Images
Pourquoi écririons-nous, sinon ? Pourquoi écririons-nous si la vie réelle nous satisfaisait ? La vie réelle est affreusement contrariante, Curtis, vous le savez bien, elle ne serait pas supportable sans les livres, ceux que nous lisons et ceux que nous écrivons.
Lionel Duroy
C'est dans ces moments là que j'admire le plus notre père, parce que je crois qu'à sa place je préférerais m'enfuir, ne plus jamais remettre les pieds à la maison, plutôt que de pousser la porte de leur chambre, sachant que notre mère est juste derrière.
Notre vie est si décousue, si destructurée, que je ne conserve de cette période que des bribes de souvenirs, comme si je n'avais fait que somnoler.
J'ai remarqué que tous mes livres se construisent ainsi, malgré moi, dans un mélange hasardeux de leurres et de vérités, comme si le trompe-l'oeil était indispensable à la manifestation de la vérité.
Le respect aveugle du devoir peut conduire à l'anéantissement de la vie même.
J'avais remarqué depuis longtemps, qu'écrire provoquait chez moi un fort sentiment d'insécurité, que je sursautais au moindre bruit, comme si, me sachant distrait, je me sentais à la merci de tous les gens mal intentionnés.
Une fois les choses écrites, il n'y a plus d'échappatoire.
C'est cela vivre, ça se résume à cela finalement, faire quelque chose de ce qui nous arrive, sinon on reste là au bord du chemin, comme une bête apeurée, et on n'a plus d'autre choix que de crever.
Les gens d'ici ont eu le même espoir un jour : ils sont partis de chez eux, ils ont cru qu'ils pourraient se débarrasser du fardeau, et regarde dans quel état ils sont aujourd'hui ! Regarde ce qu'ils sont devenus !
Agnès veut bien aller fouiller dans le passé, mais seulement après que des millions d'années se sont écoulées, quand les souvenirs fossilisés, ne risquent plus de blesser personne, tandis que moi je travaille à coups de marteau parmi les vivants.