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Le chômage c'est la misère. Le travail est l'exploitation. On ne veut pas des miettes on veut tout de la boulangerie. Le travail est à la vie ce que le pétrole est à la mer.
Lola Lafon
Cette histoire est une écharde sur laquelle sa chair s'est recomposée, et à force d'années. Un petit coussin de vie rosé, solide et élastique. Ce corps étranger n'en est plus un, il lui appartient, solidement maintenu dans un faisceau de fibres musculaires, à peine effrité par le temps.
Ce n'est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche ; Nous sommes traversés de ces hontes, un tourbillon qui, peu à peu, nous creuse et nous vide. N'avoir rien dit, rien fait. Avoir dit oui parce qu'on ne savait pas dire non.
Dès qu'une idée vient titiller l'ordre, l'ordre se protège. C'est normal, c'est de bonne guerre. Mais étrangement, j'ai l'impression que les réseaux sociaux font évoluer les choses dans le bon sens, notamment en ce qui concerne la libération de la parole
Si la politique n'avance pas, c'est qu'elle utilise toujours la même langue. Je crois en revanche énormément au pouvoir émancipateur de la fiction, aux histoires, aux films, aux séries, à cet espace d'imaginaire pour changer les choses.
Le passé était irréversible. A ucun pardon ne pourrait défaire ce qui avait été.
À défaut du pardon, laisse venir l'oubli.
Tout dépend de la façon dont on définit le féminisme, mais si l'on part de la définition la plus simple, à savoir que le féminisme est un humanisme, cela paraît fou que ce mot puisse provoquer de telles réactions. Il s'agit tout de même de la seule révolution à n'avoir fait aucun mort.
Cléo connaissait-elle l'origine du mot "pardonne" ? Il se composait de "donne" (donare) et de "complètement" (par), c'était un acte d'abnégation pas effacer. Le pardon n'était pas l'oubli (…). Pardonner était une décision, celle de renoncer à faire payer à l'autre. Ou à soi-même.
On pourrait dire qu'un roman féministe est un livre dans lequel les personnages font un pas de côté par rapport au centre. Ne pas être au centre d'une société, d'une narration, c'est un peu ce que vivent toutes les minorités. De quelle manière voit-on les choses quand on est dans cette position-là, un peu en biais, voilà ce qui m'intéresse.
Notre boulimie d'héroïsme est le propre d'une société de spectateurs rivés à leur siège, écrasés d'impuissance. Être fragile est devenu une insulte.
Le danger avait l'haleine tiède d'un animal assoupi.
Danser, c'est apprendre à dissocier. Pieds poignards et poignets rubans. Puissance et langueur. Sourire en dépit d'une douleur persistante, sourire en dépit de la nausée, un effet secondaire des anti-inflammatoires.
L'amour effiloché, c'était se reprocher de ne pas compter de la même façon.
C'est une chose curieuse que de rouvrir une boîte à souvenirs ; on a le geste sûr, on ne doute pas que le passé aura la mine touchante d'une vieillerie démodée. Mais les regrets se révèlent intacts, tranchants.
Comment savoir si une histoire était "MeToo" ? Y avait-il des critères ? Le col de son chemisier blanc dessinait des ailes sur on pull bleu marine. Elle prononçait "mitou" comme si elle appelait un chaton.
Par quel sale tour se retrouve-t-on brusquement vieux ?
Cette souffrance en veille ressurgissait à tout propos, celle d'une ancienne gamine à qui des adultes avaient enseigné la solitude des trahisons.
L'amour, est-ce que cela ressemblait à ce débordement, ce grand n'importe quoi de vertiges et de sourires, ce désir de bloquer le présent sur pause ?
Pour moi, le féminisme passe par des romans de cheminement. Mes livres ne sont que des histoires de femmes qui quittent les rails, sortent des assignations. Il y a aussi dans mes livres le thème de la transmission entre les femmes. C'est un sujet très important.
Le travail est à la vie ce que le pétrole est à la mer.
Pour moi, affirmer qu'on n'est pas féministe devrait être lesté du même poids qu'affirmer qu'on n'est pas anti-raciste. C'est pareil.
Les paillettes naissaient de ce qu'on tenait pour négligeable.
Autrice, contrairement à beaucoup de gens, je trouve ce mot assez joli.