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Je suis devenu écrivain par réflexe nomade, par fidélité envers la tradition de mon peuple, partir avec les livres pour seules attaches, tous les livres mènent au livre, mon identité est faite de mots, je n'en ai jamais eu d'autres.
Karine Tuil
Il ne cherche plus à être connu/reconnu cette obsession rageuse qui détruit tout.
La première manifestation du pouvoir, c'est le désintérêt pour tout ce qui n'en relève pas.
La zone grise, c'est une zone inventée par les hommes pour se justifier, dire : les choses n'étaient pas claires, j'ai pensé qu'elle voulait, je me suis trompé, et passer à autre chose sans avoir à se sentir coupable ni rendre des comptes pour le mal qu'ils ont fait. Moi j'étais claire ; je ne voulais pas. S'il ne s'était rien passé, pourquoi est-ce que j'aurais été porter plainte ?
Elle avait découvert la distorsion entre les discours engagés, humanistes et les réalités de l'existence, l'impossible application des plus nobles idées quand les intérêts personnels mis en jeu annihilaient toute clairvoyance et engageaient tout ce qui constituait votre vie.
Les êtres malheureux se reconnaissent entre eux.
La vie, c'est ça, un apprentissage de la perte.
Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir.
Elle arma un engin redoutable, le chantage affectif, qu'elle manipulait avec dextérité et dont elle vaporisait le contenu comme un gaz lacrymogène.
Bien qu'il n'y ait pas de règles, l'écriture supporte mal les contraintes. Il y a quelque chose d'asocial dans l'acte d'écrire : on écrit contre.
Etre avocat ce n'est pas prouver l'innocence de son client mais démonter les arguments de l'adversaire.
La qualité du tissu que l'on porte sur soi, dans lequel on s'enveloppe, est un signe de valeur sociale.
C'était ça, le véritable amour : être présent à l'heure du déclin quand on avait tout connu et tout aimé d'un être.
Les femmes sont comme les cartes, on doit en prendre plusieurs avant de tomber sur la bonne.
Dans une démocratie, tu peux te moquer des vivants, pas des morts. Dans une dictature, c'est l'inverse.
L'amour s'ennuie vite. Il veut du beau, du neuf. C'est un enfant pourri. Et il se lasse. L'amour est la première révolution sociale, il profite à toutes les classes, mais comme tous les régimes révolutionnaires, il finit souvent en dictature.
Ecrire, c'était avoir les mains sales.
On n'est riche que de mots, on n'est riche que de livres.
Que signifient les racines quand aucun sol ne nous tolère ?
Faire l'amour à une femme triste, c'est lui redonner goût au bonheur.
Il n'était pas plus absurde de traiter un objet comme un être humain que de voir un être humain devenir un objet.
Arabe n'est pas un gros mot... Je n'ai aucun problème à dire que je suis noir. Je n'aime pas l'édulcoration du langage... Souvenez-vous des paroles de Camus : Mal nommer les choses, c'est ajouter du malheur au monde.
Il sortit de sa poche un pilulier, l'ouvrit et prit un anxiolytique qu'il fit fondre sous sa langue. En quelques minutes, l'angoisse se dissipa : désormais, le bonheur ne s'obtenait plus que sur ordonnance.
Tu sais ce que dit le proverbe ? On voit mieux certaines choses avec des yeux qui ont pleuré.
A partir d'un certain âge, seuls les ouvriers perchés très haut sur les échafaudages te sifflent encore.
Il n'y a pas une seule vérité. On peut assister à la même scène, voir la même chose et l'interpréter de manière différente.
L'amour n'est pas fait pour l'épreuve. Il est fait pour la légèreté, la douceur de vivre, une forme d'exclusivité, une affectivité totale.
Tu es israélite ? et je rougissais, être juif, c'est avoir chaud tout le temps.
Elle n'était pas le genre de filles à lui rappeler qu'il y avait tant d'autres lieux qui étaient encore réservés aux hommes – les lieux de pouvoir, notamment ; elle appartenait à cette catégorie de femmes qui ne remettaient jamais en cause l'empire viril, celles qui avaient fait le choix de la collaboration masculine et décidé que leur ascension se ferait grâce aux hommes et non pas contre eux.
On ne peut pas débattre avec quelqu'un comme vous. Vous êtes dans l'invective, vous êtes dans le jugement définitif. D'une certaine façon, vous êtes le produit de notre époque.
La vieillesse est la pire des épreuves sociales. On dérode les hommes comme les arbres.
Dans un couple, les preuves à charge sont plus utiles que les preuves d'amour.
Un chagrin d'amour pouvait-il être considéré comme la plus grande épreuve d'une vie ? Tout amour était-il une illusion ? L'amour rendait-il heureux ? Était-il raisonnable d'aimer ? L'amour était-il un jeu de hasard ? Qui aimait-on dans l'amour ? Pouvait-on vivre sans amour ? Y avait-il une vie après l'amour ? Comment se remettre rapidement d'une rupture amoureuse ?
Dans les moments décisifs de sa vie, l'homme est toujours seul, et particulièrement quand il vieillit.
Ecrire, c'est accepter de déplaire. Ecrire, c'était trahir. Ecrire, c'était avoir les mains sales.
Tout, dans la vie, n'est qu'une question de détermination et de désir. Tout n'est qu'une question d'opportunités, de rencontres et de chances à saisir.
Il y avait toujours un moment dans la vie ou l'on piétinait ses idéaux avec une velléité suspecte.
L'écriture - cet espace où l'on ne se réalise jamais vraiment, où le doute écrase tout.
La plupart des gens préfèrent le confort à la prise de risque, dit-il enfin, parce qu'ils ont peur du changement et de l'échec, alors que la plus grande des peurs devrait être celle d'une vie gâchée.
Se hâtant vers la salle Victor-Hugo, elle songea à cette phrase de l'écrivain dans L'Homme qui rit : La vie n'est qu'une longue perte de tout ce qu'on aime.
Trouvez-nous un interprète qui traduise nos angoisses, nous ne savons pas les exprimer.
Le rire comme l'amour sont deux phénomènes irrationnels et fugitifs.
Personne n'est formé pour supporter la notoriété. Il n'est pas naturel d'être connu, aimé par des milliers de gens.
La mémoire est une vieille juive hystérique.
Pourquoi cherchons nous à être aimés quand il suffirait qu'on nous tolère ?
La nostalgie, ce sentiment qui prédestine aux plus grandes déceptions.
Le syndrome de l'émigrant est une maladie juive héréditaire.
Quelle place la littérature prétend-elle prendre dans ce chaos où l'intime se mêle au politique, où tout semble mouvant et incertain, où le réel revendique sa part de piège et de risque ?
Des sommets, on ne peut plus que redescendre.
La fiction peut être un moyen d'appréhender le réel, à défaut de pouvoir l'expliquer.