange et de la rencontre.
Aujourd'hui, les jeunes sont en uniforme. Tous pareils, même coupe de cheveux, mêmes grolles, mêmes jeans, même blouson, même bouffe. Une immense armée ! Enfin, ils finiront bien par faire leur révolution.
L'amour rend meilleur. Parfois plus bête, mais ça rend meilleur. Je tiens aussi beaucoup à l'amitié qui est une belle forme d'amour debout. Je tiens également beaucoup au respect, à l'inquiétude qu'on a envers l'autre. Je tiens beaucoup à l'autre.
Je ne serai jamais adulte.
Mon choix de textes est le reflet de ce que je désire. Je me sers de ce que je suis. J'ai un instrument, il s'appelle Gréco. Je joue de moi. Mais c'est dur. Il n'y a rien de plus fatigant que de dire la vérité.
Je déteste répéter. C'est un peu comme si on se regardait dans une glace en train de se donner du plaisir. On s'ennuierait très vite, non ?
Je les mange, les mots. Je les dévore, je les digère. Ils me courent dans les veines, jusqu'au bout des doigts. Ils se promènent dans mon corps avant de repasser par ma bouche... C'est pour cela que je ne peux pas chanter n'importe quoi. Parce que les mots sont en moi. S'ils ne me plaisent pas, je les recrache.
Je les aime toutes, mes chansons... Je vis avec des trésors. Je suis très riche. Riche de mots.