Images
Je suis plein du silence assourdissant d'aimer.
Louis Aragon
Poésie ô danger des mots à la dérive.
Impossible de retrouver son nom, tout d'un coup... ah, c'est bête. Je le vois comme si j'y étais, en 1922, au théâtre Antoine... et puis son nom, pas mèche ! Enfin, je ne connais que ça...
Je parle un langage de décombres où voisinent les soleils et les plâtras. Car j'annexe également les miettes multicolores des villes.
Je ne vais pas m'esquinter à travailler pour engraisser une bande de députés peut-être. Et des impôts, et des impôts...
Qui a le goût de l'absolu renonce par là même à tout bonheur. Quel bonheur résisterait à ce vertige, à cette exigence toujours renouvelée ?
Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent C'est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré C'est toujours notre amour la rue où l'on s'égare.
Pas de mer qui ne soit salée, ni de belle-mère qui soit douce.
Le lierre de tes bras à ce monde me lie Je ne peux pas mourir Celui qui meurt oublie.
Un amour qui commence est le pays d'au-delà le miroir Raconte-moi ton univers raconte-moi ta solitude Chaque mot que tu dis de ton passé me rend triste et jaloux Femme ô femme que ne t'ai-je connue alors petite fille.
L'enfant accaparé par les belles images Equarquille les siens moins démesurément Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages.
La poésie, notre poésie se lit comme le journal. Le journal du monde qui va venir.
Nous avons comme un pain partagé notre aurore Ce fut au bout du compte un merveilleux printemps.
La nuit de nos villes ne ressemble plus à cette clameur des chiens des ténèbres latines, ni à la chauve-souris du Moyen Age, ni à cette image des douleurs qui est la nuit de la Renaissance. C'est un monstre immense de tôle, percé mille fois de couteaux.
Il passait son temps à vérifier si on le volait. Il laissait pour cela aux endroits les plus divers, en vue, ou comme cachés négligemment sous des feuilles de papier, sous un gant, un journal, un franc, dix sous, enfin quelque monnaie.
La femme est dans le feu, dans le fort, dans le faible, la femme est dans le fond des flots, dans la fuite des feuilles, dans la feinte solaire où comme un voyageur sans guide et sans cheval j'égare ma fatigue en une féerie sans fin.
L'esprit au fond du ciel trop grand S'égare faute d'alidade...
J'empêche en respirant certaines gens de vivre Je trouble leur sommeil d'on ne sait quel remords Il paraît qu'en rimant je débouche les cuivres.
Comme une étoffe déchirée On vit ensemble séparés Dans mes bras je te tiens absente Et la blessure de durer Faut-il si profond qu'on la sente Quand le ciel nous est mesuré C'est si peu dire que je t'aime.
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire - J'ai vu tous les soleils y venir se mirer - S'y jeter à mourir tous les désespérés - Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire.
Y a-t-il une idée qui vaille qu'on s'y arrête ?
Je te touche et je vois ton corps et tu respires Ce ne sont plus les jours du vivre séparés C'est toi tu vas-tu viens et je suis ton empire Pour le meilleur et le pire Et jamais tu ne fus si lointaine à mon gré.
Un beau soir l'avenir s'appelle le passé C'est alors qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse.
Pas vilaine, cette jeunesse. Il était très sensible à la fraîcheur, lui dont le teint était vilainement brouillé.
Aimer à perdre la raison Aimer à n'en savoir que dire A n'avoir que toi d'horizon Et ne connaître de saisons Que par la douleur du partir Aimer à perdre la raison.
Le spectacle ne commença que fort tard, ce qui mit mal à son aise Edmond qui attendait merveille de l'extinction des lumières.
Imagination attachée à des variations infimes et discordantes, comme si la grande affaire était de rapprocher un jour une orange et une ficelle, un mur et un regard.
Le frisson d'autrefois revient dans mon absence Et comme d'une main mon front est caressé Le jour au plus profond de moi reprend naissance.
Il a donc grimpé toute sa vie vers cette crête d'où l'on aperçoit l'autre côté des choses, qui est mort et massacre avec la clangorante épopée, la chevauchée renouée des paladins modernes.
M. de Loménie de Méjouls aimait à se déculotter en public. Comme ça. C'était une plaisanterie de gamin qui avait fait long feu.
L'enfer existe. Il est la part du plus grand nombre.
Déjà vous n'êtes plus - Qu'un mot d'or sur nos places - Déjà le souvenir - De vos amours s'efface - Déjà vous n'êtes plus - Que pour avoir péri.
Soudain la vapeur se renverse Toi qui croyais faire la loi Tout existe et bouge sans toi.
Un jour gris, avec cette fausse brume qui s'accroche aux arbres sans feuilles, estompait la silhouette de verre du Grand Palais.
Paradis artificiels. C'est un pléonasme.
En août lorsque ce sont des étoiles qu'il pleut Qui de vous formula des souhaits sacrilèges.
On se trouve devant un écrivain, on a recours au questionnaire de Marcel Proust ... bien que pour être con, il soit con, ce questionnaire.
Pas un geste, pas un cillement qui ne m'engage à fond, qui ne fasse dévier ma vie.
Celui qui croit pouvoir mesurer le temps avec les saisons Est un vieillard déjà qui ne sait regarder qu'en arrière On se perd à ces changements comme la roue et la poussière Le feuillage à chaque printemps revient nous cacher l'horizon.
L'art du roman est de savoir mentir.
Il avait fait de la salle d'armes pendant des années, et il avait des fleurets et des épées. Il imagina de créer pour les jeunes ouvriers de la chocolaterie un cours d'escrime.
Le monde est rempli de faux témoins.
Quand je parle d'amour mon amour vous irrite Si j'écris qu'il fait beau vous me criez qu'il pleut Vous dites que mes prés ont trop de marguerites Trop d'étoiles ma nuit trop de ciel mon ciel bleu.
On peut mesurer l'influence et la force d'un esprit à la quantité de bêtises qu'il fait éclore.
Je préférais ne prendre rien à prendre une chose imparfaite.
Je suis le prisonnier des choses interdites.
Je chante parce que l'orage n'est pas assez fort pour couvrir mon chant.
Rien n'est jamais acquis à l'homme.
Je donne un nom meilleur aux merveilles du jour J'invente à nouveau le vent tape-joue le vent tapageur Le monde à bas je le bâtis plus beau.
Où le mensonge commence et prend corps, où il cesse d'être le consentement à ce qui est pour devenir le complice de l'erreur, je suis bien incapable de le dire.