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Une mère donne avec le lait à son fils la première leçon de reconnaissance.
Louis-Philippe de Ségur
Le despotisme est condamné à l'inconséquence, puisqu'il est par lui-même tout ce qu'on peut concevoir de plus opposé à la raison, à la nature, et à la justice.
La fierté résiste plus que l'orgueil. La bienfaisance, ainsi que les autres vertus, ne vieillit jamais.
Devant le tribunal de l'histoire les conquérants descendent de leurs chars de triomphe ; les tyrans n'effraient plus par leurs satellites ; les princes nous apparaissent sans leur cortège, et dépouillés de la fausse grandeur que leur prêtait la flatterie.
Le premier masque des tyrans est presque toujours populaire.
Dès qu'on délibère entre la liberté et la servitude, la honte est déjà résolue, et l'on mérite d'être esclave.
Les héros sont comme les grands fleuves ; leur source est petite, ils grandissent en marchant.
L'art de régner consiste surtout dans l'habileté des choix.
En politique, comme en architecture, la symétrie est indispensable : sans parler d'hierarchie héréditaire, il faut différents étages pour bâtir ; et, en toute construction, égaliser c'est démolir.
Les hommes disent des femmes tout ce qu'il leur plaît, les femmes font des hommes tout ce qu'elles veulent.
Dans les extrêmes périls, il n'y a souvent de remède qu'une extrême audace.
L'amour de la patrie ne connaît point d'obstacles ; partout où il existe, il opère des prodiges.
La tyrannie la plus violente sert toujours la nécessité de voiler ses noirs desseins sous des formes légales.
Celui qui suit l'esprit du siècle va vite et loin ; celui qui veut marcher dans un sens contraire est bientôt arrêté, brisé, renversé.
Toute autorité abuse de ses avantages.
Aimer est un bonheur, haïr est un tourment ; l'amour est la loi du ciel, la haine celle de l'enfer.
Les peuples, comme les hommes, conservent souvent leur vanité après avoir perdu leur fortune, leur puissance, leur courage et leur fierté.
La multitude, semblable au malade, aime toujours à changer de position dans l'espoir de se trouver mieux.
Il sentit trop tard que la légitimité d'une cause ne peut justifier la lâcheté des moyens qu'on prend pour la servir, et qu'il n'est point de lauriers que ne flétrisse une trahison.
Les tyrans redoutent les historiens, comme les brigands craignent les juges.
Une vieille amitié lie plus fortement qu'un jeune amour.
L'adversité, qui abat les coeurs faibles, grandit les âmes fortes.
Presque toutes les fautes reprochées à la tyrannie peuvent être attribuées à la servilité des victimes qui la flattent tant qu'elle les épargne, et qui ne l'accusent que lorsqu'elles en sont frappées.
Les deux seuls malheurs véritables sont la perte de l'objet qu'on aime le plus et la perte du repos de sa conscience : le ciel a chargé le temps d'adoucir l'une, et le repentir de réparer l'autre.
La classe élevée des hommes est gouvernée pat la crainte de l'opinion ; cette peur est pour elle souvent plus forte que les lois, et même plus puissante que la religion.
Dans les temps de lumière on règne par l'esprit ; mais l'audace et la force du corps commandent seules dans les temps barbares.
Souvent le courage, qui résiste avec fierté aux grands malheurs, cède aux contrariétés journalières, et succombe aux chagrins domestiques.
Les trois racines les plus communes du malheur des hommes sont l'oubli du présent, l'occupation inquiète de l'avenir, et l'ennui qui rend indifférent sur tout ce qu'on possède, tant qu'on voit d'autres hommes en avoir davantage.
L'opinion publique est un ressort faible en apparence, mais puissant en réalité, et d'autant plus redoutable que sa force ne peut jamais être calculée.
Tous les partis ardents ont une maladie d'imagination qui serait risible, si souvent elle n'était pas tragiquement dangereuse pour ceux qui les approchent.
On règne par le caractère, et non par l'esprit.
Tout pouvoir qui prend, au lieu de loi, la force pour appui, est à la fin renversé par elle.
La caducité des peuples ressemble à leur enfance ; leur faiblesse s'appuie sur des fables et des prestiges.