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Savoir qu'on regarde pour la dernière fois une chose qu'on a aimée rend cette chose unique, d'une tristesse et d'une beauté infinies.
Laurence Tardieu
On est aussi vulnérable, aussi éphémère que les autres. Notre vie n'a pas davantage de valeur.
Les vies sont si fragiles, si incertaines. On croit parfois leurs fondations solides, on s'émerveille du chemin parcouru, puis, comme ça, soudainement, pour un éblouissement, elles volent en éclats, se fracassent contre un rêve.
Je ne crois pas que ce soit le temps qui passe. Le temps ne passe pas. Ce qui passe, c'est nous.
Les silences ne sont pas toujours des impuissances : ils peuvent ressembler à un baiser.
Vous savez, je ne crois pas aux souvenirs : les souvenirs, ça devient plus beau que ce qui a été, ou moins beau, on ne sait plus. On en perd tant... Ca transforme tout... Et puis c'est violent, ça vous dévore...
Tout nous échappe sans cesse, même les êtres qu'on aime. Mais reste la certitude que certains moments ont été ce qu'on appelle le bonheur.
Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s'affaisser. Il émane d'eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre.
De quoi se souvient-on avec précision ? Ne réinvente-t-on pas tout sans cesse, dans l'espoir fou de donner du sens aux instants détachés et flottants de notre vie ?
On n'oublie rien de ce qui nous a traversé.
Ce qui se passe entre nous, n'a pas besoin de mots pour se dire. Ce qui se passe entre nous dévore tous les mots.
Qui peut se croire assez fort pour ne jamais chuter, pour ne pas désirer céder à ce qui un instant l'a fait défaillir ?
Voilà peut-être ce qu'il faudrait accepter : on ne fait que passer. Et quand bien même l'amour, le combat, la souffrance à en devenir fou... De tout ça un jour il ne reste rien.
Certains déserts ne se traversent que dans un sens.
La vie, c'est un peu comme l'écriture, on ne trouve jamais ce qu'on cherche, on trouve autre chose, et c'est cette autre chose, surprenante, mystérieuse, troublante, qui en fait la beauté.
Je ne savais pas que les mots peuvent sauver. Aujourd'hui je le sais : ils maintiennent le lien à soi. Ils permettent de ne pas s'égarer dans la nuit profonde de la folie.
Ce qui est violent, ce n'est pas le temps qui passe, c'est l'effacement des sentiments et des émotions. Comme s'ils n'avaient jamais existé.
J'ai compris que les livres étaient une des expressions les plus fortes, les plus troublantes et les plus vraies de la vie.
L'amour transforme-t-il une oeuvre comme il bouleverse une vie, avec violence, avec douceur, refermant la vie d'avant, ouvrant sur un horizon plus vaste que ne l'ont jamais laissé entrevoir même les plus beaux rêves ?
Mais, cette histoire, qu'on me permette de croire que c'est avant tout une histoire d'amour. Qu'on me permette de croire que ne pas savoir s'aimer, c'est tout de même s'aimer.
L'amour est la cause de tout : du désespoir, de la joie, de la vie, de la mort. N'est-ce pas ? C'est l'origine, la source première.
Je n'attendais pas grand'chose de lui. J'ai été comblée.
Les grandes douleurs ne se partagent pas, elles s'accompagnent.
Quels sont les êtres assez fous, assez idéalistes, pour ne pas vouloir gagner, dans un monde où seuls les gagnants ont une place ?
D'où vient l'amour ? D'où vient le sentiment amoureux ? Du présent, ou du passé ? De ce que le corps éprouve et dont il est irradié, ou de ce dont il a manqué et après quoi il ne cesse de courir ?
L'éternité n'est pas dans le temps, elle est dans la profondeur.
Les enfants savent tout très jeunes. Ils savent la gravité, la peur, l'abandon. Ils savent le bonheur, aussi ; la plénitude. Plus tard, l'expérience ne fait que confirmer les manques et les promesses.
L'écriture, comme l'amour, permet de tout oublier. L'écriture, comme l'amour, permet de renaître.
Il n'y a pas de vérité, ni des êtres, ni du temps. Il n'y a que le présent, son éblouissement.
L'homme croit aux miracles. Même dans les circonstances les plus dramatiques, il croit encore qu'il peut s'en sortir. C'est sans doute pour ça qu'il parvient à tenir debout dans l'enfer.
Mon enfance ressemble à une longue errance dans un couloir silencieux dont les issues auraient été condamnées.
J'ai peur de vous revoir, mais comme j'en suis heureuse.
Quand bien même on s'est efforcé du contraire : le passé vit en nous. Masse informe tapie au plus profond de soi, qu'on pourrait croire endormie mais qui veille.
On se trompe terriblement : l'humanité ne se divise pas en deux. L'humanité ne se divise pas. Elle n'en finit pas de ce tordre sur elle même. Elle est une immense convulsion.
Je ne savais pas aimer hors de toi, toi que pourtant je ne parvenais pas à atteindre.
Ce n'est pas parce que je m'en vais plus tôt que d'autres que je perds quelque chose d'important. Je rends grâce, au contraire, de connaître ces instants. L'éternité n'est pas dans le temps, elle est dans la profondeur. Dans son vertige.
On a besoin, au cours de ce cheminement intérieur, de se remémorer les moments heureux, pour ne pas douter d'avoir aimé, d'avoir été aimé. Se souvenir, c'est ça aussi : être certain d'avoir été en vie.
J'écrirai mon amour pour vous, non pour le rêver, mais pour m'en envelopper. Pour le faire vivre.
Le bonheur, c'est de se savoir appartenir au royaume des vivants, et d'en éprouver les innombrables frémissements.
Durant des années le temps paraît linéaire, malgré les écueils, les soubresauts, les détours. Jusqu'au jour où une chute plus profonde fait voler en éclats les moindres repères.