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Dans l'excès du malheur on se laisse tromper par le plus faible rayon d'espérance.
Louis-Philippe de Ségur
Un pouvoir qui s'élève en s'isolant devient d'autant plus fragile qu'il est plus haut, qu'il se prive de solidité en se privant de base, et qu'aucune force ne peut s'appuyer que sur ce qui résiste.
La puissance et la richesse des grands s'accroissent toujours en proportion de l'abaissement et de l'oppression des peuples ; plus les nations s'appauvrissent, plus les cours deviennent somptueuses.
Le peuple préfère habituellement la paix à la liberté.
Un conquérant est un joueur déterminé qui prend un million d'hommes pour jetons et le monde entier pour tapis.
La multitude excite ses favoris à l'attaque, et les abandonne dans le péril.
Les grandes folies appartiennent au premier amour, et les grandes faiblesses au dernier ; l'un est le complément de la vie, et l'autre en est le reste
Dès que la vertu obscurcie recommence à briller au milieu d'une nation vaincue, elle se relève de ses ruines ; son exemple crée des héros, opère des prodiges.
Il vaut mieux avoir fait en peu de temps beaucoup de bien que de courir le risque de faire beaucoup de mal longtemps.
Le sang répandu cimente l'opinion qu'on veut comprimer.
Quand l'histoire encense la vanité des despotes, elle est complice de la tyrannie.
Un Caton de vingt ans, un Adonis de cinquante ans, sont également ridicules.
La reconnaissance, volupté des coeurs bien nés et fardeau pour les ingrats, est non-seulement un devoir privé, mais encore une vertu qui produit le bien général, car elle est le prix et l'encouragement de la bienveillance.
Les manifestes sont les voiles de la politique.
L'autorité qu'on méprise est bientôt bravée.
Rien n'est plus rare et plus glorieux que de se faire aimer de ceux qu'on a vaincus.
L'histoire renferme l'expérience du monde et la raison des siècles : c'est un maître impartial dont nous ne pouvons réfuter les raisonnements, appuyés sur des faits ; il nous montre le passé pour nous annoncer l'avenir ; c'est le miroir de la vérité.
L'âme prend, par l'habitude ou du bien ou du mal, un bon ou un mauvais pli ; et, lorsqu'il est une fois marqué, rien n'est si difficile que d'en faire disparaître la trace.
Tout le monde adore la fortune, et tout le monde s'en plaint. Nous attribuons ses faveurs à notre mérite, nous la rendons coupable de nos fautes.
Le vrai secret d'affermir son autorité, c'est de la fortifier par l'amour.
La colère est à-la-fois le plus aveugle, le plus violent et le plus vil des conseillers.
Si les victoires terminent les révolutions, la clémence seule peut les empêcher de se renouveler ; et l'on n'en détruit le souvenir qu'en les oubliant soi-même.
La vraie sagesse n'est point austère ; l'ami de l'humanité ne tombera jamais dans une sombre misanthropie : la mémoire du bien qu'on a fait rafraîchit le sang et calme l'âme.
Tous les méchants sont buveurs d'eau : C'est bien prouvé par le déluge.
Presque tous les premiers pas des réformateurs sont sages : mais bientôt les obstacles qu'ils rencontrent les irritent, et la passion les emporte au-delà du but ; ils arrivent à l'erreur par le chemin de la vérité.
Le bonheur humain n'est qu'un éclair ; il semble ne briller que pour annoncer l'orage.
Il n'existe pas de tyrans pires que ceux qui ont commencé leur vie dans la servitude ; ils exercent le pouvoir comme une vengeance.
Souvent le peuple, par vanité, souffre qu'on l'enchaîne, pourvu qu'on paraisse le respecter.
Les grands peuples ne résistent pas plus que les grands hommes à l'ivresse d'une haute fortune.
A la guerre la fortune se range presque toujours du côté de ceux qui la méprisent.
Tous les hommes entendent la voix des passions ; très peu sont susceptibles d'écouter celle de la politique et de la raison.
La vraie clémence consiste non à pardonner, mais à oublier : il y a des pardons qui offensent ; ils gravent l'injure au lieu de l'effacer, et tuent la reconnaissance en l'exigeant.
La faveur populaire est inconstante, et la haine aristocratique est durable.
La plupart des hommes ne sont que trop entraînés par l'égoïsme ; mais ils le cachent, taudis que les princes, plus hardis, le montrent trop souvent sans voile.
On pourrait vous dire comme Figaro : Aux qualités qu'on exige dans un serviteur, connaissez-vous beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ?
Lorsqu'on veut animer la multitude, l'accumulation des griefs a plus de force que leur vraisemblance.
Les lois tyranniques sèment la haine et recueillent la révolte.
Un hasard peut vous faire monter sur le char de la fortune ; mais il vous verse ou ne vous mène à rien, si vous ne savez pas le conduire.
Les bonnes opinions sont celles qui ne veulent que l'intérêt de la majorité, et les mauvaises celles qui ne défendent que l'intérêt d'un parti.
Un peuple qui se prosterne, même devant un bienfaiteur, ne pourra plus se relever contre un tyran.
L'égoïste n'est jamais reconnaissant ; il écrit à l'encre le mal qu'on lui cause, et au crayon le bien qu'on lui fait.
Les vices forment une chaîne dont le premier anneau est l'égoïsme.
En tout temps, en tout lieu, les grandes vertus, les grands crimes, sont rares ; la faiblesse et la médiocrité sont communes : peu d'hommes vont jusqu'à l'extrême du bien et du mal ; la foule est dans le milieu.
L'homme est toujours pauvre en pensant à ce qui est au-dessus de lui, et riche en se comparant à ce qui est au-dessous.
La renommée des grands hommes s'augmente par la médiocrité de leurs successeurs.
Les partis cèdent et triomphent alternativement ; les majorités changent, mais les lois restent.
Les hommes libres aiment leurs chefs, les esclaves adorent leurs maîtres.
L'éducation devrait être regardée partout comme une partie principale de la législation.
C'est dans les temps d'infortune que les rois sont forcés de préférer le mérite à la faveur.
L'âge mûr doit proposer les lois ; la vieillesse doit les sanctionner ; la jeunesse doit les défendre et les exécuter.