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J'allais atteindre mes sept ans, bientôt j'irais à l'école, il fallait pas qu'on m'égare... C'était plus le moment de badiner.
Louis-Ferdinand Céline
Le cuistot sort de sa cambuse. Il lance à bouffer aux oiseaux râleurs une énorme écuelle.
Elle retourne le sablier de la Cour au moment où je vais calencher... - Il mourra jamais !
Il y a un moment de la misère où l'esprit n'est plus déjà tout le temps avec le corps. Il s'y trouve vraiment trop mal. C'est déjà presque une âme qui vous parle.
Ainsi les rares énergies qui échappaient au paludisme, à la soif, au soleil, se consumaient en haines si mordantes, si insistantes, que beaucoup de colons finissaient par en crever sur place, empoisonnés d'eux-mêmes, comme des scorpions.
Les idées ne venaient pas facilement, il peinait pour s'exprimer et encore, bien plus pour écrire.
Rien qui n'éteigne comme un feu sacré.
L'existence, ça vous tord et ça vous écrase la face. Les pauvres sont fadés. La misère est géante, elle se sert pour essuyer les ordures du monde de votre figure comme d'une toile à laver.
L'odeur par là vers les docks est insidieuse, au soufre mouillé, au tabac moite vous rentre au poil, vous habille... au miel aussi...
C'est la manie des jeunes de mettre toute l'humanité dans un derrière, un seul, le sacré rêve, la rage d'amour.
Faut comprendre ! On vous explique bien trop de choses ! Voilà le malheur ! Cherchez donc à comprendre ! Faites un effort !
Dès que le patron a mis les bouts, le petit Robert, il se tenait plus.
La guerre, c'était en somme tout ce qu'on ne pouvait pas comprendre. Ça ne pouvait pas continuer.
Autant pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c'est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous.
La marchande de pantoufles sort de chez elle et promène, en bavardant, d'une devanture voisine à l'autre, ses kilos de varices après les jambes.
Il n'y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n'a pas encore été dit. On ne sera tranquille que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire.
Il y a trop de choses à comprendre en même temps.
Il me reprend par le bras... Il biche je vois qu'il est heureux qu'il m'emmène...
Ils ne savaient pas, ces primitifs, l'appeler "Monsieur" l'esclave, et le faire voter de temps à autre, ni lui payer le journal, ni surtout l'emmener à la guerre, pour lui faire passer ses passions.
Mon sentiment c'était comme une maison où on ne va qu'aux vacances. C'est à peine habitable. Et puis aussi c'est exigeant un agonique. Agoniser ne suffit pas. Il faut jouir en même temps qu'on crève, avec les derniers hoquets faut jouir.
L'homme n'est pas longtemps honnête quand il est seul, allez !
Tout pour la nuit ! C'est ma devise ! Il faut tout le temps songer à la nuit.
J'aimais pas moi, les questions. Je me renfrognais aussitôt... Avouer ça attire les malheurs.
En attandant, quant aux malades, il n'en venait pas "bezef". Faut le temps de démarrer, qu'on me disait pour me rassurer.
Les malheurs ça se fatigue aussi...
La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer moi.
Un patron se trouve toujours un peu rassuré par l'ignominie de son personnel.
Il faudrait fermer le monde décidément pendant deux ou trois générations au moins s'il n'y avait plus de mensonges à raconter. On n'aurait plus rien à se dire ou presque.
Les chats trop menacés par le feu finissent tout de même par aller se jeter dans l'eau.
Et puis sans milliards qu'espérer ! Rigoler un peu tout au plus.
Pour bien enchaîner ma Légende j'aurais pu me documenter auprès de personnes délicates... accoutumées aux sentiments... aux mille variantes des tons d'amours... J'aime mieux me débrouiller tout seul.
N'oubliez pas que je suis vieux ..., je pourrais me payer le luxe de m'en foutre moi de l'avenir !
Etre brave avec son corps ? Demandez alors à l'asticot aussi d'être brave, il est rose et pâle et mou, tout comme nous.
Il n'y a pas de vanité intelligente.
Entre le pénis et les mathématiques, il n'existe rien ! Rien ! C'est le vide !
Ca répercutait plein le bastringue que ça faisait trembler les parois tellement qu'ils hurlaient fort en choeur !... Le lustre à bobèches il voguait, valsait sur les têtes !...
Les femmes à Pierrot qu'on se trompe pas, avec tous leurs vices et machins, si elles affurent trois Livres par jour ! c'est le bout du monde !
Il n'a plus assez de musique dans le coeur pour faire danser sa vie.
L'histoire ne repasse pas les plats.
Mon tourment à moi c'est le sommeil. Si j'avais bien dormi toujours j'aurais jamais écrit une ligne.
La pluie d'Angleterre c'est un océan suspendu... On se noie peu à peu...
Notre bouzine cane, grelotte, engagée traviole au montoir entre trois camions déporte, hoquète, elle est morte !
On rêve de choses plus ou moins précises, on se laisse porter par ses ambitions, par ses rancunes, par son passé. C'est un des lieux les plus méditatifs de notre époque, c'est notre sanctuaire moderne, la Rue.
On ne sait plus qui réveiller en vieillissant, les vivants ou les morts.
Je trottais ... jusqu'à la pissotière de la place des Fêtes. Premier abri. Dans l'édicule, à hauteur des jambes, je trouvais justement Bébert.
Puisqu'elle avait envie de se sacrifier exclusivement à un "petit être", je jouais donc de malchance, moi. Je n'avais à lui offrir que mon gros être qu'elle trouvait absolument dégoûtant.
Je ne veux rien dire contre lui, puisque c'est un ami à toi.
Je vois qu'ils croient que je déménage... Ils se font des signes. - Suivez-nous jeune homme !... Suivez-nous !... Montez tout doucement... doucement avec nous.
Ce qui nuit dans l'agonie des hommes c'est le tralala l'homme est toujours quand même en scène le plus simple.
Ah ! je t'aime Julie, tellement que je boufferais ta merde, même si tu faisais des étrons grands comme ça.