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L'humanité n'avance qu'à travers des symboles.
Knut Hamsun
Quel goût merveilleux cela avait d'être redevenu un homme honnête ! Mes poches vides ne pesaient plus, ce m'était une jouissance que de me retrouver sans un sou.
Quand on est vieux, on ne vit plus sa vie, on ne se maintient sur pied que par des souvenirs. Nous sommes semblables à des lettres qui ont été envoyées : nous ne nous trouvons plus en cours de route, nous sommes arrivés.
Toute mon âme subissait une transformation, comme si au fond de mon être un rideau s'était écarté, comme si un tissu s'était déchiré dans mon cerveau.
J'avais remarqué très nettement que si je jeûnais pendant une période assez longue, c'était comme si mon cerveau coulait tout doucement de ma tête et la laissait vide.
On s'habitue à une chose, on la reconnaît parce que nos prédécesseurs l'ont reconnue avant nous ; tout n'est que supposition ; même le temps, l'espace, le mouvement, la matière ne sont que suppositions. Le monde ne sait rien, il accepte...
Les voies de la fortune sont parfois si étrangement tortueuses.
L'amour fut la première parole de Dieu et la première pensée qui traversa son esprit. Lorsqu'il commanda "Que la lumière soit !", l'amour fut. Toute sa création fut réussie et il ne voulut rien y changer. Et l'amour, qui avait été à l'origine du monde, en fut aussi le maître. Mais ses chemins sont parsemés de fleurs et de sang. De fleurs et de sang...
Je devais être inconcevablement maigre. Et les yeux étaient en train de rentrer dans la tête. De quoi avais-je l'air ? C'était le diable aussi d'être forcé de se laisser défigurer vivant, uniquement par la faim !
Avez-vous déjà, ne fût-ce qu'une seule fois, vu un homme épouser celle qu'il aurait dû ?
Oui, notre vie sur cette terre n'est qu'une longue errance. Nous parcourons les routes et traversons les champs, à quatre pattes ou sur nos deux pieds, en nous piétinant les uns les autres.
Et l'amour, qui avait été à l'origine du monde, en fut aussi le maître. Mais ses chemins sont parsemés de fleurs et de sang. De fleurs et de sang...
Savez-vous ce qu'est un grand poète ? C'est un homme qui n'a honte de rien. Les autres gens rougissent parfois de leurs erreurs, le grand poète jamais.
Dieu avait fourré son doigt dans le réseau de mes nerfs et discrètement, en passant, il avait un peu embrouillé les fils.
C'est cela l'amour. Il peut abattre un homme et le relever pour le marquer à nouveau au fer rouge.
L'amour est unique. Il vint sur terre une nuit de printemps lorsqu'un jeune garçon aperçut deux yeux, deux yeux... Il les regarda fixement, embrassa une bouche, et dans son coeur ce fut comme la collision entre deux lumières, le choc entre un soleil et une étoile.
Mais l'amour, qu'est-ce, au juste ? Un vent qui caresse les rosiers ? Non, c'est une flamme qui coule dans nos veines, une musique infernale, qui fait danser jusqu'au coeur des vieillards. C'est la marguerite qui s'ouvre à l'approche de la nuit, et c'est l'anémone qui se referme au moindre souffle et meurt dès qu'on l'effleure. C'est cela, l'amour.
Il n'y avait pas un nuage dans mon âme, pas une sensation de malaise, et aussi loin que pouvait aller ma pensée, je n'avais pas une envie, pas un désir insatisfait. J'étais étendu les yeux ouverts, dans un état singulier ; j'étais absent de moi-même, je me sentais délicieusement loin.
L'amour, c'est un vent qui murmure dans les rosiers, avant de tomber. Mais il peut être aussi un sceau inviolable jusqu'à la mort. Dieu a créé plusieurs types d'amour : ceux qui durent et ceux qui s'évanouissent.
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