Images
Les hommes vulgaires se laissent endormir par l'encens et par les hommages ; les hommes de génie en prof1tent sans s'y fier.
Louis-Philippe de Ségur
L'amour qui vient du coeur s'enflamme par le plaisir, s'accroît par le bonheur, et perfectionne ce qu'il admire ; il éternise ce qu'il éprouve, et divinise ce qu'il aime.
Le but de toute sagesse est le bonheur de l'âme ; on ne peut l'y conduire qu'en la maintenant dans un état de justice, de paix, et de calme, au milieu de toutes les agitations du monde et de tous les orages de la vie.
L'histoire, dont l'impartialité doit résister à l'horreur même qu'inspire la férocité, est obligée, en peignant les gouvernements les plus odieux, à ne pas plus dissimuler leurs talents que leurs crimes.
Quand la cupidité lutte contre la vertu, son succès est rarement douteux.
La conscience est un juge placé dans l'intérieur de notre être ; il éclaire assez notre âme pour la mettre à portée de distinguer le bien du mal, la vertu du vice, et la vérité de l'erreur.
Les sacrifices que la force fait à l'opinion excitent l'enthousiasme et la reconnaissance ; ceux que la crainte arrache à la faiblesse augmentent les méfiances et enlèvent la consideration.
Une mère berce notre enfance ; une maîtresse charme nos jeunes ans ; une épouse console notre vieillesse.
On ne peut se flatter de soulever une nation contente de ses lois.
Un pouvoir engagé dans la route sanglante de l'injustice ressent la crainte qu'il inspire, éprouve la haine qu'il excite : c'est une pente funeste et glissante où l'on ne peut ni s'arrêter ni reculer.
Le véritable esprit d'une république vertueuse est l'esprit de famille ; il adoucit le joug, et rend toutes chaînes légères.
Lorsque l'ambition s'empare de l'âme, elle y étouffe tout autre sentiment ; dès qu'elle parle, la nature se tait.
La différence des lois, des langages et des moeurs sépare les peuples ; l'ambition les divise ; le commerce travaille constamment à les rapprocher et à les unir.
L'autorité n'existe plus dès qu'elle a rendu l'obéissance honteuse et la révolte honorable.
Dans l'enfance tout le monde se donne à nous ; dans la jeunesse nous nous donnons aux autres ; dans la vieillesse nous nous concentrons en nous-mêmes.
La modeste est douce bienveillance est non-seulement une vertu, un devoir, un sentiment, un plaisir ; elle est encore souvent une puissance qui donne plus d'amis que la richesse, et plus de crédit que le pouvoir.
Lorsque la capitale d'un empire s'écroule, il n'est de place honorable pour le prince que la brèche ; elle doit être son trône ou son tombeau.
Chacun paraît soutenir des opinions, lorsqu'il ne songe le plus souvent qu'à défendre des intérêts : les opinions, mises en avant avec le plus de chaleur, ne sont pour la plupart du temps que les manifestes de la guerre des intérêts.
Les âmes héroïques connaissent seules les touchants égards pour les vaincus.
L'habitude des bons ou mauvais penchants commence dès la plus tendre enfance.
Toute autorité contestée et mécontente de ses limites cherche à obtenir par la crainte ce qu'elle ne peut obtenir par la loi.
Dans toute législation la gravité des maux est indiquée par la violence des remèdes ; car c'est au milieu des moeurs les plus corrompues que naissent les lois sévères.
Les hommes les plus présomptueux avant le péril sont les plus lâches après un échec.
L'amitié est un besoin pour l'âme : chacun cherche et veut des amis, tout le monde se plaint de la rareté d'un tel trésor ; et cependant l'orgueil nous éloigne de sa recherche.
Aucune passion n'aveugle autant que l'intérêt ; il empêche de voir l'évidence.
Ce n'est que par la connaissance approfondie d'un peuple qu'on trouve le secret de le vaincre, de le soumettre, et de le gouverner.
La folie de l'avare est d'immoler le présent à l'avenir.
Un homme appelé pour réformer une nation doit posséder la justice qui inspire la confiance, le talent qui persuade, la science qui éclaire, et une douceur de caractère propre à concilier les intérêts et à calmer les passions.
Dans l'extrême danger, l'extrême audace est sagesse.
La pire des tyrannies, est celle qui opprime la pensée.
On devinerait presque toutes les énigmes de la politique, si l'on voulait d'abord bien étudier les bonnes ou mauvaises qualités de ceux qui la dirigent.
Un allié trop puissant devient souvent plus redoutable qu'un ennemi.
L'état est perdu dès que les grandes agitations politiques ont pour objet non les opinions, mais les hommes, et que l'intérêt public n'y sert que de masque à l'intérêt privé.
La vaillance et la fortune suffisent pour faire des conquêtes ; mais la sagesse et la justice seules peuvent soumettre les peuples conquis.
Pour maintenir le respect du pouvoir absolu, il faut qu'il brille de l'éclat de la victoire ; et la gloire militaire est ce qui fait le plus d'illusions sur la perte de la liberté.
L'amour-propre, toujours maître des hommes, corrompt les forts par l'orgueil et les faibles par la vanité.
Le pouvoir est ombrageux par sa nature, comme la liberté est méfiante par son essence.
Le peuple est toujours épris de la gloire, même quand elle pèse sur lui.
L'âme malade est malheureuse comme le corps lorsqu'il est malsain : les passions sont les maladies de l'âme ; sa santé, c'est la raison.
Se venger de l'injustice de son pays, c'est la justifier.
Le faux amour n'est pas immortel comme le véritable ; son flambeau s'éteint avec celui du desir : nous oublions ses trompeuses douceurs, et nous ne gardons que le souvenir des chagrins cruels qu'il nous a causés.
L'un des premiers devoirs pour celui qui donne est d'oublier ce qu'il a donné, et pour celui qui a reçu de s'en souvenir et de le publier.
C'est par la violence qu'on fait les révolutions ; on ne les termine que par la modération.
Dans tout pays libre le danger commun rallie les esprits ; et la tranquillité intérieure y règne, lorsque la paix extérieure est troublée.
La tyrannie ne s'aperçoit de ses erreurs qu'au moment où elle sent le besoin de l'esprit public qu'elle a détruit.
Par-tout et dans tous les temps les lois se multiplient à mesure que les moeurs se dépravent. C'est le nombre croissant des maux qui fait sentir la nécessité des remèdes.
Tout gouvernement qui est forcé à une paix désavantageuse ne la fait que pour se reposer, panser ses blessures, réparer ses forces, et se préparer à la vengeance.
L'adversité élève les caractères qu'elle ne dégrade pas.
Les seules paix un peu durables sont les paix modérées, parce qu'elles ne laissent point de ressentiment.
En adoucissant la voix de la sagesse, et en s'occupant un peu de la rendre aimable, on parviendrait à la faire accueillir des plus fous.